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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 13:39
La rumeur courait depuis longtemps : Coppola remonterait l'un de ses chef d'oeuvre , le mythique Apocalypse Now. Début mai, la rumeur s'est concrétisée et Cannes a pu revivre, 22 après, la vision dantesque de l'opéra guerrier de Milius et Coppola. Agrémenté de 53 minutes, doté d'un son entièrement remixé, Apocalypse Now est de nouveau visible sur grand écran et c'est une grande nouvelle.

Tout d'abord, toute une génération de cinéphiles ne connait Apocalypse Now que par le biais de la vidéo (VHS, télé, Laserdisc) , le plus souvent en pan&scan. Rien que le fait de redécouvrir ce classique en salle est un événement en soi. A l'heure du spectacle consensuel , il est bon de voir qu'il fut un temps où la vision avait droit de cité. Que la conception du film fut ou non un maelstrom de folie n'a finalement que peu d'importance. La seule folie présente c'est celle de Coppola. Le maître barbu a quelque peu terni son image ses derniers temps mais il est clair qu'il a été un des chantres de la démesure qu'Hollywood adule et déteste à la fois. Sa vision du Vietnam peut irriter , dérouter , choquer voire écoeurer, il n'en reste pas moins qu'il livre frontalement ses idées, sa vision, sa folie sur pellicule.

Mais outre le fait de revoir (enfin) Apocalypse sur grand écran, qu'apporte vraiment cette nouvelle version ? Cameron écrivit un jour (à propos de la restauration d'Abyss) que souvent les mythiques scènes coupées ne présentaient que peu d'intérêt. Dans cette version Redux , les 53 minutes rajoutées ne sont pas superflues car jamais elle n'altère le récit. Elle le ralentisse un peu (la longue mais belle scène de la plantation française) mais elle ne trahisse pas le message. A l'inverse de L'exorciste, ou Friedkin modifie l'essence du métrage, ce Redux remet Apocalypse Now dans tout sa lumière et plonge encore plus dans l'esprit de Martin Sheen. Enfin, le remixage du son rend encore plus grâce à l'environnement sonore , à la musique , aux Doors... Il n'y a pas ici de plan numériques, de bidouillages rien que de la pellicule écartée qui retrouve enfin sa place. 3H17 donc de pur bonheur cinématographique que l'on ne voit pas passer.

De ce métrage, les scènes les plus folles sont toujours présentes : l'attaque des hélicoptères au son de Wagner, les tentatives de surf de Robert Duvall (étrange de le voir avec des cheveux), le show de Bunnies (qui trouve un étrange prolongement quelques minutes plus tard), la découverte du camp de Kurtz... Des images toujours aussi folles, aussi impressionnantes, aussi démesurées. A l'heure des foules numériques, des multiplications de figurants, qui peut encore imaginer une telle mise en scène. Cameron, sans doute !! Spielberg, sûrement !! Mais il est clair que la folie d'une telle entreprise se perd peu à peu. Sans bien sur condamner les nouvelles technologies, on peut être nostalgique d'une époque où pour montrer 1000 gugusses à l'écran, il fallait en prendre 1000.

Mais foin de nostalgie, l'idée même du film est toujours là : le Vietnam fut une guerre de dupe. D'un côté des Américains se battant pour des gens qu'ils ne comprennaient pas (le racisme de certains GIs est clair) et contre un ennemi invisible (il n'y a quasiment aucun gros plan de "Charlie", juste des silhouette ou des voix désincarnées), de l'autre des Nord Vietnamiens tentant de conquérir ce qu'ils considéraient comme leur pays et entre les deux des populations totalement dépassées , prises en otages entre deux folies meurtrières. Au fur et à mesure qu'il remonte la rivière , Willard (prodigieux Martin Sheen) comprend toute l'absurdité de la situation et en vient presque à considérer comme normal le comportement de Kurtz. La folie qui est présente dans tout le métrage change de camp petit à petit mais le grand tour de force de Coppola n'est d'épargner personne, et surtout pas son propre camp. Et quand Kurtz apparaît enfin (Marlon Brando, grandiose), toute la technique du cinéaste se met entièrement au service du personnage. Surgissant de l'ombre , telle une créature fantastique, il fait basculer le film dans quelque chose d'indéfinissable, une sorte de cauchemar éveillé dont la logique disparaît peu à peu.

Redux est donc la conclusion logique d'une aventure commencée il y a 25 ans. Reste que le plus troublant doit être pour les acteurs français dont la très belle Aurore Clément, de se voir revivre à l'écran. Rien que pour ces superbes scènes , Redux était une necessité. Et puis, cela aura permis aux festivaliers de ne pas trop s'ennuyer durant le festival !!
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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