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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 07:01

Je remets en ligne la chronique de Rollerball, l'un des derniers films de McTierman, parue initialement sur l'ancien site. Je l'ai revu récemment et mon opinion n'a pas changé : même massacré par des producteurs stupides, Rollerball reste un sacré truc de malade entièrement tenu par la classe de McT !!

Enfin, il est là , après des mois d'attente. Le nouveau Mac Tierman , l'un des rares cinéastes pour qui le cinéphile passionné donnerait son bras pour voir un de ses films, nous offre un joyau de plus dans sa filmographie déjà parsemée de chef d'oeuvre. Car Mac Tierman, c'est Die Hard I et III, Predator, Last Action Hero, le 13eme guerrier, A la poursuite d'Octobre Rouge pour les réussites ultra majeurs. Même ses films plus calmes comme Medecine Man ou Thomas Crowe sont , au minimum, des leçons de mises en scènes qui refusent les effets faciles, et de toutes façons, des films d'entertainement sacrément bien troussés. Mais tout génie qu'il soit , Mac Tierman n'a , hélas , pas aux yeux des exécutifs d'hollywood l'aura d'un Spielberg ou d'un Allen. Pour imposer ses idées , il doit se battre bec et ongle . Parfois il gagne, parfois il perd. Pour Rollerball , il a perdu et la MGM a massacré son film. Mais on ne détruit pas aussi facilement un tel film. Car a moins de retourner totalement le film, la MGM a bien été obligé de se servir des plans de Mac Tierman. Et quels plans, quelle composition magistrale !! Malgré leur aspect clip évident (Mac T avait voulu exploser le record de L'enfer du dimanche question plan), l'action est tellement lisible que l'on sait toujours ce qui se passe. Vous pouvez dessiner des moustaches à la Joconde, vous ne pourrez jamais effacer le tableau.

Du Rollerball, Mac T a gardé la trame (en gros, un joueur de Rollerball voit sa popularité augmenter au point de gêner les dirigeants du jeu) dans le seul but de faire un film de "bourrin" . Forcément, les 4 parties de Rollerball du film constitue l'essentiel du métrage. Inutile de dire qu'elles enfoncent quasiment tout ce que le cinéma sportif nous a montré depuis des décennies. Là où l'original se contentait d'une piste circulaire , Mac T nous balance une piste en 8 , des règles incompréhensibles , des tunnels de plexiglass, des explosions lors des buts bref rien que du cinématographique. Il lâche ensuite son armée de cascadeurs là dedans au son d'une musique métal des plus excitante (supervisée par Eric Serra que l'on a connu beaucoup plus calme) et c'est parti pour de la folie pure , des cascades démentielles et surtout l'usage de toutes les techniques de la vidéo et de la télé : insert sur les joueurs, utilisation d'effets d'affichages durant le match, ralenti.... Mac T filme à la fois l'action réelle et ce que les téléspectateurs voient. Au final, un résultat détonnant, usant mais sacrément jouissif. L'idée de situer le film en Asie centrale permet en outre d'insister sur le côté crade du jeu : les stades sont vétustes, les spectateurs passablement portés sur la vodka, tout cela sent un parfum de fin du monde diablement enivrant. Mac T se permet évidement de faire parler les protagonistes en langues locales. Pourquoi faire des concessions ? De même, et pour la première fois depuis Predator, aucune star dans le film, sans doute parce Rollerball est un film politique et que rien ne doit distraire le spectateurs du propos. Chris Klein, LL Cool J sont donc des acteurs solides , pas des stars. Et ils illuminent les scènes d'actions par leurs seules performances physiques.

A ces scènes s'ajoutent l'ouverture du film (une course poursuite épatante en luge à roulette dans les rues de San Fransisco) et la tentative d'évasion des deux héros de Mongolie, entièrement tournée en vision de nuit : une folie expérimentale qui nous balance un avion cargo émerger d'une tempête de sable. De la démence pure et des moments jubilatoire en diable. Si les écoles de cinéma étaient bien faites, cette dernière scène devrait être décortiquée par les apprentis metteurs en scène.

