Le pitch : dernier représentant mâle de son espèce, Blu, un ara élevé par Linda, une libraire, va devoir prendre son envol dans la ville de Rio. Et accessoirement, séduire Perla, une belle ara qui rêve de liberté.
Excellente surprise du premier trimestre 2011, Rio a conquis des millions de personnes sur toute la planète. Et la récente sortie vidéo ne va qu'amplifier le phénomène.
Certes, l'histoire est relativement convenue. Blu ne sait pas voler, mais on se doute qu'il y parviendra à la fin du film. L'intérêt ne se situe pas là mais plutôt dans la manière où il va y arriver. De même que l'histoire d'amour avec la femelle est tout aussi convenue et suit les règles obligées de la comédie romantique, avec retournement de situation classique. Finalement, la seule surprise du film réside dans la fin qui voit Blu quitter sa maîtresse alors que l'on pouvait penser que le couple de perroquet retournerait en Amérique, dans le Minnesota.
Ce qui fait en fait le charme de ce dessin animé, c'est bel et bien son animation, sa galerie de personnage, son amour déclaré à la ville de Rio et le luxe de détails et de couleurs déployés. Car il s'agit bien d'un film festif, rempli de chansons (même le vilain a droit à la sienne) et de danse, un festival qui tire parti du lieu magique qu'est Rio. Alors, oui, on pourra ergoter en disant que l'aspect noir et dangereux des favelas passe à la trappe, mais nous sommes dans un film famililal. On peut de temps en temps éviter de verser dans le cynisme ou dans la noirceur. Carlos Saldhana n'a pas envie de donner une mauvaise image de son pays ce qui est finalement très rare à notre époque, la piupart des artistes préférant le confort de la dénonciation des travers de notre société plutôt que de chercher ce qui est positive.
La réflexion sur la liberté est cependant plus profonde qu'elle n'y parait. Car qui est le plus libre ? Blu qui vit avec les hommes une existence privé du vol mais où la sécurité est là ? ou Perla qui n'aspire qu'à retrouver la liberté de la jungle, même si elle y risquera quotidiennement sa vie ou une nouvelle capture ? Vaste question à laquelle le film répond de manière franche dans les tous derniers moments : l'oiseau est fait pour vivre libre. Mais Linda recréera aussi sa famille en s'entourant de gens de son espèce. Cela n'enlève rien à l'amour qu'elle a prodigué à son perroquet. C'est parce qu'elle l'aime qu'elle le laissera partir.
Bien entendu, comme toujours depuis L'âge de glace, l'animation est parfaite et la Fox a réusis à s'imposer comme un studio qui compte. Le travail sur les textures est ici très poussé, mais c'est surtout les couleurs qui ressortent ! Elles rendent totalement justice à la magie des oiseaux et à la folie du carnaval de Rio. Le film est une explosion à la fois pastel et vive, toute une palette vivant sous nos yeux grâce à la magie informatique et au talents des nombreux animateurs. Le travail sur la lumière ne peut que sublimer un tel éventail. D'un point de vue technique, on frise la perfection et on en prend plein la mirette. Je n'ose imaginer ce que cela devait donner en 3D.
La Fox a repris la formule magique de Disney des grandes années : une histoire simple qui parlera à tous, de la musique, des gags et des personnages attachants. Rio ne révolutionne pas l'animation, mais se révèle être un moment plus qu'agréable, une déclaration d'amour d'un réalisateur pour ses origines brésiliennes. Et c'est sans doute cela le plus important, transcender les clichés pour bâtir un grand spectacle et rendre hommage à sa culture. En une période de mondialisation extrême, il est parfois bon de se pencher sur un monde qu'on ne connaît pas, ou si peu.
Et en cela Rio remplit parfaitement son rôle.