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15 mai 2018 2 15 /05 /mai /2018 06:52
Justice League (*** 1/2*)

Le pitch  : Convaincu qu'une invasion alien est en cours, Batman cherche à réunir une équipe de super-héros autour de lui et de faire revenir Superman à la vie.

 

On ne saura jamais ce qu'aurait été Justice League si Zack Snyder n'avait pas du quitter le film suite au décès de sa fille. Car si le réalisateur de 300 et Watchmen était la cheville ouvrière du DC Universe depuis Man of Steel, il est évident que son absence a plombé cette franchise. De même, on ne saura sans doute pas avant longtemps ce qu'il avait en tête, comment il comptait faire évoluer les personnages (rappelons que le film devait être en deux parties) et surtout est-ce qu'il avalisait toutes les tentatives d'humour dans les dialogues (certaines sont drôles, d'autres tombent à plat) dans un univers qu'il avait voulu sérieux, dur et "réaliste" dès le départ.

 

Car, et on touche là une incompréhension de la part de la critique, l'univers DC n'est pas l'univers Marvel. Tout ce que la Distinguée Concurrence a publié depuis des années met en scène des demis-dieux flottant au dessus d'une humanité devenue spectatrice de leurs affrontements. Pas de second degré (ou alors bien assumé comme dans Suicide Squad) , pas d'humour facile, pas de concession au politiquement correct. Même les relaunch de l'univers DC restent cosmétiques et ne modifient pas fondamentalement le ton sombre des comics.

 

Le problème est que DC n'est pas distribué en France comme Marvel, la plupart du travail est effectué par Urban Comics en librairie. Pas mal de journalistes en sont restés à la vision du Batman des années 60 ou du Superman optimiste de Donner. Snyder a choisi l'option post Crisis on infinite earths et a donc développé un univers où les personnages plus grand que nature évoluent dans un cadre dangereux, option déjà mise en place par Nolan pour sa trilogie Batman.

 

Man of steel donnait le ton avec son affrontement final entre Zod et Superman, un combat dantesque où les habitants de Métropolis devenaient de la chair à canon quand s'effondraient les immeubles, les deux titans ne se préoccupant pas du tout des dommages collatéraux.

 

Batman Vs Superman poursuivaient dans cette voie, avec un Batman , certes manipulé par Luthor, mais enclin à la violence et prêt à tout pour écarter la "menace" venue de Krypton. Suicide Squad introduisait un brin d'humour, mais au final, les vilains de chez DC n'en restaient pas moins des gens dangereux, peu enclins à la rigolade et dont la "rédemption" ne trompait personne. 

 

Finalement, seul Wonder Woman présentait une vision plus optimiste de DC, mais Snyder, supervisant toujours, plaçait délibérément Diana en pleine première guerre mondiale, afin d'expliquer la misanthropie affichée dans BvS.

 

Cette longue introduction passée, qu'est ce qui pèche dans Justice League ?

 

Deux grands défauts , en fait. Le premier est d'avoir voulu introduire 3 nouveaux personnages (Aquaman, Cyborg, Flash) que l'on a juste vu par fragments dans BvS et Suicide Squad. Là, où Marvel avait présenté tous les Avengers dans leur propre film (sauf  la Veuve Noire, apparue dans Iron Man 2), Warner/DC s'est précipité pour créer son film crossover. Il manque un chainon, un long métrage qui aurait pu amener les origines d'au moins un des personnages. Il aurait également fallu introduire un autre dans Wonder Woman, Aquaman par exemple puisque Amazones et Atlantes se connaissent. Cette invasion de nouveaux personnages, plutôt réussis, se fait qui plus est dans un film bien trop court (1h50 sans le générique) et ils sont forcément réduits à des silhouettes , Aquaman étant le personnage le plus sacrifié. C'est d'ailleurs dommage que la relaunch de DC en 2012 (dont j'ai déjà parlé dans mes articles sur les meilleurs séries récentes) avaient totalement redéfini le personnage et en avait fait autre chose qu'un type "qui parle aux poissons".

 

L'autre est les coupes évidentes qu'a subi le métrage et qui entraînent bien des frustrations. Pourquoi Batman est-il convaincu d'une invasion imminente en affrontant juste un paradémon ? Quid de la résurrection de Superman (toute l'organisation du plan passe à l'as) ? que désire vraiment Steppenwolf ? Pourquoi évoque-t-il Darkseid (le méchant ultime du Relaunch de 2012) ? 

 

Alors s'il n'est pas évident de voir quelles scènes ont été ajoutés ou retournées par Josh Whedon , il est cependant clair que JL manque de liant et accumule les raccourcis scénaristiques énormes. Au départ, Snyder envisageait 2 films qui devaient sortir à un an d'intervalle, ce qui aurait donné une fresque de plus de 4 heures et qui aurait permis justement de présenter les personnages, les enjeux, d'établir un climax et un cliffhanger dignes de ce nom.

 

Or, pour des raisons stupides, suite au départ du réalisateur, la Warner a décidé de refaire toutes les erreurs qu'elle avait commis sur la franchise Batman à partir du 3e : multiplier les personnages, privilégier l'action sur la réflexion, faire des coupes sombres dans l'histoire et agir dans la précipitation. L'édifice mis en place depuis 2013 s'écroule donc et bien malin est celui qui sait comment va évoluer le DC univers. Et même si la scène post-générique donne une indication de ce que serait un Justice League 2, on reste dubitatif sur la façon dont le studio a quasiment mis par terre sa franchise.

 

Enfin, on regrettera la façon dont l'arsenal de Batman est mal mis en avant. Le "transport de troupes" , qui avait été superbement analysé dans SFX et les design de Patrick Tatopoolos sont très mal exploités. Dommage vraiment quand on sait le travail énorme qu'a effectué le Français sur la franchise.

 

Cependant, Justice League, malgré ses défauts, est loin d'être un film raté. La première partie qui voit Batman rechercher des alliés et sa culpabilité dans la mort de Batman sont franchement à la hauteur des Comics. Le film prend son temps, expose les enjeux et créé même du lien avec la trilogie de Nolan, notamment à travers les dialogues. Le spectateur est certes invité à combler quelques trous (ainsi, on apprend que cela fait 20 ans que Batman fait la loi à Gotham, comme on avait compris dans BvS et Suicide Squad le rôle du Joker dans la mort de Robin), mais celui qui connaît un peu le comics n'est pas perdu.

 

Les confrontations avec Steppenwolf sont également à la hauteur, même si ce méchant manque de charisme. Le flashback de son premier affrontement sur Terre est absolument hallucinant (la présence du corps des Green Lantern donne vraiment le frisson) et donne vraiment à regretter le fait que Snyder ait du quitter le navire. Car si tout le film avait été à la hauteur de ce premier acte, on se serait pris une sacrée claque.

 

Retenons également les scènes où le pouvoir de Flash se manifeste, avec de somptueux ralentis. Bien sur, l'inspiration vient du Vif Argent de Days of future past, mais il n'empêche : la façon dont il va redonner son épée à Diana est un grand moment du film.

 

Les nouveaux personnages, même esquissés, sont réussis. Cyborg reprend le design du comics, ce qui n'était pas chose aisée. Flash apporte une touche de légèreté bienvenue (son admiration envers Batman/Bruce Wyane) et son évolution est intéressante, passant du fan transi au héros qui n'hésitera pas à risquer sa vie pour aider les autres. Enfin, le passage où Bruce Wayne estime que Clark Kent est plus humain que lui car il a fait le choix de vivre comme un homme malgré son immense pouvoir est , à mon sens , le sommet du métrage. 

 

Justice League est donc un "film malade". Malade de ses compromis , malade d'avoir cédé aux  sirènes de la critique (mis plus bas que terre, BvS et Suicide Squad ont tout de même trouvé leur public) en voulant adoucir l'image de la franchise pour, au final, échouer au box office (les résultats finaux sont 100 millions en deçà de BvS, SS , 200 de WW et 70 de Man of Steel - Quand au monde, avec 657 millions, JL fait moins encore que Man of Steel, pour un coût bien supérieur).

 

Mais en l'état, il reste un film distrayant , techniquement bien fichu (on tiquera quand même sur l'aspect final de Steppenwolf, dont le rendu fait un peu trop jeu vidéo) et qui permet de poser quelques jalons pour le futur, un futur qui commencera en décembre prochain avec le film sur Aquaman et en mai 2019 avec Shazam.

 

Le fan DC ne pourra cependant que regretter, une fois de plus, le concours de circonstances qui a amené Warner à saboter le travail mis en place depuis 5 ans, tout en espérant que le studio va (enfin) apprendre de ses erreurs.

 

 

 

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