Malheureusement, nous devons supporter les coupes brutales (30 minutes de métrage auraient dégagé) qui d'une part altèrent le discours nihilistes du film et d'autre part nuisent considérablement à la continuité du récit. On voit très clairement que les raccords sont brutaux et manquent de logique. Tailler dans le récit de cette manière pour édulcorer le propos n'a finalement aucun intérêt puisque le film perd toute direction et ne peut donc qu'être un échec. On se demande même pourquoi ne pas sortir le film dans sa forme première . L'histoire montre que tous les films massacrés de la sorte ont été des échecs publics : Chapeau Melon et bottes de cuir, Soldier, Hellraiser IV, Le 13eme guerrier... Qui arrêtera la folie des producteurs incompétents qui pullulent à Hollywood ?

De plus, la palette graphique et l'informatique se révèle ici des instruments diaboliques : effacées les litres de sang qui souillaient la piste, effacée la nudité de Rebecca Romijn-Stamos. Par contre, les poitrines dévêtues des joueuses dans les vestiaires ont survécu en Europe (mais pas aux USA semble-t-il) . Toujours dans le but d'édulcorer, toujours dans le but d'attirer le public "djeunes" . Mais à l'heure où les "djeunes" rêvent de participer à Loft Story 2 , y a-t-il une place pour des brûlots comme Rollerball ?

Car quittons le terrain du cinéma deux secondes et posons nous sur celui des médias. Que montre Rollerball ? Le dirigeant d'un sport violent qui utilise cette violence pour faire monter l'audimat mais détourne les yeux à la moindre goutte de sang . Un hypocrite de première (magnifique Jean Reno) qui ressemble trait pour trait à tous ces moguls d'Hollywood . Utilisons la violence comme outil marketing mais frustrons le public de ses mêmes images si bien vantées. A l'heure où le sport en général ne compte plus que pour ses images bien léchées , ses coups de gueule , ses actions brutales , à l'heure où le JT nous balance des images d'une violence insoutenable mais sans nous prévenir aucunement , voire en mettant en scène l'actualité (amusez vous à compter le nombre de coupe dans une interview et jugez ensuite de la crédibilité du propos de l'interviewé) , Rollerball remet les choses à leur place : les médias se nourrissent de notre frustration, de notre goût pour le sang , flattent nos instincts primaires et ne cherchent pas à nous élever, bien au contraire.

Mac Tierman (qui a démarré son travail de cinéaste en décortiquant La nuit américaine de Truffaut) ne fait que confirmer cette tendance. Les médias se déchaînent contre lui car il ne fait que montrer leur vraie nature. Les producteurs le détestent car il les renvoie à leurs propres contradictions. Le public l'ignore car Mac T n'est pas un m'as-tu vu qui étale ses rancoeurs sur la scène médiatique à l'image de tous nos tâcherons bien français qui hurlent avec la meute après le cinéma étranger forcément inférieur au leur et qui leur vole des parts de marché . Cette dialectique me rappelle furieusement les conneries de le pen sur "3 millions de chômeurs, c'est 3 millions d'immigrés".

Rollerball n'est pas le meilleur Mac T dans sa forme actuelle. On nous ferait l'aumône du director's cut et on pourrait se rendre compte que si le cinéaste avait réinventé l'action en 88 et 95 avec ses Die Hard, il vient sans doute de redonner le ton pour la nouvelle décence. Et cela , rien ni personne ne pourra lui enlever

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 09:08
Roy est un arnaqueur professionnel qui a sombré dans la névrose depuis que sa femme l'a quitté. Seul son associé, Franck, le rattache de justesse à un monde normal. Mais un jour, sa fille de 14 ans va débarquer dans sa vie, ravie d'avoir un papa hors norme. Rapidement, elle va lui demander de lui apprendre les ficelles de l'arnaque. Mais l'élève va se montrer plus douée que prévu.

Rendons à César ce qui appartient à César. Durant des années, Ridley Scott a alterné les genres (SF, historique, thriller, guerre) sans jamais aller vraiment vers la comédie. Le prodige anglais de la pub , qui a lancé toute une industrie vers la recherche de la belle image a bâti sur sa carrière sur une filmographie où l'on rigole rarement, où l'on meurt dans la souffrance, voire dans l'horreur. Le pessimisme intrasèque de ses films n'avait d'égal que la brutalité de son discours. Rares sont les films de Scott se terminant vraiment bien !! Scott s'attaque donc à la comédie et rendons lui ce qui lui est dû, laisse enfin éclater ce que l'on soupçonnait depuis longtemps : sa direction d'acteur est sans pareil !!

