Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 07:57

Le pitch : un cinéaste plus ou moins escroc embarque une jeune actrice et son scénariste pour une île mystérieuse afin de livrer un film très spectaculaire. Le résultat dépassera toutes ces espérances.

Hommage

Voilà le maître mot de ce remake qui ne se cache pas. Du générique du début , calqué sur celui de la RKO en passant par  la trame générale de l'histoire , Peter Jackson a décide de se faire plaisir, de refaire le film qui l'avait tant marqué étant enfant et qui l'a décidé à devenir cinéaste. Intentions louables et honnêteté sans faille. Mais à l'arrivée, un film inférieur aux trois Seigneur des anneaux.

Que l'on ne se reprenne pas, ce King Kong 2005 mérite tous ses superlatifs : spectacle grandiose, émotion non sacrifiée sur l'autel du spectaculaire, acteurs souvent impressionnants, esprit B totalement assumé et assuré et fidélité absolue au film étalon de 1933. Ici, pas d'idiote blonde recueillie en pleine mer, pas de magnat du pétrole cherchant de nouvelles sources dans le Pacifique, et surtout, pas d'ancrage en 2005. L'action se passe dans les années 30, reconstituées avec un soin maniaque et l'histoire est celle imaginée il y a 70 ans, Jackson allant jusqu'à recréer la scène mythique et perdu dite "des araignées". Il suffit donc de regarder des photos de 33 pour les imaginer en couleur et l'on comprend que ce remake en est vraiment un. Je reviendrai sur ces aspects dans la deuxième partie de ma chronique.

Métrage inégal

Le plus gros défaut du film était déjà présent dans le film de Cooper mais sa longueur l'intensifie. Le rythme du film est bien trop inégal. A une première partie trop longue (le voyage vers l'île) succède une deuxième partie totalement folle en péripéties impressionnantes mais entrecoupée de longueurs là aussi et une troisième partie où l'action revient à New York  mais survolant un peu trop vite le thème principal à savoir La belle et la bête.

La première heure du film nous présente les personnages mais certaines motivations ne sont pas assez exposées. Si le cinéaste s'attarde sur le personnage de Carl , se reconnaissant sans doute dans cet homme un peu rond prêt à tout pour faire son film (excellent Jack Black) et si Naomi Watt, années 2000 obligent, échappe à la mysoginie du film originel, les autres personnages ne sont que des silhouettes dont on comprend mal les obligations et qui disparaîtront au fur et à mesure de leurs rencontres avec les habitants de l'île. Même Adrian Brody paraît un peu perdu malgré son immense talent. Là où Jackson avait réussi à gérer des dizaines de personnages dans La communauté de l'anneau, il peine ici à imposer autre chose que des clichés. Pire encore, certaines motivations apparaissent floues . Ainsi la scène où Ann tombe dans les bras de Jack aurait pu arriver à n'importe quel moment. On sent des coupes dans les métrage, un peu comme dans Le retour du roi où , encouragé par le succès de ses versions longues, Jackson avait pris le risque de livrer un Work in process. Ici, le film semble incomplet et une scène au moins capitale , présente dans la bande annonce , a disparu : celle où Ann est filmée sur la plage mimant la peur devant un danger inconnu et où résonne en écho le cri de Kong. Certes, la carrière d'un film en salle est courte mais de là à reserver le director's cut au seul DVD !!

Pendant presque une heure on ronge donc son frein en espérant que cette maudite île arrive rapidement ou que les acteurs fassent quelque chose de plus intéressant. Fort heureusement, l'humour discret  permet de ne pas s'ennuyer, surtout avec le cuistot (qui joue aussi Kong via la motion capture) et ses recettes dignes d'un JP Coffe sous acide.

Jackson clôt cette partie avec une scène de naufrage franchement impressionnante surtout quand on sait que tout a été tourné en studio. La minutie portée aux décors (les rochers en forme de Kong !!) nous fait enfin comprendre où est passé le budget de 200 millions de dollars.

Arrivé sur l'île, le film prend enfin sa vitesse de croisières et aligne alors une succession de scènes extraordinaires. La découverte de la peuplade indigène est le premier choc car elle surprend par sa cruauté. Pas de doute, Jackson est bien l'homme qui tourna Bad Taste et Braindead. Les allusions de racisme tombent à plat car il est clair que cette succession de clichés n'est que l'écho des années 30, période où l'on se préoccupait peu d'égalité ou de quotas. Épouvantables et cruels, les habitants de l'île du crâne ne sont que des dégénéré, totalement étrangers à la culture "blanche" et pour qui le sacrifice humain n'est qu'un mode de vie comme un autre. King Kong n'est pas un film politiquement correct. Après tout, on aurait pu voir une tribu terrorisée demandant de l'aide à ces étrangers pour venir à bout de la bête.

