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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 06:54

Le pitch : la première aventure de 007, tout juste nanti de son permis de tuer double zéro,   contre Le Chiffre, un banquier véreux qui finance le terrorisme international.

 

On aurait pu croire que la saga 007 avait atteint un sommet après Meurs un autre jour. Difficile de fait plus fort dans l'action surréaliste (Bond surfant sur une vague géante), dans la destruction à grande échelle (l'hôtel de glace qui fond), les cascades hallucinantes (la poursuite sur le lac gelé, la traversée du champ de mines). Difficile aussi de continuer à croire au côté humain du personnage, et cela malgré la puissance machiste de Pierce Brosnan. Au fur et à mesure des 4 épisodes, on voyait 007 devenir un Superman au service de sa Majesté. Ce n'était pas pour nous déplaire, cela dit, mais il est clair qu'un nouvel opus dans cette veine aurait été soit de la pure SF soit totalement grotesque.

 

Du passé faisons, table rase !! Voilà le nouveau credo des producteurs, Broccoli fille en tête. Exit Brosnan (alors qu'il avait encore un film à tourner, je crois), exit les gadgets, exit les conspirations machiavéliques, les satellites espions, les méchants d'opérettes, les cascades impossibles, le numérique à tous les étages... et place à un film d'action brutale, où la violence psychologique n'est pas la moindre et où 007 redevient un homme qui souffre, qui se questionne mais qui ne fait plus dans la dentelle.

 

Dès les premières images, le ton est donné : Bond est un agent brutal, qui élimine sans état d'âmes. Un retour aux sources des romans donc. Passé un générique assez moche (des cartes, des ombres... bof), on plonge dans la moiteur d'une poursuite incroyable à pied entre Daniel Craig (parfait dans le rôle, inutile que j'écrive sur ce que d'autres ont fait nettement mieux que moi) et un Yamakasi dans un pays africain. Martin Cambpell retrouve ici la grâce du Masque de Zorro et le montage nous permet de vibrer avec 007. Énorme scène donc, relativement réaliste, où Bond se montre vicieux et retors, mais qui, paradoxalement, tranche totalement avec le reste du film. Un peu comme si le réalisateur désirait évacuer rapidement ce passage obligé. Cela dit, ne boudons pas notre plaisir tant la chorégraphie est impressionnante et  le sentiment de danger toujours présent. La conclusion de cet arc confirme l'impression du début. Le nouveau Bond est un salopard de première !! Il ne se soucie pas des lois ni des autres (les dommages collatéraux de cette première grosse scène sont impressionnants)

 

Mais une fois l'intrigue mise en place, Casino Royale glisse rapidement vers un affrontement psychologique entre Bond et Le Chiffre autour d'une formidable partie de cartes, de plus de 45 minutes. Exit donc les bons mots, les clins d'oeil aux spectateurs. Le film atteint alors  des sommets jamais atteints dans la saga. Et Campbell n'idéalise jamais son personnage, notamment à travers une bagarre à mains nues où 007 élimine brutalement deux tueurs africains. Pas de fioritures, pas de sophistications, le métrage se refuse même à tout ce qui l'éloignerait du réalisme. Pour une scène d'une telle intensité, il faut remonter à la mort du Docteur dans Demain ne meurt jamais, quand celui-ci est froidement abattu par Brosnan.

 

Autre grande rupture avec les 20 épisodes précédents, le rôle féminin n'est pas sacrifié sur l'autel du cliché ou du sexisme. Campbell ose même filmer Eva Green (sublime) sans maquillage, dans une scène où la belle Française se prépare pour la soirée, retournant  le jeu machiste de Bond contre lui en lui imposant un smoking. Nettement plus sérieux, une autre scène nous la montre traumatisée sous sa douche après la mort des deux Africains. La jeune femme comprend alors que 007 n'est en rien un petit joueur et qu'elle est mêlée à quelque chose qui la dépasse. Rarement, un Bond n'avait été aussi loin dans la tête de ses personnages. De même que rarement un Bond n'aura abordé les relations 007-femmes de cette manière. Au fur et à mesure de la progression du film, l'agent affiche ses fêlures, se laisse gagner par la confiance. Et le dernier acte explique alors toutes les autres relations qu'il aura dans le futur, sa peur de l'attachement voire son mépris pour le sexe faible. La trahison qu'il va subir le rendra plus fort mais surtout plus cynique et plus froid. Du passé faisons table rase, certes, mais expliquons le futur par les racines du passé.

 

Mais le trait de génie de Casino Royale est que, pour une fois, le méchant n'est qu'un pauvre type ordinaire. Un banquier mégalo certes, un joueur de poker de génie (mais après tout, Bruel le serait aussi) mais en rien un guignol d'opérette venu cabotiner devant une batterie d'ordinateurs. Seul l'argent le motive et l'intrigue ne lui prête aucune intention de gouverner le monde. Froid, calculateur, mauvais, Le Chiffre est un salaud à la hauteur et il le prouve dans une scène de torture qui traumatisera tout spectateur mâle !! Le Chiffre veut juste se refaire et qu'importent alors les moyens. Voir un méchant s'injecter de la ventoline n'est pas à la portée de n'importe quel scénariste tâcheron venu !!

 

Bond, ce sont des répliques qui tuent. Ici, elles arrivent toujours quand on ne l'attend  pas. Bond commande un Vodka Martini, le barman lui demande ses préférences (Shaker ou cuillère), il répond "qu'est ce que j'en ai à foutre" (il est vrai que Bond vient de perdre 10 millions de dollars). Plus de glamour donc, exit les clins d'oeil. Et le sempiternel "Bond ! James Bond" intervient à la toute fin du film tandis que 007 vient d'expédier une balle dans le genou d'un malfrat. Jouissif et finalement à l'image d'un film qui ne s'embarrasse pas de faux-fuyants ni de fausses excuses.

 

On pourrait, si l'on voulait chercher des défauts au film, dire que la fin est un peu bancale, entre retournement de situations, trahisons en série mais ce n'est que broutille dans un océan de pureté. Campbell referme d'ailleurs son film avec une formidable scène d'action située dans une maison de Venise en train de sombrer, mais là aussi ne sacrifie pas ses personnages et reste dans le monde réel. La mort d'Eva Green et le cri primal de Bond nous achèvent : Casino Royale n'est pas un  film d'action, mais bel et bien un drame psychologique mâtiné, tenez vous bien, de comédie chien-chat (ces comédies typiquement anglo-saxonnes où les héros se disputent avant de tomber amoureux) mais le tout joués sur un registre totalement adulte. Il est loin le temps de Roger Moore et de ces péripéties sympathiques, mais qui dépendaient totalement du scénario et surtout qui s'ancraient dans leurs époques.

 

Casino Royale est plus qu'un Bond de transition. À l’instar de Batman Begins ou du magistral Superman Returns, c'est une véritable renaissance que nous offrent Martin Campbell et Daniel Craig.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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