Cela peut paraître étonnant quand on sait que pas mal d'acteurs , comme Harrison Ford , disent de Scott qu'il passe plus de temps à régler son image plutôt qu'à discuter avec ses acteurs mais il est clair que depuis quelque temps, son approche ait évolué. Avec Les Associés , débarassé des artifices et de la pression de générer un succès au Box Office, Scott peut enfin se laisser aller à jouer avec ses acteurs , à les diriger. Le résultat en est prodigieux.

Alors que les films de cet été se sont surtout basés sur des formules , parfois sans risques, Les Associés ne fonctionne pas sur un schéma connu. Alors que l'on aurait pu croire que le duo normalité/exentricité pouvait emmener le film vers un Rainman bis, alors qu'il aurait été si facile de tomber dans la vulgarité et la facilité, Ridley Scott, par la force du scénario, évite tous les obstacles et offre non pas une comédie mais bel et bien un drame avec des éléments de comédie. Nuance . En confiant le rôle titre à un Nicolas Cage au sommet de son art, il ne fait que répéter le miracle des ses trois derniers films : prendre des comédiens parfois sous employés mais expérimentés et les mettre dans la lumière, leur offrir un vrai rôle digne de leur talent. Si Cage n'a pas démérité ces dernières années, loin de là (revoyez A tombeau ouvert ou La cité des Anges), force est de reconnaître que l'on attendait un personnage dans la lignée de Castor Troy, un personnage où la folie de l'acteur serait partie intégrante du personnage. Car Cage est le film. Quasiment pas un plan sans lui. Mais quasiment pas de cabotinage non plus là où un tâcheron se la serait joué "actor's studio". Impressionnant, l'acteur tient le film sur ses épaules.

Bien évidement , le reste du casting est à l'avenant et sert merveilleusement son rôle de faire valoir, cela étant dit sans aucun mépris. Car Les Associés n'est pas tant un film d'arnaque mais bel et bien un film de rédemption, qui passera par la plus dure épreuve d'un père : la perte de l'enfant . Le Roy du début du film n'a rien à voir avec celui de la fin. Sam Rockwell est admirable, Alison Lohman, adorable mais jamais ce duo d'acteurs ne parvient à voler la vedette à Cage . Le but n'est pas là, de toutes façons.

Paradoxalement, on est loin du concept hollywoodien du film pour star. Alors que Scott, après ces 3 derniers cartons (pas loin du milliard de dollars au bo mondial !!), aurait pu aller plus loin dans la démesure, il a choisi une saine récréation, un petit film (par le budget ou l'ambition. Quoique) et ne se concentrer que sur des problèmes simples à résoudre. Pas de logistique monstrueuse à la Black Hawk Down ou des effets visuels délirants à la Gladiator. Mais Scott reste Scott et parsème son récit d'accélérations foudroyantes, de décrochage brutale de rythme, bref truffe le métrage de procédé clip et pub. A cela s'ajoute une lumière très froide qui n'a rien à voir avec celle de la comédie mais qui au contraire rajoute un certain malaise à la vision des affres de Roy.

Une comédie réussie se doit d'aligner des gags ou des situations comiques. Ici, l'élément de comédie est diffus, rarement mis en avant. Il ne faut pas s'attendre à rire à gorge déployée mais plutôt à sourire régulièrement des situations. On ne rit pas des personnages même si la névrose de Roy est la source de pas mal de choses amusantes. La force du film est bien entendu de ne jamais tomber dans la grosse farce, ce qui serait incompatible avec le talent de Ridley Scott.

Enfin, peut-on vraiment parler de comédie quand la dernière partie vire quasiment au drame, sans avertissement. Mais même sans déflorer la fin , le retournement final des associés change une nouvelle fois la donne et éclaire alors certains aspects de l'histoire. Pas de doute, on est bien ici au centre d'une histoire et non pas d'un concept basé sur des effets visuels ou des personnages de bd, chose de plus en plus rare à l'heure actuelle.

En réalisant Les associés, Scott s'est fait plaisir, a fait un break mais n'en a pas moins offert aux spectateurs un des films les plus touchants de l'année. En refusant la surenchère , en s'attachant à filmer un scénario et à mettre en scène des personnages, il montre , une nouvelle fois, qu'il reste imprévisible et qu'il ne va jamais là où on l'attend. Hélas , le public français aura préféré boudé cette perle d'intelligence . Tant pis pour lui.
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 07:13
Le pitch : New York . 1930 . La ville est attaquée par de mystérieux robots géants tandis que des savants disparaissent les uns après les autres. Une journaliste et un mercenaire, Sky Captain , mènent l'enquête.

