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17 octobre 2017 2 17 /10 /octobre /2017 07:05
Ca (****)

Le pitch : alors que la ville de Derry, dans le Maine, subit une vague inquiétante de disparitions d'enfants, un groupe de gamins tente de comprendre ce qui arrivé au petit frère de l'un d'entre eux.

 

Adapté d'un monstrueux pavé de Stephen King, qui fut un succès littéraire hallucinant dans les années 80 (et dont deux protagonistes feront un retour réussi dans des rôles secondaires du non moins fabuleux 22/11/63) , Ca aurait pu sombrer dans le kitsch à l'instar de la série télévisée de 1990. Sans être ratée, cette série qui bénéficiait de l'excellente interprétation de Tim Curry et d'un scénario plutôt bien fichu était plombée par des effets visuels pas vraiment convaincants, notamment dans le final. En 2017, on pouvait donc espérer une version plus moderne et plus effrayante.

 

Surprise ! Ca 2017 fonctionne vraiment très bien et ce, sur tous les tableaux. Les scories de la série télévisée ont été éliminées (les effets spéciaux sont très bons), les passages effrayants le sont vraiment et ne lésinent pas sur les classiques pour vous faire sursauter dans le fauteuil (musique, scènes chocs) et les thèmes les plus sombres du roman (morts des enfants, harcèlement, viol incestueux) ne  passent pas à la trappe même si la relation entre Beverly et son père est habilement suggérée et non pas abordée de manière frontale. Notons quand même qu'un aspect essentiel qui permet aux enfants de se retrouver en tant que groupe dans les égouts n'apparait pas. Peut être sera-t-il dans la 2e partie (dans le roman, c'est dans la partie "adulte" qu'on apprenait comment Beverly réunissait le groupe) mais il est évident que la méthode utilisée était impossible à mettre en scène au cinéma.  Enfin, la mise en scène, très classique pour un film d'épouvante, est sacrément efficace.

 

La deuxième surprise vient du scénario. A la différence du roman qui entremêle la vie adulte des personnages et leur enfance, le film adopte une structure bien plus simple, se focalisant sur la jeunesse de ceux que l'on appelle "Le club des ratés". Cette astuce scénaristique vise deux objectifs : ne pas compliquer le récit et surtout avoir une conclusion au cas où le film n'aurait pas marché. Comme le succès a été au rendez vous, on aura bien droit au pendant des adultes combattant Grippe-sou, mais en cas d'échec commercial, le film se serait suffit à lui même. Une précaution bienvenue dans ces temps où plus aucun film n'est certain de se rembourser en salle. 

 

Du coup, on se retrouve avec une histoire plus linéaire, mais qui prend le temps de présenter chaque personnage et chaque traumatisme. Et comme le casting est plus que réussi, on va forcément s'attacher à chaque enfant, gage d'identification qui rend plus effrayante chaque scène où le clown apparait.

 

Ca commence par une scène traumatisante, représentant la mort de Georgies, petit garçon de 6 ans massacré par le clown. Graphiquement épouvantable, cette scène donne le ton et lance l'histoire. Et surtout dit en substance au spectateur (qui ne demande que cela) que rien ne sera vraiment édulcoré. Les passages chocs du roman (le geyser de sang chez Beverly, le chalutage du ventre de Ben, le meurtre du père d'Henry Bowers) sont là et aucunement suggéré. On pourra ergoter que certains aspects de Ca dans le roman (un loup garou, un oiseau préhistorique) sont ici moins spectaculaires, mais n'oublions pas que seulement 35 millions de dollars de budget ont été alloués.

 

Autre changement par rapport au livre , l'époque où se déroule les évènements "enfantins" de Ca. Dans le livre, les enfants connaissent cet été cauchemardesque dans les années 50 et sont adultes dans les années 80. Là le film se déroule dans les années 80 et la partie adulte sera donc contemporaine de notre époque. Ce changement temporel permet un curieux jeu de miroir avec les productions Amblin de cette époque , comme les Goonies voire avec le récent Super 8 qui, lui aussi, s'ancrait dans les eigthies. La vision du film permet d'ailleurs de se rappeler qu'au niveau vestimentaire, on ne fut pas dans la décennie la plus heureuse.

