Le monde du cinéma français est quelque peu injuste avec John Carpenter. Alors que le cinéaste est pillé depuis des années par des soi disant visionnaires tricolores, je n'ai vu passer que très peu de mentions sur l'anniversaire du maestro ! Dommage car s'il y a bien un cinéaste que l'on ne doit pas oublier, c'est bien lui.
Mais le souci de Carpenter, qui fête ses 70 ans, c'est que, comme John McTierman, il a surtout oeuvré dans le cinéma de genre, qu'il maîtrise à la perfection. Et pour une énorme partie de la planète cinéma, toujours prompt à s'enflammer pour le moindre bout de pellicule qui tape sur la société bourgeoise, le cinéma de genre c'est mal.
Pourtant, de NY 97 à Invasion Los Angeles, de Prince des ténèbres à Vampires , de LA 2016 à Ghost of Mars, Carpenter a toujours, toujours offert bien plus qu'une simple série B dans ses films. Dénonçant la réussite à tout prix des années Reagan, l'intégrisme religieux, la manipulation des masses , tout en déguisant la majeure partie de ses films en western (revoyez donc Vampires, enlevez le surnaturel, vous obtenez un western pur et dur ! Ou reprenez Assaut, transposez le dans un fort de la cavalerie au XIXe siècle, vous obtenez un autre western)...
John Carpenter a tâté tous les gens du fantastique : l'horreur (Fog, Halloween, L'antre de la folie), la SF (le prodigieux Starman, Les aventures d'un homme invisible, Ghost of Mars), l'anticipation politique (NY 97 et LA 2016), le roman de Stephen King (Christine), le remake classieux et dépassant l'original (the Thing, Le village des damnés) et même le fantastique from Hong Kong (Jack Burton dans les griffes du mandarin) , le cinéaste ne s'est jamais limité, a toujours rendu des films d'une plastique impeccable, même (et surtout) quand on ne lui filait pas un rond (Prince des ténèbres fut produit pour 2 millions de dollars).
Pourtant, il n'a plus rien tourné pour le cinéma depuis 16 ans car, comme tant d'artisans d'hollywood, il n'a pas résisté à la nouvelle vague de réalisateurs capable d'emballer n'importe quel blockbusters. Ou plutôt, il n'a pas cherché à le faire. On adorerait le voir à nouveau à la tête d'un gros budget, d'un nouvel épisode de Snake Plisken ou d'une adaptation d'une nouvelle de Lovecraft. Mais le cinéaste en a décidé ainsi.
Le pire est que Carpenter est également scénariste (Une bonne partie de ses films, mais aussi le superbe thriller Les yeux de Laura Mars), compositeur (là aussi, quasiment tous ses films. Sur son dernier, Ghost of Mars, il avait travaillé avec le groupe de thrash metal Anthrax, prouvant qu'il ne se limitait pas en terme de musique), producteur (quelques un de ses films, mais aussi Halloween II et III, le remake de Fog, l'excellent Philadelphia Expriment).
Bref, vous l'aurez compris, je suis un fan absolu de John Carpenter, que j'ai pu voir une fois il y a bien longtemps lors du festival de Gerardmer) et je me désole qu'il se contente de voir son oeuvre pillée (plus ou moins avec son consentement) alors qu'il devrait être derrière une caméra.