Le pitch : banni d’Asgard à cause de son arrogance par Odin, Thor, dieu du tonnerre va découvrir sur Terre que la noblesse ne se mesure pas forcément à l’aune de la force brutale !
Les studios Marvel ont trouvé leur vitesse de croisière. Désormais, chaque année nous apporte son film tiré de leurs célèbres Comics. Après les deux Iron Man et leur reprise en main de Hulk, et avant Captain América, c’est au tour de Thor de fouler la terre sacrée des multiplexes.
La première surprise vient du metteur en scène : Kenneth Brannagh, le réalisateur shakespearien par excellence, l’homme qui revitalisa Hamlet ou qui offrit de délicieuses comédies douces amères tel Peter’s Friend, est à la commande d’un blockbusters mettant en scène un super héros. Mais à y regarder de plus près, le côté « tragédie », les personnages divins et les dialogues finalement très proche du théâtre élisabéthain imposaient bel et bien un amateur éclairé, un directeur d’acteur à la formation théâtrale et non pas un simple technicien.
Et c’est justement dans sa direction d’acteur que Thor prend toute sa dimension. Certes, la représentation d’Asgard est absolument magnifique, digne en tout point des meilleurs moments du Comics, un rêve pour tout fan d’héroïc fantasy. Mais là n’est pas l’essentiel. Le succès de Marvel ne réside pas dans des combats brutaux, mais bel et bien de l’aspect « soap » de ses histoires.Ici, par le biais d’acteurs chevronnés (majestueux Anthony Hopkins, merveilleuse Renée Russo) , Asgard éclate de vie et cette vitalité remplit les décors énormes des 9 royaumes. Et que dire du rôle-titre , Chris Hemsworth, que l’on croirait sorti de la BD, musculature comprise ? Comme dans les autres films Marvel, le soin maniaque apporté à l’aspect visuel et à l’identification des personnages ne peut que renforcer la joie du fan du comics. On notera juste la présence étonnante d’un dieu nordique à la peau noire (là aussi, il faut des quotas ?). Dans mes souvenirs, les Vikings étaient blonds aux yeux bleus. Mais au-delà de ce point de détail, franchement pas important, le visuel est grandiose !
Ainsi la bataille avec les géants des glaces, la visualisation du pont Arc en ciel, mais aussi les compagnons de Thor, Sif et Volstar en tête (même si ce dernier est moins grassouillet que l’original) sont décalqués des meilleurs moments du Comics. Et que dire de Loki, personnage ambiguë dont les motivations troubles sous-tendent toute l’histoire. Car au final, on assiste bel et bien à une tragédie classique, celle d’un enfant qui se sent inférieur à son frère et prêt à tout pour gagner l’amour de son père. En cela, je le répète, il fallait bien un Kenneth Brannagh pour agencer de tels sentiments bigger than life !! Stan Lee (qui fait ici son apparition rigolote habituelle) écrivait à propos de Thor qu’il pouvait se permettre de reprendre les codes de la tragédie grecque et des pièces de Shakespeare sans que cela ne gêne personne, chose qu’il lui était interdit dans Spider-Man ou Fantastic Four !
On peut certes regretter que la partie « terrestre » du film soit moins spectaculaire, même si le combat avec le Destructor vaut le détour, mais c’était là un écueil inévitable. L’histoire n’aurait pu se dérouler qu’en Asgard, mais la dimension humaine aurait été moindre. Et le thème classique du Comics, la chute de Thor suivie de sa rédemption, imposait de toute façon un passage plus terre-à-terre. Mais ne boudons pas notre plaisir car ces moments sont illuminés par Natalie Portman qui joue ici une Jane Foster bien différente de la BD et qui est à mille lieux de la sa composition torturée de Black Swan. Elle prend un plaisir réel à se laisser emporter par le tourbillon de l’histoire et ne cherche aucunement à tirer la couverture à elle, sachant très bien que le héros va forcément attirer tous les regards.
Les scènes sur Midgdar (sur la Terre !!) permettent aussi une intégration poussée avec l’univers Marvel. Outre la citation de quelques noms connus des spectateurs, le scénario impose le Shield comme un élément essentiel de l’histoire et non pas un simple faire valoir. Et comme Thor est, à l’instar du premier Iron Man, un film d’introduction, la présence des agents de Shield permet de gommer quelque peu cet aspect « fondateur ». Le spectateur a déjà des points de repère et sait qu’il est en terrain connu. Et la phrase finale, « Thor will return in Avengers » laisse présager un monstrueux crossover car, pour ceux qui l’ignorent, la première équipe des Vengeurs était composée d’Iron Man, Thor, Giant Man, Captain América et Hulk ! Comme par hasard, tous ces personnages sont détenus par Marvel Studios !
Sans atteindre la réussite de X-Men 2 ou de Superman Returns, Thor s’impose comme une excellente adaptation de Comics et trace la voie vers un futur toujours plus réjouissant ! Et comme d’habitude, ne partez pas avant la fin du générique !!
Un dernier mot sur la 3D : agréable mais comme à chaque fois qu’un film est passé de la 2D à la 3D, on se dit que ce n’était pas forcément nécessaire. Cela ajoute un petit plus (la profondeur de champ est plutôt bien gérée) sans que cela ne modifie vraiment le film.