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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:27

edwood.jpgLe pitch : une évocation des début dans le cinéma d’Edgard Wood Jr, sacré « Plus mauvais cinéaste de l’histoire », mais pourtant habité par un feu sacré que seuls les vrais créateurs connaissent !

 

Ed Wood est l’un des sommets de la carrière de Tim Burton et c’est à mes yeux son plus beau film, un hommage extraordinaire à un lointain ancêtre interprété de manière magistrale par un Johnny Depp au sommet de son art ! Sublimé par un noir et blanc extraordinaire, le film décrit un Hollywood de l’âge d’or, mais via le regard de ses marginaux : un acteur sur le déclin, un extralucide excentrique, une présentatrice black listée, des apprentis comédiens dont le talent est inversement proportionnel à leur dévouement à Wood, un catcheur pas très futé… Tout ce petit monde gravite autour d’un homme persuadé d’être que ses films sont de grands films et qui ne voit pas leurs nombreux défauts.

 

La force de Ed Wood est de dépasser le simple biopic et de décrire une amitié entre un très vieil homme et un jeune réalisateur. Alors que tout pourrait les opposer, leur amour du cinéma les réunit. Et même si le film ne fait pas l’impasse sur l’aspect « financier » de cette collaboration, rapidement il est clair que Bela Lugosi et Ed Wood vont devenir de véritables amis et que les derniers films que l’acteur hongrois tournera, toute série Z qu’ils soient, seront ses dernières joies sur Terre. La scène de l’enterrement le montre bien : à la fin, il n’y aura plus que la bande à Ed pour l’accompagner.

 

En tournant en noir&blanc, Tim Burton veut rendre hommage aux films du vrai Ed Wood vu que c’est dans ce médium qu’il les tourna. De même, les nombreuses scènes télévisuelles, en noir&blanc dans les années 50, auraient été détonantes si le film avait été tourné en couleur. Enfin, Bela Lugosi n’a jamais été filmé en couleur. Cela permet aussi de prendre la mesure du décalage temporel avec une époque proche, mais très éloignée de nos sociétés actuelles. Après tout, Steven Spielberg avait fait le même constat pour La liste de Schindler, ces souvenirs des années 40 étant en noir&blanc. Et comme le travail sur les contrastes est magnifique, le film s’en trouve sublimé.

 

Mais pour réussir un film, au-delà de la technique, il faut des acteurs. Et des bons ! Johnny Depp retrouve ici son réalisateur d’Edward aux mains d’argents et il est merveilleux dans ce rôle décalé, forcément un peu paumé et convaincu de son talent. Burton lui offre d’ailleurs une merveilleuse scène, inventée, où, furieux que le tournage de Plan 9 from Outer Space ne se déroule pas ses vœux, il se rend dans un bar et y rencontre son idole de toujours Orson Wells ! Le cinéaste n’occulte pas ses rapports complexes avec les femmes, son goût pour le travestissement ou les innombrables défauts de ses films, mais jamais il ne se moque de son personnage. Ce qui aurait pu tourner à la grosse farce avec un réalisateur moins sensible aux marginaux que Burton devient ici une vraie leçon d’amitié à travers les années, Burton se permettant même d’enjoliver le récit en offrant à Wood une première triomphale pour Plan 9 et en « améliorant » les effets visuels des films originaux.

 

Mais si grande soit la performance de Depp et des autres acteurs, Lisa Marie en tête dans un rôle plutôt ingrat finalement, c’est bien entendu Martin Landau qui éblouit le film. Maquillage aidant, il est véritablement Bela Lugosi, un être qui sait qu’il fut un grand acteur et qui ne comprend pas l’injustice dont il fut victime à l’arrivée du parlant. Vouant une haine féroce à Boris Karloff, Lugosi va donc revivre à partir de sa rencontre avec Ed Wood. Et l’osmose entre les deux acteurs est fantastique à voir, sans doute aussi fantastique que ce que vécurent les vrais personnages.Mention aussi à Patricia Arquette, à la fois fragile et compréhensive...

 

Tim Burton signe ici un film très personnel, touchant, drôle et pose la question du talent et de la passion. Est-ce que les deux sont vraiment indissociables ? Un cinéaste plein de talent est-il meilleur qu’un passionné ? Et si Ed Wood avait rencontré d’autres personnes, ne serait-il pas devenu un autre réalisateur. Nul autre que Burton sait que la chance est aussi une partie intégrante de ce métier. C’est le comique Pee-Wee qui lui a mis le pied à l’étrier. C’est le choix de la Warner pour qu’il fasse le premier Batman qui l’a rendu célèbre.

 

Après tout, Ed Wood ne raconte qu’une histoire simple, celle d’un homme qui voulait juste faire du cinéma. En signant cette « petite » histoire, Tim Burton nous offre un vrai chef d’œuvre.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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