Attention : DATE !! 1895 a vu naître le 7eme art, le début du XXeme siècle a vu les premiers expérimentations de Méliès, 1977 a vu la première brique de Star Wars tandis que Cameron et Spielberg ont lançé la révolution numérique en 89 et 93. 2005 voit une nouvelle date dans l'histoire du cinéma et il faut remonter à Tron pour voir une telle folie dans l'innovation et une telle recherche dans la maîtrise d'un nouveau langage. Capitaine Sky et le monde de demain est tout simplement une révolution en temps réel. Si vous étiez absent en 77 ou en 93 , alors ne loupez pas 2005. Car , quoiqu'en dise la presse , ce film est une date !!

Entièrement tourné sur fond bleu par un cinglé de la technologie , Kerry Conran, puis entièrement reconstruit dans des entrailles informatiques , le film marque déjà par son esthétisme coloré à la manière des sérials des années 30 ou des vieux Tarzans (ceux qui ont eu la chance de trouver le coffret métal de Weismuller me comprendront) : un monde d'une beauté fulgurante et dont les tons sépias adoucissent considérablement la dureté de l'image 3D. Le soin apporté aux éclairages , la densité de la poussière et les mouvements de caméras achèvent de faire de Capitaine Sky un vrai film et non une expérimentation fumeuse pour nouveau riche. Conran a passé 6 ans de sa vie à construire le protoptype de son film puis a réussi à convaincre un studio (la Paramount) et des stars comme Jude Law ou Gwyneth Paltrow de le suivra dans son aventure. Le résultat est époustouflant et malgré quelques réserves concernant une ou deux incrustations et quelques regards loupés (pas facile de s'imaginer un robot géant devant vous) , le pari est absolument réussi. On peut même dire qu'au bout de quelques minutes , on oublie le monde virtuel pour regarder un bon vieux film d'aventures que n'aurait pas renié tonton Spielberg.

La qualité du film se retrouve dans son ton, résolument familial : pas de scènes violentes, pas de sexe, pas de dialogues graveleux mêmes. Les quelques sous-entendus coquins sont plus dans la lignée des comédies romantiques des années 40. En clair , un film pour tous et toutes : si les plus grands vibreront aux aventures sans cesses rebondissantes du duo, les enfants seront emerveillés par le spectacle proposé et frisonneront devant les scènes les plus "effrayantes". On a reproché à Conran cet aspect enfantin mais il est clair qu'amener un public important était la condition sine qua non pour rentabiliser un tel projet. De plus, la brèche étant ouverte, gageons que des cinéastes plus adultes vont se ruer dans ce nouveau mode d'expression. Alors qu'importe qu'un enfant de 6 ans puisse suivre sans problème le film. C'est même une qualité première car qui a dit que les révolutions n'étaient reservées qu'aux seuls adultes.

Outre un régal des yeux (les acteurs sont franchement beaux et incroyablement mis en valeur, en particulier Gwyneth , que l'on croirait auréolée tout du long du film) , le film aligne scènes spectaculaires (l'arrivée des robots, les combats aériens) et visions dignes d'un Jules Verne (la cité volante) ou d'un Hergé (la citée perdue au Tibet) sans oublier des hommages à King Kong (le pont sur l'île de Totenkopf) ou à Miyazaki (les machines volantes, les robots). Conran puise tant dans le manga que dans le sérial que dans l'âge d'or des comics. Laissant de côté tout cynisme (le gag final est vraiment la preuve que le film ne désire se moquer de personne) , il cherche surtout à faire revivre un cinéma oublié, où les héros étaient d'une pièce et les héroïnes vraiment belles. Certes le mystère du méchant peut être vite éventé (quoique , je me suis fait avoir) et le scénario est plus un alignement de péripéties mais pas plus que dans n'importe quel sérial ou que un Indiana Jones.

Capitaine Sky est vraiment un métrage exceptionnel. Son échec public en France montre bien à quel point le public français est parfois incapable de voir où se trouve le vrai cinéma. Dommage.
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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 03:09
assasins.jpg1995 !! Joël Silver surfe sur le succès : Die Hard, Lethal Weapon, Predator... Ses franchises cartonnent.

