Le pitch : une équipe d'astronautes se rend sur une lointaine planète afin de comprendre la signification d'un étrange message retrouvé un peu partout sur Terre.
Enfin !! Après 30 ans, Ridley Scott revient au genre qui l'a rendue mondialement célèbre à savoir la SF !! 30 ans après Blade Runner, 33 ans après Alien, le metteur en scène le plus doué de sa génération et, incontestablement, l'un des phares du cinéma actuel a décidé de replanter ses caméras (3D !!) dans notre futur. Le film était attendu, intriguait, faisait miroiter des merveilles. Et à l'arrivée, il récompense le spectateur de toute cette attente, ces espoirs. Et même s'il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponse, même s'il n'est pas la préquelle espérée à Alien, même s'il s'encombre de trop de personnage, Prometheus est un nouveau sommet de la SF selon Scott, un maître étalon qu'il sera bien difficile d'approcher doublé d'un spectacle qui confirme que le réalisateur anglais est toujours au sommet de son art !!
Revenu en grâce depuis le triomphe de Gladiator, Scott a continué à alterner les genres, plongeant dans nos racines médiévales avec l'extraordinaire Kingdom of Heaven ou la remise au goût du jour de Robin des bois, s'essayant à la biographie avec American Gangster, regardant en face l'actualité brûlante avec La chute du faucon noir ou Mensonge d'état, adaptant un best seller mondial avec Hannibal, et même la comédie avec le sous-estimé Une grande année ou Les associés. Sautant d'un genre à l'autre avec aisance, Ridley Scott y a toujours inclus son sens inné de l'image et voit chaque scène comme une peinture dont l'éclairage doit être en parfaite harmonie avec le sujet.
Il était donc temps qu'il revienne à la SF, genre qui convient à merveille à un homme dont l'obsession picturale n'a d'égale que la maitrise de la caméra. Depuis 30 ans, d'autres réalisateurs sont arrivés et ont aussi révolutionné le genre, mais le retour de Scott sur ses terres natales ne pouvaient pas se faire dans la demie mesure !
Disons le tout de suite, Prometheus décevra ce qui espérent une vraie préquelle à Alien. On se situe dans le même univers et le célèbre monstre de Giger y est bien présent, mais en ombre chinoise. Ceux qui espéraient toutes les réponses suite au premier film en seront aussi pour leur frais, car Scott a décidé d'aller dans une toute autre direction. Quelque part, Prometheus me rappelle Event Horizon par son côté gothique et son refus d'aller là où le spectateur aimerait qu'on aille. Il est d'ailleurs amusant de constater cela quand on sait que Paul W.Anderson fut fortement influencé par Alien pour son film.
On sait qu'au départ, on devait avoir une vraie préquelle à Alien, mais Scott a trouvé ce principe réducteur et il a préféré bifurqué vers une autre idée, mais tout en conservant l'environnement qu'il a mis en place il y a 33 ans. Et c'est cela la force du film : retrouver un univers que l'on connaît, mais qui va se révéler différent. Si le procédé est bien connue en littérature, il l'est beaucoup moins au cinéma. Ne vous attendez donc pas à savoir pourquoi le space jockey du premier Alien se retrouve dans son fauteuil, mais attendez vous à vous poser beaucoup de questions à la sortie de la séance !
Je ne reviendrais pas sur la maîtrise technique exceptionnelle de Ridley Scott. Chaque plan, chaque image est pensée, rien n'est laissé au hasard et les scènes, qu'elles soient intimistes, spectaculaires, violentes ou contemplative ont toutes en commun d'être belles !! Scott n'oublie pas que dans cinéma, il y a image et que le spectateur a parfois envie de s'y attarder. Ce point ne décevra personne car le vieux routard connaît son boulot et il sait le faire mieux que personne !!
Non, le véritable choc de Prometheus est bel et bien son thème, cette recherche de nos origines qui va déboucher sur une multitude de questions. Scott ne choisit pas la facilité, alors qu'il était si simple de faire cette préquelle que le monde espère. Il préfère s'adresser à un public adulte et le laisser frustré !! Courageux quand on met des dizaines de millions de dollars sur la table et qu'on a derrière soi un studio qui veut un succès facile ! Prometheus n'est pas un film faclle et même s'il s'encombre de trop de personnage, il tient plus que ses promesses visuelles : il tient en haleine et il permet au spectateur de forger ses propres hypothèses comme, par exemple, la résistance exceptionnelle du personnage de Naomi Rapace. Son contact avec les entités l'a t-elle changée physiquement ? ou a-t-il juste révélé son caractère ?
Mais Scott ne vit pas non plus dans le passé. Il a adopté les caméras 3D de Cameron et en use de manière exceptionnelle. On a souvent dit "Mais qu'aurait fait De Vinci s'il avait connu Photoshop ?" . On en a désormais une petite idée avec Prometheus ! Mettez dans les mains d'un génie un outil génial, vous obtenez un résultat au delà de tout ce que l'on pouvait espérer.
Prometheus est un film qui ne se laisse pas aprivoiser facilement. Il va forcément diviser, comme le firent en leur temps 2001 ou Matrix Revolutions. Il va énerver, émerveiller, susciter le débat. Il faut le voir plusieurs fois pour bien l'intégrer, pour bien le ressentir. Car il est au delà du divertissement facile : il ne se livre pas, il faut presque le mériter quitte à passer par une phase de déception. Mais au final, on ne peut que quitter la salle en se disant qu'on n'oubliera pas de sitôt le crash du vaisseau étranger, la traumatisante opération chirgurgicale ou le visage serein du Michael Fassenber. Tous ces éléments orchestrés par un réalisateur au sommet ne donnent qu'une envie : retourner là où personne ne nous entend crier !!