 

Réalisateur du plutôt flippant Mama, Andres Muschietti ne cherche pas à renouveler le genre mais s'en sert avec une efficacité redoutable. Si on peut regretter que chaque scène choc est un peu trop annoncée (la musique , les angles de caméra, les changements de perspective), même prévenu, on se fait tout de même avoir. Et c'est là l'une des forces de film : même en étant certain de ce qu'il va se passer, on se surprend à sursauter. Muschietti connaît son job et le fait de manière très professionnel ! Certains diront que le film est trop mécanique, mais comme pour une comédie, un film d'épouvante se doit d'être efficace. Ca l'est de manière redoutable.

 

Mais la plus grande réussite du film réside dans son casting. Les gamins sont criants de vérité et le club des ratés est formidablement bien croqué. L'alchimie fonctionne à fond et les scènes les plus calmes (comme celle de la baignade) font penser au merveilleux Stand by Me. On sait que chez King, l'horreur se mêle à la réalité de manière fusionnelle et le film respecte cet équilibre, passant de scènes tout à fait anodine, où s'affirme surtout la psychologie des personnages, à des scènes de pur terreur. Et comme le casting est une réussite, les enfants sont aussi à l'aise dans la comédie que dans l'horreur. Sans aucune star à son générique, Ca donne donc sa chance à une bande de jeunes comédiens qui n'hésitent pas à payer de leur personne que cela soit physiquement ou psychologiquement. La jeune actrice qui interprète Beverly a d'ailleurs plusieurs scènes très difficiles, que cela soit dans les rapports avec son père ou quand elle se terre dans les toilettes des filles. Et pour tordre le cou à ceux qui hurlent au "ethniquement correct", dans le roman, Michael est bel et bien afro-américain !

 

Au delà de l'horreur, la métaphore du roman apparait évidente à savoir les difficultés de ceux qui ne parviennent pas à s'intégrer dans une société finalement très conservatrice. Chaque enfant possède son "défaut" qui ne lui permet pas de se fondre dans la masse. Ben est en surpoid, Beverly est abusée par son père, Bill bégaie, Eddie est asthmatique et trop couvée par une mère énorme, Michael est orphelin et obligé de vivre avec le souvenir de la mort des parents...Même le judaïsme de Stan est une tare aux yeux de Henry Bowers et des voyous de Derry. Le moins "touché" de la bande, Ritchie cache sans aucun doute des blessures profondes sous ses plaisanteries graveleuses. Mais ses énormes lunettes en font de toute façon une cible de choix pour tous ceux qui aiment se moquer des autres.

 

Dans ce contexte, le clown n'est que la matérialisation de leurs peurs et l'affronter les fera passer à l'âge adulte, même si le prix à payer  sera terrifiant quand ils auront grandi. On peut d'ailleurs regretter que cet aspect soit le moins abouti du film, qui se contente parfois d'enchaîner les scènes chocs, sans toujours retrouver la finesse du livre. Ainsi si le club des ratés est vraiment bien dépeint, la bande d'Harry Bowers est trop caricaturale, alors qu'elle es également superbement bien analysée par King dans le roman.

 

Si certains détails sont modifiés (par exemple, le bras cassé de Eddie est du à Henry dans le roman), Ca s'avère suffisamment fidèle pour faire oublier l'adaptation de 1990. L'interprète du terrible clown, bien aidé par les effets visuels, est à la hauteur de ce que l'on attend de lui.

 

Au final, sans prétendre au rang de chef d'oeuvre, Ca est une vraie bonne surprise, un film réussie et sans doute l'une des  meilleures adaptation de Stephen King au cinéma ! Vivement la suite et la conclusion que l'on espère aussi cataclysmique que dans son alter ego de papier.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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