Harry Potter et le prince de sang-mêlé (*****)

Le pitch : alors qu’il entame sa 6^e année à Poudlard, l’ombre de Voldemort plane de plus en plus sur Harry Potter et le monde des sorciers.

À l’origine, Harry Potter et le prince de sang-mêlé est un roman plutôt avare en action, mais porté sur les révélations et la psychologie des personnages. À l’arrivée, David Yates a magistralement fait un film avec un peu d’action, énormément de rapports entre les différents personnages et, seul petit point faible, un nombre réduit de flash-back.

Alors oui, on pourra ergoter que la bataille qui précède la mort de Voldemort n’est pas à l’écran (dans le roman, elle est cependant racontée par Ginny), ce qui risque de poser quelques soucis si le 7^e film veut raconter le mariage de Bill et Fleur. On pourra aussi dire que deux flash-back, c’est trop peu et que cela ne permet pas de plonger dans l’enfance de Voldemort. Ou alors, on peut se demander pourquoi l’enterrement de Dumbledore n’est pas présent.

Mais à côté de cela, au-delà d’effets visuels impressionnants et quasi invisible, le film tire sa force de la psychologie des personnages. Voire Hermione demander à Harry « est ce que cela te fait le même effet quand tu vois Dean Thomas avec Ginny ?», la voix pleine de sanglot montre combien Yates a compris que Potter, c’est bien plus que le sempiternel combat du bien contre le mal, c’est aussi et surtout, la façon dont se construit un adulte. C'est l'évolution en direct de sentiments les plus contradictoires, où l'amour prend enfin le pas sur la haine. C'est une histoire où les héros sont face à des choix qui concernent aussi leur vie future, et pas seulement de l'héroïsme, des choix qui vont orienter chaque personnages vers son destin parfois funeste. Et pour ceux qui ont la chance de ne pas connaître la fin de l'histoire, ils verront combien JK Rowling est une artiste surdouée.

En gardant intact les rapports entre les différents personnages, en accentuant l’amour naissant de Ginny et Harry (juste avec un baiser quasi volé) ,  en montrant Dumbledore considérer Harry comme son fils, au point de lui laisser une tâche écrasante, en n’oubliant pas des personnages plus secondaires mais essentiels comme Malefoy (la scène où il craque dans les toilettes et parvient à provoquer de l'empathie) ou Luna (superbe Evanna Lynch), le film devient une réussite totale.

Mieux encore, la scène des inféri renvoie à un aspect bien sombre de la saga et elle reprend quasiment mot à mot ce passage du roman. De ce fait, le film n’occulte pas le côté morbide de ce 6^e opus ni la torture que subit Dumbledore en buvant l’eau qui protège l’horcruxe.

Bien sur, pour 250 millions de dollars, le spectacle est au rendez-vous. Ainsi, le quidtich fait son grand retour, les décors sont toujours plus impressionnants et l’atmosphère du livre totalement à l’écran. L’argent est à l’écran. Quand à la mise en scène, elle est merveilleusement classique, dopée par un éclairage magnifique (et faite par un de nos compatriotes).

Harry Potter et le prince de sang-mêlé est, au final, un merveilleux mélange de romance, d’aventures, de suspens, de plongée dans la tête des personnages. Les acteurs, franchement au top, sont totalement habités par leur personnage et donnent un relief somptueux à ce formidable opus.

Alors, oui, comme pour L’ordre du Phénix ou La coupe de feu, on pourra se désoler de certains manques, mais comme on sait que le 7^e roman sera découpé en deux films, on se console que pour le feu d’artifice final, on ne manquera pas grand-chose de la plus grande saga littéraire de ces 50 dernières années.

Comments

[Claude]

Une bonne adaptation c'est vrai, mais il est quand même dommage qu'il y ait eu tant de coupes.