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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 18:50
p10791.jpgLe 2e volet sort bientôt. J'en profite pour republier cette chronique d'un film qui m'avait littéralement emballé il y a deux ans.

Le Pitch :
4 enfants découvrent dans une armoire un passage secret vers un autre monde, Narnia, dominé par un hiver sans fin et dirigé d'une main de fer par une sorcière. Les enfants devront alors prendre leur destin en main, choisir entre le bien et le mal , guidé par un lion Aslan, véritable maître de Narnia.


Heureux celui qui n'a jamais ouvert un livre de CS Lewis car, quand il le fera , il découvrira un univers formidable, fait de magie, de créatures mythiques, d'aventures propres à faire rêver n'importe quel enfant. Les chroniques de Narnia sont la deuxième plus grosse vente de tous les temps, après Harry Potter mais jusqu'à il y a quelques semaines elles étaient virtuellement inconnue en France. Je n'avais lu , en poche , que le 2eme volume (Le lion la sorcière et l'Armoire magique, qui a fait l'objet de cette adaptation) au début des années 90 car c'était le seul livre de Lewis que l'on trouvait à l'époque.

Désormais, toute la saga est disponible et ce n'est que justice. Certes, Noël est passé mais n'hésitez pas à lire et à faire lire cette succession de petits chefs d'oeuvre.

Et le film dans tous ça ? Adaptation opportuniste ? Tentative pour Disney d'avoir sa propre franchise après avoir laissé s'échapper Le seigneur des anneaux et Harry Potter ? Rien de tout celà : Le monde de Narnia est une pure merveille , le dernier Chef d'oeuvre d'une année pourtant peu avare en réussite.

Fidélité au livre

    Le roman est d'une foisonnante exubérance. Le film le respecte totalement même dans ses aspects les plus naïfs comme l'apparition du Père Noël. La faune de Narnia (Minotaures , animaux parlants, faunes, géants, gnomes...) est là, rendue de manière extraordinaire par des effets visuels fabuleux dues à Rythm & Hues et Weta Workshop (la société de Peter Jackson) . Les décors grandioses sont également à la hauteur des descriptions du film : mélange de maquettes ultra détaillées , de décors en durs et d'images de synthèses, ils reconstituent aussi bien le château de la sorcière , la grotte de Mr Tumnus, le camp d'Aslan, la table de pierre et les paysages grandioses de Narnia.  Rien n'a été oublié et tout a été fait pour en mettre plein la vue. Le seigneur des anneaux ayant mis la barre très haut, il était logique que Narnia offre aux millions de lecteurs une vision totale de ce monde hallucinant.
Mais à la différence de la trilogie, ici, le spectateur n'est pas écrasé par le gigantisme. Narnia n'étant pas la terre du milieu, son échelle est à la portée des enfants, ce qui ne manquera pas de faire grincer quelques dents. Car si on excepte une scène de bataille incroyable, jamais le film ne joue la surenchère et reste humble. Ce qui le rend encore plus grandiose. Sachant qui est son public, le réalisateur a résisté à la tentation de noircir l'univers, de se lancer dans un gigantisme hors de propos et surtout s'est refusé à trahir le livre.

La trame est là , avec toutes ces péripéties. Là où un tâcheron aurait , par exemple, lancé les enfants tout de suite dans l'aventure, Andrew Adamson prend le temps de montrer comment Lucy, qui personnalise l'innocence, découvre Narnia et se heurte ensuite au scepticisme de ses aînés. Précédée d'une séquence impressionnante de Blitz (le film se déroule dans les années 40), la première demi-heure du film prend donc son temps, annonce ses personnages et les définit en tant que tel : Peter est le responsable, celui sur qui ont doit se reposer, Susan est la visage de la mère et Edmund est , au delà de sa traîtrise, notre propre image. Car si Narnia est un film d'aventure que l'on peut qualifier de Pour enfants, il est surtout une histoire  de rédemption : à l'innocence et à la générosité innée de Lucy va s'opposer le désir de possession et la jalousie d'Edmund. Et là aussi, le film respecte le livre et ne cherche pas à alléger les erreurs de ces héros.