Richard Donner lui, suite au triomphe de ses 3 "Arme Fatale" vient de réussir un pari risqué : Maverick. Son western burlesque et cynique avec Gibson et Foster a passé la barre des 100 millions de dollars.

Sylvester Stallone revient de loin. Après des années de galères, il a enchaîné coup sur coup Cliffhanger, Demolition Man et Le spécialiste. La star est redevenu Bankable.

Alors quand on annonce que le trio Silver-Stallone-Donner, épaulé par la star montante espagnole Antonio Banderas et deux jeunes frères scénaristes très prometteurs, les Wachowsky se sont réunis, on se dit que les billets verts vont pleuvoir.

Erreur !! Malgré tous ses atouts, Assassins ne fera que 30 millions au BO US pour un budget de 50 !!

Pourtant Assassins n'a rien d'un Silver classique ni d'un Stallone de base. C'est peut être cela qui l'a perdu.

La trame du film reste relativement conventionnel. Robert Rath, un tueur à gage, fatigué par son métier veut raccrocher. Il se lasse de cette existence. Mais il ne sait pas  que dans l'ombre, un jeune ambitieux s'ingénie à lui prendre sa place, quitte à l'éliminer. Rath va accepter un dernier contrat, histoire de se retirer fortune faite. Mais la cible, une jeune informaticienne, va lui permettre de retrouver son humanité.

Le thème de la rédemption est un classique du cinéma. On ne compte plus les films où des êtres qui ont voué leur vie au mal tente de se racheter. Ici, on a affaire en plus à la confrontation de deux mondes : Rath, tout tueur qu'il est , a des principes, tandis que Miguel , son challenger les piétine allègrement pour pouvoir s'élever. L'opposition entre les deux  styles peut d'ailleurs choquer. Après tout le script entend nous attacher à un tueur contre un autre. Rien de bien moral. Cela dit, le scénario prend soin de ne montrer Stalonne en tueur que dans le strict minimum. Il élimine un homme au début du film mais on nous fait comprendre que cet homme n'est pas un saint. Donner et Silver ne vont pas jusqu'à faire de Robert Rath une entité maléfique. Ils laissent cela à Banderas qui, s'il cabotine un peu trop, remplit parfaitement le rôle du salaud sans pitié.

Qui dit production Silver dit grosses scènes d'action. Et là, si on excepte une course poursuite (enfin, si l'on peut dire cela, vu que les deux protagonistes sont dans la même voiture) et une excellente fusillade dans l'appartement de Julianne Moore, on peut parler de minimum syndical. Mais qu'importe car le propos n'est pas là. On l'oublie mais en 95, Last Action Hero a démonté le mythe du héros d'action et True Lies s'est imposé comme le film utlime du genre. Silver entend donc explorer de nouveaux terrains et forcément, il tatonne. En mettant l'accent sur la psychologie et en demandant à Stallone de la retenue , Donner lui aussi tente d'échapper à son carcan de faiseur d'effets pyrotechnique en tout genre. On notera qu'il reviendra vite à ce qu'il sait faire avec Complots puis L'Arme Fatale 4 !!

On notera aussi que Silver refera appel aux Wachowski, pour un petit projet de SF : Matrix !!


En axant le scénario sur l'affrontement à distance entre les deux hommes , Assassins s'autorise une scène où le temps se distend littéralement :  Rath attend des heures dans une banque tandis que Miguel attend qu'il sorte. Le film se transforme alors en suspens psychologique. Les plus impatients détestent ce passage mais ceux qui entendent en profiter pour analyser la façon dont Donner filme le temps qui passe en ont pour leur argent. Gros plan sur des pendules, Banderas en sueur perdant son calme petit à petit,  Stallone  jouant avec les nerfs de l'adversaire, Moore faisant le lien entre le monde extérieur et la banque... Durant une vingtaine de minutes, le temps se dilate, la pression monte et quand Miguel, fou d'impatience, entre dans la banque, le film bascule (enfin diront certains) dans sa dernière partie, la plus conventionnelle avec sa nouvelle fusillade, son retournement d'alliance, ect... et son happy end, là où une mort tragique aurait été plus logique.