Le film démarre sur l'île

Le sacrifice de Ann répond à nos attentes : images flamboyantes, musique tribale assourdissante et première apparition de Kong. Le film démarre alors complètement et le talent de Peter Jackson éclate enfin au grand jour. Comme dans les meilleurs moments de sa trilogie, le cinéaste aligne les moments d'anthologie et ce avec une décontraction incroyable. On ne se demande pas si c'est vrai, on est dans l'action, dans le réel. La fuite des héros devant les brontosaures devient la consécration d'un fantasme de cinéphiles que même Spielberg n'avait pas osé dans Le monde perdu. La scène a d'ailleurs visiblement été conçue pour surpasser la fuite des chasseurs devant le T-Rex du film de tonton Steven. Pari gagné. Et ce même dans ces moments les plus cartoons : ce passage délicieux où les mastodontes dégringolent le long de la falaise : incroyable et ahurissant de réalisme. Et la scène dure, dure mais dans le bon sens du terme. Cela n'arrête pas et on se demande comment les héros peuvent encaisser autant de péripéties.

Et quid de ce combat entre Kong et les 3 T-Rex. Après une surprise de taille (que je ne dévoilerai pas mais sachez , pour ceux qui ont vu le film qu'on y voit un lézard tué par ....) , Jackson nous balance encore du culte absolu : Kong redevient un animal sauvage et se bat comme une brute, broyant du dinosaure tout en protégeant sa dulcinée. Incontestablement un sommet du film.

Cette succession, lassante chez un tâcheron , devient fascinante : Kong balance les héros dans un gouffre, ceux ci sont attaqués par des insectes énormes et répugnants, Jack parvient à sauver Ann non sans avoir réveillé quelques chauves souris géantes (des ptérodactyles en 1933) et au final, Carl capture Kong. Du grand art, des scènes qui amènent le film très très haut. Bref, on pourrait parler de chef d'oeuvre.

Une romance bancale

Mais, cette succession de bonheur est interrompue par une romance un peu bancale. Peter Jackson a voulu que Kong soit un animal et non un singe humanisé. Du coup, on comprend mal pourquoi il va s'attacher à Ann. Certes, si l'on réfléchit, Kong est habitué aux hideuses indigènes et la présence de cette femme blanche va sans doute réveiller quelques sentiments. Mais le film de 33 me semble plus juste sur ce terrain, plus nuancé. La scène où Ann fait son numéro de Music Hall arrive comme un cheveu sur la soupe même si elle explique une partie de la romance naissante. Là aussi, il y aurait eu des coupes ? Point de détail donc mais qui gâche (un tout petit peu) la partie centrale.

Cela dit, difficile d'expliquer logiquement pourquoi un singe géant tomberait amoureux d'une femme . Laissons donc de côté ce point et cherchons explications ailleurs. Le montage est peut être à revoir : si Jackson avait opté pour un croisement d'histoire, comme dans les opus 2 et 3 du seigneur des anneaux, cette partie un peu faible se serait sans doute dilué. Mais dans un soucis de respecter le film de 33, il passe en fait des péripéties du groupe de Carl à l'aventure de Ann mais sans couper ses scènes. On est donc sans nouvelle de l'un ou l'autre groupe pendant longtemps à chaque fois. Fidélité au film donc mais fidélité aussi à ses défauts d'origine.

Une partie finale presqu'à la hauteur

La capture de Kong ramène donc la bête à la civilisation et nous donne l'occasion de revoir ce superbe New York recréé par Weta . Bien sûr le gorille se libère très vite et va donc retrouver Ann et l'emmener au sommet de l'Empire State Building. L'intelligence de Jackson est d'avoir abrégé les destructions dans la ville : certains pourront être déçus car Kong ne rase pas d'immeubles ou ne saccage pas de train mais au c'est somme toute logique. Désorienté, le singe cherche des repères qu'il connaît et une bête sauvage affolée va plutôt chercher à se cacher plutôt que de se lancer dans une orgie de destruction. Du coup, cette partie finale parait un peu déséquilibrée, surtout face à la folie des scènes sur l'île mais , je le répète, c'est tout à fait logique. Jackson a échapper à cette volonté du toujours plus et reprend la structure du Retour du Roi en ne plaçant pas les moments les plus spectaculaires à la fin. Peter Jackson se permet également une récréation type Holiday on Ice, un peu hors sujet mais superbement bien faite. 

Kong va donc escalader le building, détruire quelques avions (superbe chorégraphie !!) et mourir sous les balles de l'aviation américaine. Ann ne pourra pas empêcher son destin tragique et le film se termine comme en 1933 avec la phrase "C'est la belle qui a tué la bête"

Bilan positif

Au final, malgré ses défauts et ses quelques déceptions, King Kong est une réussite, un vrai film de monstres à l'ancienne qui ne s'embarrasse pas de considérations philosophiques. Et c'est peut être là, paradoxalement, que le bat blesse. Car désormais, une série B moderne tente toujours de camoufler ses oripeaux sous un message , écologique dans Jurassic Park ou politique comme dans ID4. Jackson joue sur le premier degré, offre au spectateur ce qu'il veut voir (un singe géant castagner des T-Rex) mais en oublie un tout petit peu d'étoffer son spectacle, trop heureux de réaliser un rêve de gosse. 

Mais que l'on ne s'y trompe pas, King Kong est un film formidable , une réussite incontestable auquel il manque juste un supplément d'âme.
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Salla Obscursium Invocat
  • : BO US, BO France, BO Mondial, chroniques ciné, Chroniques DVD..... Toujours sans concessions et politiquement incorrect !!
  • Contact

  • Dave
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?

La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment