Le pitch : alors qu’il porte secours à un alien qui s’est écrasé sur Terre, un pilote d’essai un peu trop fougueux se voit confier un anneau lui conférant un pouvoir prodigieux.
Dans l’univers DC, Green Lantern est un personnage phare, même si nettement moins connu dans nos régions que Superman, Batman ou Wonder Woman. Et c’est sans doute ce sentiment (injuste) d’avoir en face de nous un héros « mineur » qui explique la tenue à peine moyenne du film au box-office international (seulement 103 millions, à ajouter au 116 glanés aux USA. Embêtant quand on a dépensé 200 millions pour mettre à l’écran les pouvoirs de ce corps de justiciers galactiques !
Martin Campbell revenait à une très grosse production bourrée d’effets visuels après le plus terre-à-terre Edge of Darkness, avec Mel Gibson. Les grosses machines, il connaît. Après tout, il a relancé deux fois la série des James Bond avec Goldeneye en 95 puis Casino Royal en 2006. Il a aussi remis à la mode le personnage de Zorro en 1999. Bref, Campbell connaît la musique et les défis qui vont avec. Mais avec Green Lantern, il s’attaquait à tout autre chose.
Je l’ai dit, la notoriété faible en dehors des USA. Pourtant, Green Lantern est apparu en 1940 en Amérique et a très vite intégré la Ligue de Justice, super équipe de super héros et qui inspira Marvel pour la création des Avengers dans les années 60. Mais, le personnage a été peu exploité en Europe.
De plus, son pouvoir ne joue pas forcément en sa faveur. Comme Superman, il vole et possède des talents surhumains (sans attendre évidemment la toute puissance de l’homme d’acier), mais c’est surtout son anneau qui fait le Green Lantern, un anneau qui permet de créer n’importe quoi à partir d’une énergie verte, source du pouvoir du corps galactique. Or, et c’est là que le bât blesse, ce type de pouvoir a du mal à passer la rampe du réel. Et même si Campbell a bénéficié d’effets visuels extraordinaires, on a parfois du mal à sentir la puissance du héros.
L’autre écueil du film vient de son histoire : elle est à la fois lente (le film met une bonne heure à démarrer, le temps de mettre en place tout l’univers des Green Lantern) et frustrante de rapidité (les bad guys du film, à la puissance infinie, sont expédiés en quelques scènes). En fait, les scénaristes ont voulu trop en mettre : le traumatisme originel de Hal Jordan, l’univers galactique des Green Lanterne, la naissance de Parallax (le méchant ultime qui se nourrit de vos peurs), la transmission de l’anneau par Abin Sur (joué par Temuera Morrison, le Jango Fett et tous les clones des épisodes II&III) à Jordan, la contamination d’Hector (le rival malheureux de Jordan) par Parallax et bien entendu les deux combats finaux, sans compter la découverte de ses pouvoirs par Jordan. Là où il y avait matière à plusieurs films, les scénaristes ont voulu tout condenser en 1H50 ! C’est bien trop peu et cette accumulation finit par étourdir le spectateur.
Et ceci est bien dommage, car, Green Lantern est un bon film, qui fait honneur au matériel d’origine. Campbell parvient à mettre en place un univers cohérent et bien aidé par ses acteurs (Ryan Reynolds est excellent et fait évoluer son personnage de la tête brûlée à un être responsable du pouvoir qu’on lui a offert), il signe un divertissement haut de gamme, techniquement parfait (les scènes de vol valent largement celles de Superman Returns) et hautement spectaculaire. Mieux encore, il parvient à éviter l’écueil du kitch, notamment dans sa description de la planète des Green Lanterns ou des gardiens par une parfaite intégration des éléments extra-terrestres de l’univers du comics. Dommage, je le répète, que ce travail formidable semble si superficiel égard à la courte durée des différents actes du film. L’histoire aurait gagné à se concentrer sur la transmission du pouvoir et la lutte contre Parallax, quitte à intégrer la planète des Green Lanterns dans une séquelle !
Le film a coûté cher, mais les dollars sont à l’écran. La scène où Parallax attaque une foule en panique vaut bien celles de La guerre des mondes version Spielberg. Dommage, là aussi, que le film ne s’attarde pas sur le traumatisme de cette attaque. De même, la première apparition publique de Hal Jordan est extraordinairement orchestrée, mais bien trop courte. Et surtout, elle ne semble pas étonner le public présent. On est loin des 10 minutes où le Superman de Donner apparaît enfin à Métropolis, mythifiant la ville et éblouissant les foules. Mais Superman avait pour lui le privilège de la durée…
Globalement, Martin Campbell a réussi son pari : il donne vie à un héros peu connu et offre aux spectateurs un long-métrage de très haute tenue,
toujours sur le fil du rasoir. Il aurait fallu peu pour qu’il bascule dans le Z. Mais le travail de toute une équipe, l’implication des acteurs et de merveilleux effets visuels le tirent toujours
vers le haut. Le soucis est qu'on va aussi comparer Green Lantern à d'autres films récents. Et en 2011, le public eut droit à X-Men Origins, Thor, Captain America... Et la comparaison va plutôt
en faveur des héros Marvel sur cette année là !
Les toutes dernières images du film appellent forcément une séquelle. Espérons qu’elle se fera bien et qu’elle explorera plus en détail l’univers de ce héros, prenant son temps d’en offrir tous les aspects.