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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 14:56

socialLe pitch : suite à une rupture amoureuse, un jeune étudiant d’Harvard met au point une application permettant de noter les filles de son entourage. Ce faisant, il se fait remarquer par 3 autres étudiants fortunés. C’est lors de cette rencontre que va naître une idée géniale : Facebook ! Mais qui est vraiment le père de cette révolution ? Mark ou les deux jumeaux ?

 

Pour son 8e film, David Finsher continue sa mue opérée depuis le génial Zodiac, c’est-à-dire faire des films où les artifices sont moins apparents, des films centrés sur les personnages et sur une histoire alors qu’avant il se concentrait plus sur la technique pure. En se centrant sur la création de Facebook, sans doute la plus grande aventure informatique depuis la naissance d’Apple, Finsher signe certes un grand film, mais surtout il évite l’écueil parfois rencontré dans Benjamin Button : la baisse de rythme.

 

Au contraire, il parvient à rendre passionnante une histoire de nerd, un biopic centré sur un type qui a eu une idée simple : permettre aux gens de mettre leur vie en ligne (et en scène). Pas d’explosion (juste la chute d’une crémaillère d’un toit), pas de pyrotechnie (à part un feu de corbeille), pas de suspens haletant, pas d’effets visuels qui en met plein la vue (enfin si, mais on en reparle plus bas) et pas de fantastique à l’horizon. Juste des gens normaux, avec leurs rêves, leurs envies, leurs jalousies, leurs défauts !! Juste une description parfois effrayante de vulgarité des étudiants américains ! Juste une histoire simple, celle de quelques jeunes gens qui s’affrontent pour une idée. Une idée à 25 milliards de dollars !!

 

Car, et c’est là le génie du scénario, on ne suit pas une histoire linéaire, mais on assiste aux confrontations entre Zuckerberg et son co-turne, qui lui avança les fonds pour créer Facebook d’une part, et avec les deux jumeaux qui l’accusent de lui avoir volé leur idée d’autre part. Et chaque affirmation de l’une des deux parties entraîne un retour en arrière qui permet de mieux appréhender l’aventure Facebook !

 

Avec une structure ainsi déconstruite, Finsher montre ainsi la face cachée d’un misanthrope, qui méprise la Terre entière et qui n’hésite pas à trahir son seul ami pour aller au bout de son ambition. Mais, et c’est là l’autre force du film, Finsher n’affirme pas, il laisse planer l’ambiguïté : a-t-il dénoncé le créateur de Napster, qui l’accompagna un temps, à la police ? a-t-il vraiment dérobé l’idée ? a-t-il fait tout ceci pour impressionner son ex-petite amie ? Le vrai Zuckerberg s’en défend et estime que dans le film, ses T-shirts et sweat-shirts sont réels, sous-entendant que le reste ne l’est pas. Mais au-delà de cette polémique, Finsher décrit de manière quasi chirurgicale une jeunesse américaine qui se cherche  entre culte de la réussite, attrait pour l’interdit (les soirées bien arrosées des clubs privés) et surtout désenchantement patent. Car, vrai ou faux, le parcours de Mark Zuckerberg se fait sur cette corde raide : il entend intégrer l’élite, mais avec ses propres règles. Tourné il y a 50 ans, The Social Network aurait peut-être décrit la montée en puissance d’un magnat de la musique. Ici, c’est Internet qui est le cœur central de l’histoire.

 

D’un point de vue cinématographique, Finsher met à nouveau son immense talent et sa technique au service de son histoire, reprenant ce qui lui avait si bien réussi pour Zodiac ! Peu d’esbroufe donc, une bande son en totale adéquation avec le sujet (la présence de Trent Raznor aux manettes y est pour quelque chose) et une manière de filmer qui valorise les personnages et non la mise en scène. En fait, le surdoué de Seven et Fight Club sait désormais s’adapter à son sujet, on ne peut lui reprocher de se mettre en valeur au détriment de son film, comme on lui avait reproché pour Panic Room.

 

Mais Finsher reste Finsher, c’est-à-dire quelqu’un qui aime à relever des défis. Zuckerberg a rencontré deux jumeaux (Cameron et Tyler Winklevoss) : Finsher n’engage qu’un seul acteur pour jouer les deux. Et l’on se doute que les jumeaux n’ont pas qu’une seule scène à faire !! Bien entendu, la supercherie est totalement invisible à l’écran.

 

Enfin, filmer de simples gens devant des écrans n’interdit pas une certaine majesté : la mise en scène n’est donc pas misérabiliste, la caméra vole, les plans séquences sont incroyables et la musique sublime le tout. Bref, pour 50 millions de dollars, David Finsher se refuse à brader son cinéma.

 

Et au final, The Social Network est un nouveau sommet dans la carrière d’un auteur doué, l’un des films les plus passionnants de l’année et que l’on prendra plaisir à décortiquer quand le blu-ray proposera de revivre ce moment d’histoire contemporaine à la maison !!

 

En attendant, Finsher s’est attelé à mettre en scène le premier volet de Millénium : un film sans doute moins personnel, mais qui sera sans aucun doute bien au-dessus du téléfilm présenté en Europe (et aux USA dans quelques salles) l’année dernière.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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