Quantum of Solace (***)

Le pitch : déterminé à venger la mort de Vesper, Bond débusque une organisation criminelle quasi occulte qui va l’amener à faire équipe avec une jeune femme éprise aussi de vengeance.

Disons le tout de suite, si vous espériez que Quantum of Solace soit meilleur que Casino Royale, vous vous trompez. Enfin, selon mon avis.

Le premier film de Bond avec Daniel Craig était une splendeur qui redéfinissait le personnage, le rendait plus dangereux, plus brutal, moins glamour. Point de gadget, de conquête féminine par paquet de 12 ou de climax délirant, Casino Royale revenait aux bases du phénomène initié en 1962 avec Docteur NO.
Mais derrière cette unanimité se cachait un petit détail, peu gênant mais présent tout de même : l’influence manifeste de La mémoire et la Mort dans la peau. Passons sur l’éviction peu élégante de Pierce Brosnan (qui a dû pleurer de rage en voyant que le film allait dans le sens qu’il demandait depuis pas mal de temps) à l’époque, les critiques avaient estimé que Jason Bourne avait rendu Bond plus humain.

Pour Quantum of, Solace, Bond est Bourne. Le film aligne donc poursuites à pied, combats mains nues, cascades réalistes et met Bond dans la peau d’un homme lâché par son service, en quête de vengeance et passant d’un  pays à un autre. Cela ne vous rappelle rien ? A force de vouloir enlever tout ce qui a fait Bond (les gadgets, les phrases style My name is Bond, le glamour), on passe dans un autre univers.

Si l’influence était légère sur Casino, elle devient ici bien plus flagrante. Ce n’est pas un mal en soi, mais Bond plonge de trois décennies en arrière, quand il surfait sur les modes au lieu des les initier. On se souvient tous du Bond sauce Kung Fu ou du Bond sauce Star Wars.

Certes, Quantum of Solace est un film prenant, haletant, ne laissant que peu de répit et avec un Daniel Craig impérial. Durant plus de 1h40, on en prend plein les mirettes et l’on apprécie de retrouver un 007 cynique et dangereux, surtout pour ses adversaires. Mais le scénario se complexifie pour pas grand-chose, perdant parfois le spectateur (comment le cadavre de Mathis se retrouve dans la voiture ?) et accumulant quelques facilités qui laissent pantoises (la scène de l’avion, la découverte du plan de Green à propos de l’eau). Ce qui ne posait pas de problèmes avec Brosnan , car on savait que ces Bond étaient des BD à gros  budgets, devient plus gênant quand on nous parle de réalisme.

Deux gros écueils donc : un scénario faiblard mais qui tente de compenser par une complexité inutile (le lien avec Casino Royale est plus que ténu et tient de l’argument marketing, à mon avis) et l’influence trop voyante d’une saga parfaite de bout en bout.

Maintenant, n’allez pas croire que ce nouveau Bond soit mauvais, loin de là. En fait, Quantum of Solace est un bon épisode de la saga, mais pas le nouveau sommet qu’on nous a vendu depuis des mois. Mathieu Almaric est franchement époustouflant en méchant à la fois odieux mais lâche et la James Bond Girl n’est pas une potiche, loin de là. On appréciera le clin d’œil à Goldfinger dans la mort très graphique d’un personnage féminin, les scènes dans l’hôtel en feu sont absolument démentielles et le désir de coller à l’actualité enracine le film dans un terreau plus humain que la période Brosnan.

Sans doute, j’espérais trop de Quantum of Solace, et une nouvelle vision sera nécessaire pour peut être mieux l’apprécier. Mais pour la première fois depuis bien longtemps, je suis ressorti quelque peu déçu d’une salle. C’est rare et c’est frustrant

Comments

[David]

Bon, avec 170 millions en caisse en deux semaines, le pari est gagné !!

[david Martin]

Oui, mais Cameron recréé tout un univers et même là, on en aura à l'écran.

Cela dit, c'est un peu indécent cette débauche de moyen.

[Sid 280]

Attends, t'as pas vu le prochain Cameron....

[david Martin]

Ce qui me gène aussi, c'est le coût du film. On parle de plus de 230 millions de dollars . Je trouve cela délirant que l'on dépense autant d'argent pour ce qui n'est qu'un film.

[Sid 280]

Pareil, je vais aller le revoir, mais c'est nettement moins réussit que "Casino Royale".