Le pitch : un regard croisé sur des accouchements qui ont lieu en même temps sur toute la planète, lors d’une éclipse totale.
Gille de Maistre avait déjà réalisé pour la télévision l’hôpital des enfants, un reportage magistral sans aucun voyeurisme. Il récidive donc avec ce Premier cri, où, sans juger , donne un aperçu de la naissance à travers toutes les cultures que compte notre monde.
Du désert saharien à une communauté baba cool canadienne, des bidonvilles de l’Inde aux riches villas mexicaines, d’une gigantesque maternité vietnamienne au cadre plus intimiste d’une maternité française, de l’Afrique à la Sibérie, la caméra, jamais inquisitrice, filme les bonheurs et les malheurs des naissances .
Ceux qui ont vu dans ce film une sorte de plaidoyer du refus de la technologie n’ont rien compris : Gilles de Maistre ne juge jamais et c’est à nous de trouver ridicule ou magnifique les décisions prises par certaines de ces femmes. On peut trouver vraiment idiote ce médecin qui fait accoucher les femmes en compagnie de dauphins. Ou , au contraire, y voir un exemple de relation parfaite entre notre monde et le monde animal. On peut voir du courage chez cette canadienne qui exclut toute technologie pour l’aider à mettre son enfant au monde ou y voir de l’inconscience.
On peut être choqué par la disproportion de moyens dont bénéficient certaines femmes par rapport à d’autres : on sait que si cette femme touareg avait accouché dans une maternité, son enfant aurait eu bien plus de chance de survie. Mais la force du film est de montrer, pas de dénoncer, pas de juger. On est bien loin du témoignage à charge dont s’arrogent certains réalisateurs.
La naissance est un moment intime, un moment qui n’appartient qu’à la mère et à son enfant. Ici, le but est de montrer la diversité des naissances, le bonheur, la souffrance, les peines (cette femme de Bombay, désespérée d’avoir de nouveau une fille), les aspects parfois risibles de certaines réactions. Mais au final, c’est la vie que l’on voit sous nos yeux.
Filmé avec une pudeur rare, Le premier cri n’est pas un reportage, c’est bel et bien une ode à la vie, à la naissance et à la femme. Les hommes ne sont ici que spectateurs, si l’on exclut le médecin vietnamien, et la force qui se dégage des images, même les plus tristes, exclut tout voyeurisme.
Passé un peu inaperçu en salle, Le premier cri bénéficie d’une édition DVD tout à fait acceptable, avec un excellent making of.