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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 08:25

super8.jpgSuper 8 : un groupe d’enfants, alors qu’ils filmaient des scènes pour un film amateur, sont témoins du déraillement d’un train. Rapidement, ils comprennent que cet accident cache une réalité bien plus terrifiante !

 

De la rencontre entre JJ Abrams et Steven Spielberg, on attendait forcément beaucoup. Entre le Wonder boy et le cinéaste qui monte, qui monte, les similitudes sont énormes, tout autant que les différences ! Profitons de la sortie en vidéo de Super 8 pour décrypter cette réussite attendue !

 

Super 8 est tout simplement une production typique de Amblin des années 80 mais avec les moyens des années 2010 !! À savoir, un spectacle en béton, doté d’un casting d’enfants extraordinaire (mention spéciale à Elle Fanning, petite sœur de Dakota, déjà remarquée dans Benjamin Button) et d’un scénario qui ne laisse absolument rien au hasard. Imaginez un Explorer (Joe Dante) ou Goonies (Richard Donner) qu’on aurait filmé en 2011 et vous aurez une petite idée du film.

 

Abrams a écrit et réalisé, mais il met clairement ses pas dans ceux de Steven Spielberg, poussant le vice jusqu’à dater son histoire en 1979, une année charnière dans la carrière du Wonder boy, année où le terrible échec du délirant 1941 lui fit sans doute comprendre qu’il devait écouter quelque peu les désirs du public. Il s’en suivit Les aventuriers de l’Arche Perdue et ET , films qui lui permirent d’écrire à tout jamais son nom au panthéon du cinéma (et quand on sait qu’il avait déjà réalisé Les dents de la mer et Rencontre du 3e type, on se dit que l’exploit n’était vraiment pas mince).

 

En se situant 30 ans en arrière, Abrams rend certes hommage au cinéma de Spielberg et aux productions Amblin, reprenant même les fameux effets de lumière qui renvoient un halo bleuté vers la caméra, mais il se permet d’éviter certains écueils scénaristiques. Car en 2011, une catastrophe pareille ne pourrait être cachée par les autorités, Internet rendant impossible toute tentative de dissimulation. Quelques clicks sur Google et les gamins auraient vite compris à qui ils ont affaire. Mais il est clair aussi que Abrams rend hommage à la décennie de son enfance. En fait, Super 8 est quasiment un film historique mâtiné de SF ! Il reprend les familles éclatées, les petits secrets qui se font jour petit à petit (on pense à l’aveu de la jeune fille sur la mort de son père dans Gremlins quand Alice s’excuse parce que son père est indirectement provoqué la mort de la mère de Joe) et au final l’émotion pure qui submergea le monde lors de la sortie d’ET ! Ce bond dans le temps, au-delà des décors, des accessoires, des attitudes est à la fois réjouissant (après tout, c’est la décennie de mon adolescence) et nostalgique puisque le monde ne sera plus jamais comme avant. De ce point de vue, Abrams a vraiment réussi quelque chose de grande.

 

Mais rapidement le disciple s’émancipe du maître ! Sa créature, il s’en sert comme celle de Cloverfield (qu’il avait produit) : il la montre par tout petit bout. Certes, les productions Amblin procédaient de même, mais ET était finalement très vite mis dans la lumière. Ici, jusqu’au bout, le « monstre » est une apparition furtive. Tant pis pour ceux qui espéraient détailler la créature. Mais son efficacité en est plus que décuplée. D’autant que ses intentions ne seront vraiment connues que vers la fin du métrage.

 

Abrams place aussi le climax de son film au tout début de l’histoire avec ce monstrueux déraillement de train, spectaculaire en diable. À partir de là, les scènes suivantes vont jouer sur l’intimisme (l’étude des rapports entre les personnages est incroyable, d’une finesse rare que n’atteignent jamais les films dits « sérieux »), sur la montée d’adrénaline, sur le suspens et trouillomètre, mais sans atteindre l’intensité de ce déraillement. Bien sûr, il y a encore des scènes fortes (l’attaque du bus, la découverte de la cache de la créature, l’enlèvement de la fillette), le cinéphile et le spectateur en a pour son argent. Mais en optant pour une structure inverse, Abrams se rapproche plus de Lucas et de L’Empire contre Attaque que des productions Amblin.

 

La réussite du film tient à la fois à son casting et à son histoire. En contrôlant son histoire, Abrams s’émancipe de Spielberg qui engageait souvent de bons réalisateurs pour faire les films qu’il n’avait pas le temps de faire. Il reprend donc les recettes éprouvées du maître, mais se les approprie, les triture, les modifie et fait de Super 8 son œuvre la plus personnelle !! Un comble pour un film qui rend hommage à un pan entier de l’histoire du cinéma.

 

Les qualités de mise en scène vues dans Mission Impossible III (pour moi le meilleur de la série car parfait de A à Z) et dans Star Trek (là aussi, un film à la fois hommage et détournement) explosent ici ! Abrams sait tenir une caméra, il sait filmer, il sait faire monter la pression… Bref, il est le digne héritier d’un Steven Spielberg qui doit être ravi d’avoir trouvé un fils spirituel, une âme sœur en cinéphilie.

 

Super 8 est donc à ranger dans le haut d’une panier 2011 décidément bien faste (La planète des singes, X-Men : au commencement, Harry Potter 8). S’il n’a pas eu le triomphe mérité, tout en engrangeant plus de 300 millions de dollars de recettes, c’est peut-être qu’il n’a pas été pensé comme un blockbusters ni lancé comme tel !! Pas de 3D, pas de marketing agressif, pas de budget indécent (50 millions de dollars ont suffi à Abrams pour concrétiser ses idées), une sortie échelonnée dans le monde. Mais au final une réussite fabuleuse et la preuve que le vrai cinéma, celui qui se voit en salle peut être un vrai facteur d’émotion. Inutile d’en rajouter dans le lacrymal ou de jouer les (faux) intellos, il suffit juste d’avoir une histoire, une vraie, et de se donner les moyens de la filmer.

 

Si vous n’avez pas pu voir ce film au cinéma, ne passez pas à côté de la vidéo ! La claque que vous allez recevoir, vous n’êtes pas prêt de l’oublier.

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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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