Spectacle grandiose


Le monde de Narnia a été qualifié de Seigneur des anneaux pour les enfants. C'est à la fois vrai et dévalorisant. C'est vrai car les deux univers sont proches (Lewis était un proche de Tolkien et c'est ce dernier qu'il l'a poussé à écrire) et les deux auteurs ont puisé aux mêmes sources : fourmillement de créatures mythiques, ancrage dans une mythologie ancienne et exaltation de valeurs fondamentale comme le courage, le dépassement de soi, le sens du sacrifice, la lutte contre le mal.
Mais le terme est dévalorisant car on est loin d'avoir un univers au rabais. Nanti d'un budget de 180 millions de dollars, les équipes artistiques ont recrée Narnia tel qu'on se l'imagine en lisant les livres. Le challenge des animaux parlants comme la famille Castor ou les loups de la police secrète de la sorcière auraient pu être une catastrophe : le miracle est là. Les décors , déjà évoqués, sont là pour nous émerveiller, pas effrayer. La splendeur de Narnia, tant durant l'hiver éternelle que dans son été naissant est rendue de manière fabuleuse, magnifiée par une lumière palpable, de plus en plus chaude au fur et à mesure que le film avance.
De même, le film va gagner en grandeur dans son avancée. Démarrant dans un univers étriqué, il va, au gré de l'histoire, devenir de plus en plus majestueux jusqu'à cette vision de Cair Caravel où les 4 enfants monteront sur les 4 trônes de Narnia. Mais , je le répète, jamais cette grandeur n'écrase le spectateur. Les techniques d'effets visuels atteignant désormais un niveau de réalisme inédit, il eut été facile de jouer la démesure mais Adamson sait à qui il s'adresse et met son univers au niveau des enfants. Ce qui ne l'empêche pas de jouer sur de délicieux sentiments de peur comme la poursuite par les loups, ou les affres d'Edmund quand il découvre l'étendue de son erreur. Les enfants frissonneront mais cette peur fait partie de leur apprentissage.

Apprentissage

Narnia est essentiellement un voyage catharsique : un  héros part , malgré lui, affronter le mal et en sort vainqueur. Sauf qu'ici le héros est double . L'un empruntera la voie de la facilité , de la cupidité avant de revenir vers la lumière. L'autre prendra la voie du doute et sera tenté par le renoncement. Les figures féminines sont ici les aiguillons du héros. Aiguillon négatif pour Edmund avec la sorcière qui lui offre (ou fait mine de lui offrir) ce qu'on lui a toujours refusé à savoir la reconnaissance. Aiguillon positif pour Peter avec ses soeurs qui lui feront prendre conscience de son rôle. On peut d'ailleurs tirer un coup de chapeau aux enfants, acteurs formidables et en particulier Lucy dont l'innocence et la beauté inonde l'écran. La jeune actrice ne joue pas, elle est Lucy. Et quand elle pleure la dépouille d'Aslan, elle pleure vraiment.

Le film va donc traiter , comme le seigneur des anneaux, de dépassement de soi. Chaque personnage, même Aslan, doit accomplir son destin, doit surmonter ses peurs, doit admettre ses erreurs. Lucy, par qui tout va arriver, va prendre conscience que sa présence à Narnia a mis Mr Tumnus en danger et elle n'aura de cesse de le sauver , même si elle ne sait pas comment. Peter devra surmonter sa crainte de décevoir sa famille et devenir le chef qu'il a toujours été sans le savoir. Edmund fera le plus grand parcours car c'est lui qui part du plus bas , sa trahison étant la pierre angulaire de l'histoire. Il devra faire un énorme effort sur lui même pour admettre qu'il s'est trompé . Et encore, il ne le fera qu'après avoir reçu des coups et avoir été lui même trahi. Susan devra surmonter son désir de ne pas prendre part à l'action et c'est son amour pour sa famille qui la poussera à agir.

Valeurs chrétiennes

Libération se fendait d'un article sur la "récupération" du film par les églises catholiques et protestantes américaines. Et pas mal de chroniqueurs, qui n'ont jamais lu le livre, reprenaient sans réfléchir cette déclaration. Or, le parallèle entre le sacrifice d'Aslan qui meurt pour expier l'erreur d'Edmund et celle du Christ est totalement dû à CS Lewis. Chrétien fervent, il fut même encouragé dans cette voie par son  ami Tolkien. Lewis voulait que les enfants connaissent le thème de la résurrection et celui du messie qui meurt pour les péchés des hommes avant d'aller au catéchisme . Aslan est donc un être supra-humain , son souffle redonne la vie, et il revient d'entre les morts . Certes, la résurrection est un thème commun à beaucoup de religions (on pense à Osiris , assassiné par Seth, découpé en morceau puis resucité par Isis) mais en faisant appeler ses héros fils d'Adam et filles d'Eve, Lewis ne fait pas la métaphore mais dans l'explicite. Le film reprend donc ce thème sans le sous-entendre. On est bel et bien dans un long métrage chrétien , une sorte de catéchisme à l'intention des plus jeunes. Ce propos religieux est en filligrane et de la même manière que l'on ne pouvait  pas voir dans le retour de Gandalf dans Les 2 tours comme une ressurection (Gandalf est tombé aux enfers , puis revient nimbé de blanc) si on n'en avait pas envie, on peut très bien voir Narnia sans s'intéresser à ses valeurs chrétiennes.

