Le pitch : l'arrivée de Buzz l'éclair, un nouveau jouet très sophistiqué va bouleverser l'univers de la chambre de Andy, détrônant de son statut de numéro 1 Woody...
24 ans déjà que Pixar a fait une entrée fracassante dans la cour des grands de l'animation, marquant une révolution aussi importante que Steamboat Willie ou Blanche Neige ! 24 ans que le dessin animé est entré dans une nouvelle ère, devenant une partie incontournable du cinéma et une partie non négligeable des revenus du studio.
Mais en 2019, et à quelques jours de la sortie d'une 4e épisode, que reste-il de Toy Story ?
Evidemment, techniquement, le film aura du mal à tenir avec les prouesses de 2019, des images en 3D des derniers Pixar, mais aussi de Illuminations ou Dreamworks. Toy Story fut un pionnier, et comme tous les pionniers, il essuya les plâtres et dû tout inventer. Si on voulait être dur, on peut même affirmer que n'importe quel jeu vidéo contient des images bien plus travaillées et réalistes que Toy Story. Regardez la cinématique de Cyberpunk 2077 avec le "clone" de Keanu Reeves et vous comprendrez ce que je veux dire. Même des jeux remis au goût du jour sur la Switch comme Dark Souls ou Assassin's Creed 3 bénéficient d'environnement plus détaillés, de personnages plus "vrais" ou de mouvements de caméras plus audacieux.
Oui, mais Toy Story fut le premier à se lancer dans l'aventure ! Et surtout son histoire reste formidable ! En engageant Tom Hanks et Tim Allen dans les rôles principaux, John Lasseter fit de son film un fabuleux buddy Movie, basé sur la rivalité puis l'amitié. Comme tous les Pixar, Toy Story a plusieurs niveaux de lecture : il y a le film que l'enfant , même très jeune, va adorer pour ses côtés colorés, fun (les gags font tous mouche) et ses péripéties haletantes, notamment tout ce qui se passe dans la chambre de Sid. Et il y a le film où les adultes verront des allusions à la vie de tous les jours, des références à d'autres métrages (le motif de la maison de Sid, semblable à celui de Shining) et surtout une histoire qui les passionnera tout autant.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le film ne fut pas forcément bien accueilli par la presse en 1995. Ainsi, Mad Movies estima que l'histoire était trop manichéenne et critiquait le fait que Sid, enfant qui faisait plus preuve d'imagination que Andy quant à l'utilisation de ses jouets, était le méchant. Une partie de la presse se focalisait sur le "cynisme" de Disney qui, selon eux, n'avait réalisé qu'une publicité géante pour produits dérivés. Seuls des magazines visionnaires comme SFX y virent le futur de l'animation. Pour ma part, Toy Story fut l'un des films que je chroniquais dans Salla Obscursium Invocat, version papier, mon fanzine qui connu 2 numéros, avant que je migre sur le net. La seul réserve que j'émettais était que Sid était présenté comme un fan de heavy metal, colportant le cliché sur les amateurs de Hard Rock forcément déjantés. Mais pour le reste, ll est évident que dès la première vision du film au cinéma, j'étais face à quelque chose qui allait tout changer.
Et très honnêtement, même si techniquement , Toy Story est dépassé, rien ne préparait le spectateur au choc qu'il fut à l'époque. Des court-métrages en image de synthèse, on en avait déjà vu, mais pas sur une aussi longue durée !! Le photo-réalisme de certaines séquences (la pluie sur les vitres par exemple) était bluffant. Quand à l'animation faciale et labiale, elle montrait sa supériorité sur l'animation traditionnelle. SFX (encore lui) se fendit de plusieurs articles très détaillés sur le travail phénoménal de Pixar qui devait, mine de rien, tout inventer. Ils purent le faire en paix vu que chez Disney, on ne croyait pas vraiment au projet. Le budget de départ était de 17 millions de dollars, mais au final, il en coûta 30. Cependant, tant chez Disney que chez Apple (Steve Jobs possédait Pixar) , on doutait du succès du film, se disant que s'il faisait 75 millions de dollars de recettes, au moins, personne ne perdrait d'argent.
Sorti en France un peu au premier trimestre 96, le film attira 2,7 millions de spectateurs, un bon score (le 8e de l'année) mais inférieur de près de 4 millions à l'autre Disney de l'année, Le bossu de Notre Dame. Il faudra encore quelques années pour que la tendance s'inverse et que la 3D dépasse en nombre d'entrées l'animation traditionnelle.
Après toutes ces années, Toy Story reste un merveilleux film d'animation, inspiré et inspirant. Il supporte le poids de l'histoire du studio et, chose exceptionnelle, il a été suivi par deux séquelles encore meilleures que l'original, que cela soit d'un point de vue technique que d'un point de vue narratif ! Inutile de dire que Toy Story 4 a une marche énorme à franchir ! Mais gardons notre confiance en Pixar : même sans John Lasseter, le studio n'a que rarement déçu (personnellement, il ne m'a jamais déçu) et ce nouvel opus ne sera pas qu'une séquelle commerciale, j'en suis certain.