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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 06:28

Le pitch : Des culturistes , dirigé par un coach physique Daniel Lugo, décident d'enlever un homme d'affaire pour lui voler ses biens.

 

Décidément Michael Bay est vraiment un réalisateur atypique. Après presque deux décennies de gros films d'action, dont 5 ans sur la trilogie Transformers où il a totalement redéfini le concept de spectacle au cinéma, voilà qu'il met en scène un fait divers crapuleux, pour 26 millions de dollars, mais qui, ironiquement, se trouve totalement adapté à sa façon de voir le cinéma.

 

Il est tout aussi ironique qu'avec No pain no gain (un titre totalement stupide, puisqu'allant à l'encontre du Pain and  Gain original) de voir qu'il recueille les meilleures critiques de sa carrière. Ironique car tout ce que déteste la presse à son égard à savoir ses tics de mise en scène, son utilisation des ralentis, son humour plutôt vulgaire, son abus des philtres et son montage qui a fait passer John Woo pour un émule de Rohmer, tout ceci est la base même de No Pain No Gain. Doit-on en déduire que la presse française a aimé le film parce que Bay filme une Amérique que la France aime détester, à savoir une Amérique superficielle, uniquement préoccupée par sa forme physique, la réussite, l'argent ? 

 

Doit-on en déduire que quand vous mettez en scène des Américaines bas de plafond et profondément stupides, vous obtenez les hourras des journalistes ?

 

Si tel est le cas, alors nos critiques ont un sacré problème et prouve qu'lls ne connaissent rien à l'Amérique. Mais cela, on le savait déjà.

 

Foin de considération sur les motivations de la presse. No pain No gain est effectivement un des meilleurs films de Bay qui, sans atteindre les sommets de The Island ou de Pearl Harbor, plonge le spectateur dans une histoire tellement incroyable que le réalisateur se sent obligé d'insérer un panneau "Ceci est toujours une histoire vraie" !

 

Car il faut parfois se pincer pour y croire : ce fait divers franchement crapuleux, émaillé de personnages grotesques et de situations totalement hallucinantes, a réellement eu lieu. Et même si certains aménagements scénaristiques ont été nécessaires, cet enlèvement mené par un trio de pied nickelés laisse pantois. Et Bay se fait un malin plaisir de plonger dans un univers de frime, de culte de soi et de mauvais goût, le tout dans un Miami écrasé de soleil, ville qu'il retrouve pour la troisième fois après les 2 Bad Boys.

 

Il est aidé par la performance incroyable de Mark Whalberg et de Dwayne Johnson. Les deux acteurs bodybuildés à l'absurde (surtout Whalberg) n'hésitent pas à se montrer comme les pires crétins que l'on ait vu à l'écran. Mais des crétins dangereux, sans aucune morale et persuadés de leur bon droit. Ils n'ont pas grand chose, l'autre a tout donc ils ont le droit de lui prendre. Un raccourci impitoyable qui va les autoriser à tous les excès. Des excès que Bay filme avec gourmandise, n'hésitant pas à utiliser des trucs de mise en scène totalement décalés et qui navrera sans doute l'amateur de cinéma bien politiquement correct.

 

L'emploi de la voix off de tous les personnages, y compris les secondaires , comme la petite amie de Lugo, pemet également de plonger dans les méandres de cette affaire où rien ne se passe comme prévu, mais où personne ne s'affole vraiment. Chaque obstacle est balayé de manière radicale et fait que le trio s'enfonce de plus en plus dans l'horreur. Ce qui ne devait être qu'un simple enlèvement va vite se doubler de torture, puis de tentative de meurtre puis de meurtres tout court ! Et au fur et à mesure que la fuite en avant s'accèlère, le trio abandonne toute morale, toute référence à la loi. Lugo veut vivre la vie de ses riches clients et il n'hésite pas à pervertir tout son entourage, ses amis, son patron même pour y arriver. Résultat, il entraînera tout ce beau monde dans sa chute, chute qu'il ne comprend pas étant persuadé d'être un génie du crime.

 

Rarement une telle imbécilité aura été montrée au cinéma. Ces beaufs puissance 10 uniquement tournés vers eux-mêmes ne sont même pas détestables, vu que Bay les filme comme des icones. C'est d'ailleurs le reproche que lui  a fait le véritable homme d'affaire qui fut au centre de cette histoire. Pour lui, il n'y avait rien de glamour ou de "rigolo" à se faire enlever, torturer puis laisser pour mort sans que personne ne vous croie. Mais au-delà de cette "humanisation" d'un trio de crapules, c'est bien la descente aux enfers des personnages que Michael Bay décide de raconter. Et il ne les jugent pas, il se contente de décrire des faits. Mais il le fait avec sa mise en scène, toujours aussi démentielle. Les 5 ans qu'il vient de passer sur Transformers l'ont conforté dans son idée qu'un film de cinéma se doit d'en mettre plein la vue. Il pousse donc cette notion dans ses derniers retranchements et la moindre petite péripétie comme une poursuite à pied ou la destruction d'une voiture est filmée de la même manière qu'un combat entre Optimus Prime et un Décepticon : avec emphase, excès et une certaine frime.

 

En fait, la mentalité des personnages déteint sur le film : Bay envie les auteurs adulés par la critique et il leur vole sans vergogne toutes leurs astuces. Mais chassez le naturel, il revient au galop : Pain and Gain n'est pas un film d'action ni un film social ni un coup de gueule anti-capitalisme et pas plus une parabole sur l'Amérique des 90's. C'est bien plus simplement une récréation pour un cinéaste doué et qui le sait, un cinéaste qui se fout totalement du qu'en dira-t-on et qui profite d'une pause entre deux énormes monstres (Transformers 4 sortira l'an prochain) pour se faire plaisir. Il est d'ailleurs amusant de voir que , comme pour Bad Boys 2 (un film que j'adore), il se sert de son histoire pour expérimenter les trucs les plus déjantés, ceux qu'on n'apprend pas en école de cinéma et qu'au final son film, c'est du 200% Bay.

 

Comme quoi, il n'a pas besoin d'un budget délirant pour faire du cinéma. Cela devrait faire réfléchir tous ceux qui veulent illustrer les faits divers avec des téléfilms...

 

 

No pain No Gain (****)
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commentaires

F
Comme je l'ai lu sur un site américain, le film n'est pas la rédemption de Bay, mais assurément quelque chose de différent.
Répondre

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  • : Salla Obscursium Invocat
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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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