J'ajouterai, à titre personnel, que ce thème me dérange infiniment moins que des appels à la violence ou à la guerre sainte. Après tout, Narnia parle d'amour, de courage, de valeurs positives. Peut être suis-je manipulé !!

Comme pour Le seigneur des anneaux, on y trouve également des personnages qui , à la croisée des chemins, vont choisir la mauvaise voie, mais ici ils seront pardonnés. Le thème du pardon est essentiel dans la culture chrétienne et le film , comme le livre, s'en fait l'écho. On peut donc, je le répète, rejeter cet aspect du film (après tout, beaucoup de gens ne s'intéressent pas au christianisme du seigneur des anneaux) mais estimer que Narnia est un film manipulateur est un peu exagéré. D'ailleurs, il semblerait que le nom d'Aslan vienne du turc et signifie héros dans cette langue. Film chrétien oui, mais film intégriste non !!

Un héros qui nous montre la voie et une méchante à la hauteur

     Au delà de la performance des effets visuels (Aslan est crédible totalement, à l'image d'un Gollum) , Aslan est le véritable héros du film, un Deus Ex Machina qui va faire avancer l'histoire mais sans la subordonner à son action. Et c'est sans doute là le véritable génie du métrage : tout enfant va forcément s'identifier aux 4 héros mais chaque adulte se verra en Aslan car il représente ce que nous souhaiterions être : sage, courageux, juste et honnête. Son sacrifice et les souffrances qu'il endure le rendent plus humain encore (un comble pour un lion). "Il est beau" a dit ma fille lors de sa première apparition. Avec la voix de Qui Gon Jin, heu de Liam Neeson en VO, Aslan ne pouvait que refléter la bonté, la sagesse, l'honneur. D'une prestance incroyable et d'un charisme sans précédent (qui a osé dire que le virtuel n'engendrait pas l'âme)  , Aslan est définitivement une réussite totale , un personnage qui entrera dans la mythologie du 7eme art.
La sorcière blanche, son exacte opposée, est tout ce que nous détestons mais c'est aussi notre miroir. Lâche, malhonnête, usant de flatteries, cruel envers les humbles et faible devant les puissants, la reine de Narnia (qui apparaît dans le prologue Le neveu du magicien) n'est pas que le diable mais également l'être humain dans son imperfection. Mais à la différence d'Edmund , elle ne cherche ni le pardon, ni la lumière, ni même à changer. Elle veut simplement que rien ne change et que son pouvoir lui permettent une vie sans effort, uniquement basée sur l'humiliation de l'autre.


Le meilleur film de l'année après les Sith

J'ose le dire clairement : pour moi, Narnia est le meilleur film de l'année 2005 après La revanche des Sith. King Kong est un sacré spectacle, vibrant, un hommage sincère au cinéma flamboyant des années 30 mais il n'a pas la profondeur de Narnia. Ce film est pour tous et en voyant les étoiles dans les yeux de ma fille , j'ai compris combien ce spectacle total l'avait touché.
Le monde de Narnia est un triomphe et ce n'est que justice. A l'heure où magie et naïveté sont devenues des gros mots et où Noël n'est plus qu'une vaste fête mercantile, qu'il est bon de se réfugier quelques heures dans une armoire magique.
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commentaires

I
Hello,<br /> Le film "Narnia I" est formidable dans l'idée et ses décors et tout ça, mais la réussite de l'interprétation, est elle relative et même décevante.<br /> <br /> Le scénario et la mise en scène donnent une couleur "monochrome", la saveur de l'univers héroïk fantasy est floué par la mise en scène, baclée..<br /> <br /> Et pourtant tous les ingrédiant sopnt la !<br /> Espérons que le deuxième opus saura être plus convaincant, cinématographiquement parlant !
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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