Le pitch : heu...vous vivez dans une grotte depuis 25 ans ?
Troisième remake live de cette année, après le fabuleux Dumbo et Aladdin (que je n'ai pas vu), Le roi Lion était sans doute un projet bien casse gueule ! D'ailleurs, il s'en est pris plein la tronche et ce dès l'annonce de sa mise en chantier. Refaire un dessin animé qui fut en son temps, le plus gros succès de tous les temps en animation (et en dollars non actualisés !) était un pari risqué. D'autant plus que Jon Favreau promettait des animaux réalistes et non pas anthropomorphiques. Exit donc les pyramides d'animaux de la savane sur la chanson "Je voulais déjà être roi" ou les grimaces des hyènes. Même Timon n'offre plus Pumba en plateau comme appât.
Mais au final, sans être au niveau exceptionnel de Dumbo, Le roi Lion est le digne remake de son aîné. Hé oui, un remake fait avec la technologie de 2019. Hollywood a toujours procédé ainsi. Ben Hur, par exemple, avait fait l'objet d'un film muet et N&B en 1925. William Wyler faisait partie des assistants réalisateurs. 34 ans plus tard, ce même Wyler fera "son" Ben Hur en utilisant les techniques de 1959 : la couleur, le cinémascope, le son, les effets visuels haut de gamme. Même Hitchcock a remaké certains de ses films. Donc, pourquoi Disney n'aurait pas le droit de refaire son film ?
Passons donc ces considérations bassement mercantiles (on se doute bien que la firme ne refait pas ses films juste pour le plaisir d'en donner une version améliorée...) et intéressons nous au métrage proprement dit.
Si je mets 4 étoiles, c'est parce que, de mon point de vue , il est réussi. D'une part, il parvient à restituer l'émotion de l'original (la mort de Mufasa est toujours aussi poignante) et d'autre part, il ancre l'histoire dans notre XXIe siècle (la participation des lionnes au combat final. il est vrai que l'original avait été qualifié de sexiste voire de véhiculer des valeurs de droite). Alors, passé le choc de voir des animaux photoréalistes parler , on se laisse à nouveau happer par le destin de Simba, lionceau trop pressé de devenir l'égal de son père et qui contribuera finalement à sa chute, manipulé par son oncle. Les chansons sont les mêmes et, comme en 1994, elles rythment l'histoire de manière toujours aussi astucieuses. A la différence de celles de La belle et la Bête, qui faisaient avancer l'histoire, celles du Roi Lion donnent surtout un éclairage sur les sentiments des personnages : l'impatience de Simba, la nonchalance de Timon et Pumba, l'amour naissant entre Simba et Lana. Seule manque à l'appel le "Soyez prêtes", qui voyaient Skar et les Hyènes danser dans de la lave. Sans doute impossible à faire sans que les animaux 3D ne ressemblent pas à n'importe quoi..
J'ai pas mal lu que le film recopiait plan par plan le dessin animé. En fait, si la scène d'ouverture est quasiment la même, il y a pas mal de différences tout au long du film. La mise en scène d'un dessin animé est différente d'un live et l'aspect "réaliste" interdit tout gag cartoon. Qui plus est, le rythme est souvent différent, les scènes rallongées, certains dialogues modifiés... On est loin d'une copie plan par plan. Ayant vu le film original un nombre incalculable de fois quand mes enfants étaient petits (mon ainée est née l'année de la sortie du film), je pense vraiment que cette version se différentie du point de vue de sa mise en scène.
Bien entendu, l'histoire reste la même , à la différence de Dumbo qui prolongeait le destin de l'éléphanteau et seules quelques nuances (le voyage des poils de Simba par exemple) sauteront aux yeux. Mais là aussi, Disney allait-il prendre le risque de modifier une histoire que tout le monde connaît et apprécie ?
D'un point de vue bêtement technique, Favreau fait encore plus fort que Le livre de la jungle. Mêlant véritables images d'Afrique à ses décors 3D, incluant de manière hallucinante toutes ses créatures CGI, le réalisateur offre donc à une nouvelle génération sa propre version de l'histoire . Et le triomphe mondial du film montre bien que le public voulait voir à nouveau Le roi Lion, comme il l'avait revu la ressortie en 3D du dessin animé.
Bien entendu, c'est à vous de faire votre propre avis et de ne pas oublier que le dessin animé fut très critiqué à son époque (sexisme, comme je l'ai dit, accusations de plagiat envers Le roi Léo, un animé japonais, racisme...). La version 2019 ne pouvait donc pas laisser indifférente la critique, même si la puissance des réseaux sociaux amplifient tout.
Pour ma part, j'ai pris un immense plaisir à revoir le film en famille et je me suis surpris à chanter Hakuna Matata en même temps que la chanson se déroulait à l'écran. Preuve qu'il est est que Le roi Lion est vraiment rentré dans la mémoire collective.