Les Rolling Stone terminent le film, amenant une note rassurante et connue à un spectacle qui s'est ingénié à faire perdre leurs repères aux spectateurs.

L'échec du film ne se justifie pas. L'action n'est peut être pas si présente mais elle est largement compensée par une pression psychologique intense. La plus belle scène du film : Stallone regarde sa main. Elle tremble. Il comprend qu'il doit raccrocher, qu'il est fini, qu'il doit laisser sa place à d'autres. Peu de films d'actions ont osé aller aussi loin dans la tête de leur personnage.

Stallone tournera ensuite Copland, Daylight , Get Cater abandonnant à jamais le super héros des années 80 qu'il fut pendant 6 ans. Assassins fut son chant du signe, peut être son plus beau film. Un film crepusculaire sur un acteur hors norme que le monde adora détester après l'avoir adulé.

Il est temps de réhabiliter Assassins , film prophétique et intelligent, film qui restera, selon moi, comme l'une des pierres angulaires de la carrière de Sylvester Stallone, l'homme qui n'a jamais voulu exister que pour un public, son public !!

(en remerciant Rocky Balboa le blog, je vous offre ce making of , hélas non sous-titré)

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9 septembre 2007 7 09 /09 /septembre /2007 08:55
EVENT-HORIZON.jpgBeaux échecs est une nouvelle chronique qui a pour but de mettre en lumière des films qui n'ont pas obtenu le succès mérité, malgré leur qualité. 

Even Horizon est sorti au cinéma en 1998 (1997 aux USA). Réalisé par Paul WS Anderson, son but était de mettre en scène un film d'horreur gothique réellement flippant, quasiment sans humour et brutal. Doté d'un budget de 70 millions de dollars, d'acteurs solides (Lawrence Fishburne, Sam Neil...) et d'un script qui pouvait rappeler La maison du diable, Event Horizon (rebaptisé en France Le vaisseau de l'au-delà !!) réussit au delà des espérances ce pari.

Pourtant, à l'arrivée l'échec sera brutal puisque les recettes US ne seront que des 26 millions de dollars. Quand au reste du monde, la sortie fut le plus souvent en catimini et j'eu la chance de le voir dans une salle totalement vide. J'étais le seul spectateur !! Il est clair que le public n'était pas prêt pour ce tourbillon métaphysique et surtout pour cette absence totale de second degré.

Rendons donc hommage à ce superbe film dont je possède le Laserdisc (d'une image cristalline !!) édité par Pionneer France en 1999.


Event Horizon commence par un petit rappel des faits. En 2040, le vaisseau Event Horizon disparaît au large de Neptune, sans laisser de trace. Puis la date 2047 - aujourd'hui envahit l'écran.

S'ensuit un long travelling sur Neptune, l'apparition du vaisseau, semblable à une croix suspendue dans l'espace. La caméra entre dans ses coursives. Des objets flottent en apesanteur. On arrive dans le poste de commandement plongé dans la pénombre, un homme les bras en croix  , à l'envers , se profile devant un hublot qui rappelle furieusement le vitrail d'une cathédrale. Lui aussi flotte. Il est mort et son agonie a dû être terrible. La caméra fonce sur lui . Flash !! Une  pupille apparaît, celle de Sam Neil, arraché par la sonnerie de son réveil à un horrible cauchemar. Le ton est donné : Event Horizon ne sera pas un film d'horreur rigolard à la Scream mais bel et bien un authentique cauchemar sans concession.

Rapidement, on apprend que Sam Neil est le concepteur de ce vaisseau, qu'il l'a construit pour aller au delà de la vitesse lumière et qu'il va participer à une mission de recherche pour le ramener sur Terre. En effet, l'Event Horizon a refait surface. L'équipe de sauvetage du vaisseau Lewis&Clark, menée par un Lawrence Fishburne impérial, n'a pas l'air d'être très enthousiaste à l'idée de s'aventurer aussi loin de la Terre, d'autant que l'on vient de lui sucrer une permission bien méritée. De plus, les hommes et les femmes ne se sentent pas à l'aise avec le créateur du vaisseau, ils sentent qu'il leur cache des choses. La suite du métrage leur montrera combien ils avaient raison.
Event1.jpg
Si la toute première partie du métrage peut évoquer Alien (l'équipage hétéroclite, le vaisseau qui est tout sauf glamour, l'arrivée sur l'Event Horizon) , la rapide découverte du sort de l'équipage de l'Event Horizon fait basculer le métrage dans l'horreur gothique et graphique. Après un visionnage du journal de bord, l'équipe du Lewis&Clark s'aperçoit avec horreur que les hommes disparus 7 ans plus tôt se sont massacrés entre eux. Les images insoutenables  (mais très fugitives, quasiment subliminales) prouvent que leur sort a été atroce. La vision la plus épouvantable est celle du capitaine du vaisseau qui s'arrache les yeux.

