28 janvier 2008
1
28
/01
/janvier
/2008
07:08
Nouvelle catégorie qui entend analyser l'oeuvre de John Carpenter. Je commence par son film le plus "faible".
Le pitch : Arnie, un jeune homme, souffre douleur de ses camarades, tombe « amoureux » de Christine, une voiture de 1958. Mais la Plymouth n’est pas un véhicule ordinaire. Après avoir été vandalisée par des voyous, elle va se « venger » de ses tortionnaires. Mais surtout, elle va se reconstruire après chaque « accident ». Cette dérive va éloigner Arnie de la réalité et de ses amis, Dennis et Leigh.
Christine est le seul film que Carpenter a réalisé sur commande, afin d’échapper au chômage qui le guettait depuis le bide retentissant de The Thing. Sans aucune surprise, c’est son film le moins personnel. Mais ce n’est pas une raison pour le bouder. Explications !!
(Pour écrire cet article, j’ai dû relire le roman. Qu’est ce qu’on ne chercherait pas comme excuse pour s’enfiler un super bouquin de Stephen King)
En fait, Carpenter a commis plusieurs erreurs dans ce film. Honnête, il les reconnaît lui-même. La première, c’est de s’être trop éloigné du film, notamment de ses aspects les plus fantastiques. Dans le roman, Christine n’est pas le seul élément surnaturel. En fait, son propriétaire, Roland Le Bay meurt après avoir vendu la voiture, mais son esprit va revenir. C’est lui qui conduit Christine dans ses expéditions meurtrières. Mais c’est aussi lui qui va investir, petit à petit, le corps et l’âme d’Arnie. De ceci, seul reste dans le film la comparaison des deux signatures qu’il fait sur le plâtre de Dennis. Carpenter avait estimé que montrer un corps en décomposition dans la voiture serait considéré comme un copiage du Loup Garou de Londres, où apparaissait un personnage similaire. Exit donc les aspects les plus barges du roman : Christine devient une voiture maléfique, rien de plus. Vous me direz, c’est déjà pas mal.
Autre erreur, une fin expédiée. Et la vision des 20 scènes coupées du DVD ne modifie pas l’affaire. Après 1h25 de métrage et d’exposition, entrecoupées d’excellentes scènes d’actions et de meurtre par voiture interposée, Dennis décide, quasiment d’un coup, de se débarrasser du véhicule d’Arnie avec Leigh. La transition est abrupte : on le voit graver un rendez-vous sur le capot de Christine. Dans le livre, toute cette partie est bien plus longue, et surtout, surtout, Arnie n’est pas présent avec Christine : il se tue avec sa mère à des kilomètres de là dans un accident de la route. En réintroduisant Arnie dans la voiture, Carpenter ruine quasiment tout l’aspect fantastique car le spectateur se dit que, finalement, c’est lui qui conduisait la voiture. Christine devient alors juste une voiture qui se répare toute seule !!
Enfin, la dernière scène est bâclée : Dennis et Leigh sont à côté de Jerkins, le policier qui enquête sur les meurtres étranges qui ont touché ceux qui ont vandalisé Christine. Certes, par le dialogue, on sait qu’ils se sont rencontrés mais c’est la première fois qu’on les voit à l’image. Dans le roman, Jerkins est d’ailleurs tué par Christine. Mais le pire est à venir car, on aperçoit Christine sous forme de cube concassé quand on entend un air R’N’Roll. On pense que la voiture n’est pas morte mais en fait, c’est un employé qui passe avec sa radio. Bof, bof, bof !! D’autant que le dernier plan nous montre un élément de la voiture qui se redresse, annonçant peu finement une séquelle (qui ne viendra jamais, Dieu merci). Dans le roman, Dennis croit comprendre que Christine et Le Bay sont toujours vivants, mais des années plus tard !!
Que reste-t-il de Christine aujourd’hui , alors ?
Déjà, un film de Carpenter, même moyen , reste toujours un film au-dessus d’une moyenne. Car Carpenter est un vrai fan de fantastique. Christine contient pas mal de scènes purement carpentiennes, par leur musique (la destruction de Christine par les voyous, les scènes de poursuites, la tentative de meurtre de Leigh par la voiture…) . Sans surprise, ce sont celles qui collent le plus au roman.
L’exposition aussi est fantastique. Carpenter , dans la première moitié du film , parvient à faire à faire exister ses personnages, les rend crédibles , même s’il enlève une partie des relations entre chacun (bien plus étoffées dans le livre, comme la complicité grandissante entre Arnie et Will, le garagiste).
Enfin, le tempo ne faiblit jamais. Avec un montage d’une très grande clarté, à grands coups de plans séquences incroyablement virtuoses (la marque des tout premiers Carpenter, en gros jusqu’à They Lives) , le film n’ennuie jamais même s’il ne provoque pas la peur espérée.
Avec Christine, John Carpenter n’a pas réalisé son meilleur film, mais cette œuvre de commande contient suffisamment de lui pour être considéré comme faisant réellement partie de sa filmographie.
D’autant que le gentil succès du film (21 millions en 83, pour 1000 cinémas, ce n’était pas si mal) lui permirent de faire successivement Starman et Jack Burton.
Le pitch : Arnie, un jeune homme, souffre douleur de ses camarades, tombe « amoureux » de Christine, une voiture de 1958. Mais la Plymouth n’est pas un véhicule ordinaire. Après avoir été vandalisée par des voyous, elle va se « venger » de ses tortionnaires. Mais surtout, elle va se reconstruire après chaque « accident ». Cette dérive va éloigner Arnie de la réalité et de ses amis, Dennis et Leigh.
Christine est le seul film que Carpenter a réalisé sur commande, afin d’échapper au chômage qui le guettait depuis le bide retentissant de The Thing. Sans aucune surprise, c’est son film le moins personnel. Mais ce n’est pas une raison pour le bouder. Explications !!
(Pour écrire cet article, j’ai dû relire le roman. Qu’est ce qu’on ne chercherait pas comme excuse pour s’enfiler un super bouquin de Stephen King)
En fait, Carpenter a commis plusieurs erreurs dans ce film. Honnête, il les reconnaît lui-même. La première, c’est de s’être trop éloigné du film, notamment de ses aspects les plus fantastiques. Dans le roman, Christine n’est pas le seul élément surnaturel. En fait, son propriétaire, Roland Le Bay meurt après avoir vendu la voiture, mais son esprit va revenir. C’est lui qui conduit Christine dans ses expéditions meurtrières. Mais c’est aussi lui qui va investir, petit à petit, le corps et l’âme d’Arnie. De ceci, seul reste dans le film la comparaison des deux signatures qu’il fait sur le plâtre de Dennis. Carpenter avait estimé que montrer un corps en décomposition dans la voiture serait considéré comme un copiage du Loup Garou de Londres, où apparaissait un personnage similaire. Exit donc les aspects les plus barges du roman : Christine devient une voiture maléfique, rien de plus. Vous me direz, c’est déjà pas mal.
Autre erreur, une fin expédiée. Et la vision des 20 scènes coupées du DVD ne modifie pas l’affaire. Après 1h25 de métrage et d’exposition, entrecoupées d’excellentes scènes d’actions et de meurtre par voiture interposée, Dennis décide, quasiment d’un coup, de se débarrasser du véhicule d’Arnie avec Leigh. La transition est abrupte : on le voit graver un rendez-vous sur le capot de Christine. Dans le livre, toute cette partie est bien plus longue, et surtout, surtout, Arnie n’est pas présent avec Christine : il se tue avec sa mère à des kilomètres de là dans un accident de la route. En réintroduisant Arnie dans la voiture, Carpenter ruine quasiment tout l’aspect fantastique car le spectateur se dit que, finalement, c’est lui qui conduisait la voiture. Christine devient alors juste une voiture qui se répare toute seule !!
Enfin, la dernière scène est bâclée : Dennis et Leigh sont à côté de Jerkins, le policier qui enquête sur les meurtres étranges qui ont touché ceux qui ont vandalisé Christine. Certes, par le dialogue, on sait qu’ils se sont rencontrés mais c’est la première fois qu’on les voit à l’image. Dans le roman, Jerkins est d’ailleurs tué par Christine. Mais le pire est à venir car, on aperçoit Christine sous forme de cube concassé quand on entend un air R’N’Roll. On pense que la voiture n’est pas morte mais en fait, c’est un employé qui passe avec sa radio. Bof, bof, bof !! D’autant que le dernier plan nous montre un élément de la voiture qui se redresse, annonçant peu finement une séquelle (qui ne viendra jamais, Dieu merci). Dans le roman, Dennis croit comprendre que Christine et Le Bay sont toujours vivants, mais des années plus tard !!
Que reste-t-il de Christine aujourd’hui , alors ?
Déjà, un film de Carpenter, même moyen , reste toujours un film au-dessus d’une moyenne. Car Carpenter est un vrai fan de fantastique. Christine contient pas mal de scènes purement carpentiennes, par leur musique (la destruction de Christine par les voyous, les scènes de poursuites, la tentative de meurtre de Leigh par la voiture…) . Sans surprise, ce sont celles qui collent le plus au roman.
L’exposition aussi est fantastique. Carpenter , dans la première moitié du film , parvient à faire à faire exister ses personnages, les rend crédibles , même s’il enlève une partie des relations entre chacun (bien plus étoffées dans le livre, comme la complicité grandissante entre Arnie et Will, le garagiste).
Enfin, le tempo ne faiblit jamais. Avec un montage d’une très grande clarté, à grands coups de plans séquences incroyablement virtuoses (la marque des tout premiers Carpenter, en gros jusqu’à They Lives) , le film n’ennuie jamais même s’il ne provoque pas la peur espérée.
Avec Christine, John Carpenter n’a pas réalisé son meilleur film, mais cette œuvre de commande contient suffisamment de lui pour être considéré comme faisant réellement partie de sa filmographie.
D’autant que le gentil succès du film (21 millions en 83, pour 1000 cinémas, ce n’était pas si mal) lui permirent de faire successivement Starman et Jack Burton.