Le film bascule alors dans un sanglant cache cache entre l'équipage du Lewis&Clarke et la chose qui hante le vaisseau, cette chose que l'on ne verra jamais, l'âme de l'Event Horizon acquise quand il a tenté de passer le vitesse lumière. L'âme qui va tuer un par un l'équipe de Fishburne, les attirant dans des pièges sophistiqués, manipulant leurs peurs, leurs angoisses et aidé par un Sam Neil totalement sous l'emprise de son vaisseau.

La brutalité des séquences montrent que Anderson ne s'est pas donné de limite : décompression quasi explosive, chute et empalement, cascade de sang dans les coursives (une scène en hommage à Shining), oenucléation, éventration... Ainsi que des séances de torture dignes de l'inquisition révélées lors d'images flash ultra rapide. Et une absence d'humour totale, si ce n'est dans la présence d'un personnage plutôt sympa, le mécano noir prompt à la blague facile. Et encore, son temps "humoristique" doit représenter 3 minutes de métrage.
event.jpg
Event Horizon joue à fond le thème religieux. Le vaisseau ressemble  à une cathédrale, avec sa nef et son tranceps, son intérieur fait penser à une crypte gothique. Sa forme évoque celle d'une croix.  Le long couloir qui relie les deux modules ressemble à s'y méprendre aux contreforts de Notre Dame. Bref, l'Event Horizon est devenu une église dédiée à l'Enfer. D'ailleurs le message , le dernier délivré par le capitaine du vaisseau est le suivant "Sauvez vous de cet enfer", le tout dit, évidemment en latin, la langue de l'église. "Liberate tute me ex inferno" !! Anderson invoque carrément Dante et sa Divine comédie.

Mais le film va plus loin. L'un des personnages s'affiche comme profondément croyant. Il est terrorisé par le vaisseau. Il sera l'un des premiers à mourir. Il est également le premier à rejeter Sam Neil, à estimer qu'il a bafoué les lois de la physique. Mais dans son esprit  , lois de la physique ne signifie-t-il pas lois divines ?

Hanté par le suicide de sa femme, Sam Neil sombre sous l'emprise de l'âme de son vaisseau. Mais les autres protagonistes ont tous quelque chose à se reprocher. Fishburne ne se pardonne pas d'avoir laissé un incendie tuer l'un de ses hommes. La médecin de bord se sent coupable de laisser son fils sur Terre... Le vaisseau exploite leurs remords, leurs peurs et au final les tue, comme pour les punir de leurs échecs.

Magnifié par des effets visuels splendides, constamment baigné dans une lumière bleutée , le vaisseau flotte au dessus d'une planète envahie par des orages permanents. La bande son regorge de bruits de tonnerre comme dans les vieux métrages de la Hammer. Les décors, superbes et inquiétant, participent aussi à la réussite du film. Anderson a totalement assimilé les leçons de Scott et Cameron en matière de visions spatiales. S'éloignant radicalement de l'humanisme technologique de Star Trek mais aussi de la vision utopique de Star Wars, il ne fait que transposer dans l'espace un thème né avec la littérature fantastique : celui de la persitance du mal à travers un objet.

La fin ouverte , que l'on peut interpréter relie également Event Horizon à toute la filmographie d'épouvante des années 70 et du début des 80's quand on n'osait laisser le spectateur dans le flou. Et quand la musique du générique de fin retentit (Funky Shit, de la techno bien barrée), on reste sous le choc du métrage , conscient d'avoir assisté à un film hors du commun. Conscient aussi que ce spectacle ne pourra pas convenir à un grand public.

Echec mondial pour un film radical mais dont l'inventivité, le jusqu'au boutisme et la volonté de faire peur en font une réussite totale, de loin le meilleur film du réalisateur d'Aliens VS Predator.
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Présentation

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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

L'affiche du moment