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1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 15:27
The Predator (****)

Le pitch : alors que son commando s'est fait décimer au Mexique par une créature extra-terrestre, Quinn, un soldat à la marge parvient à récupérer une partie du matériel de l'Alien et de l'envoyer aux USA.

 

Qu'on se le dise, The Predator est un vrai film de nerd ! Irrespecteux, gore, totalement barge, ne se privant même pas de blagues les plus éculés, le dernier film de Shane Black n'est pas seulement un bon coup de pied au derrière de la bienséance, mais aussi (et surtout) un sacré film d'action SF qui s'assume. Ici, pas de faux semblants , pas d'alibis sociologiques, le métrage est là pour montrer des soldats se foutre dessus avec des Predators. Et qu'importe les incohérences du scénario, les coupes sombres dans le montage de la dernière partie ou les personnages souvent taillés à la serpe, on sait pourquoi on vient voir le film.

 

Dès l'introduction, le ton est donné : une vaisseau poursuivit par un autre saute dans l'hyperespace, s'écrase sur Terre et éjecte son pilote. Sans transition, on découvre le héros de l'histoire, un sniper passablement déjanté s'attaquant avec son équipe à un cartel de drogue. Et alors que dans le monde réel, la coïncidence que les deux protagonistes se ren contrent est proche du zéro, chez Shane Black (qui a coécrit le scénario), c'est tout à fait normal.

 

S'ensuit alors un mic-mac à base d'armes aliens envoyées par la poste (quand on sait que la douane vient fouiller dans tes colis quand tu commandes un album de Gorgoroth en Allemagne) et réceptionnées par un gamin autiste, qui va réussi à les faire fonctionner, une scientifique Casey Bracket (excellente Oliva Munn, vue dans Iron Man 2 et X-Men Apocalypse) aussi badass que bonne au tir, des soldats traumatisés par la guerre et qui feraient passer les 12 salopards pour des communiants en visite à Lourdes, sans oublier un super Predator de 3 mètres.

 

Quand aux dialogues, si vous trouviez ceux de l'original de McTierman salés, autant dire que ceux-ci vont vous arracher les oreilles !! Un exemple , juste pour rire : quand l'un des bras cassés rencontre pour la première fois Casey, il ne trouve que "Lèche ta moule" à lui dire.

 

Arrivé à ce niveau de ma "chronique" vous vous demandez sans doute pourquoi je mets quatre étoiles à ce qui semble être décrit comme un navet.

 

Parce , très sincèrement, c'est vraiment ce genre de trucs que l'on s'attend à voir dans un film de Predator ! Beaucoup ont oublié que le premier film avec Schwarzenneger avait été conçu comme une série B, parfait véhicule pour sa star, et dont les comparses reprenaient tous les clichés des films d'actions des 80's. C'est la mise en scène de McT qui a transcendé un script qui mangeait à tous les râteliers (un zeste de Commando, une bonne dose de SF, une louche de psycho-killer) et s'autorisait un humour à peine plus élevé que celui du présent film (Aiguise moi-ça, t'as pas une tronche de porte bonheur...). 

 

31 ans après ce chef d'oeuvre, Shane Black en reprend les codes, les accentue, les pousse dans leurs derniers retranchements. Je peux comprendre que cela en ait fait hurler certains, mais si tu sais qu'en entrant dans la salle, tu va voir un mélange d'action burnée, de gore, de dialogues stupides et salaces et, bien entendu, des Predator défarouiller de l'humain, tu ne peux qu'être transporté !

 

Bien entendu, je ne prétendrais pas que cet opus est à la hauteur du premier. Aucun ne l'a été, même si le 2e volume, situé à Los Angeles, s'en ait approché par moment. Si l'original a autant marqué, c'est qu'il bénéficiait de l'effet de surprise. Depuis, on en sait plus sur le chasseur Alien (le script en tient d'ailleurs compte de manière assez subtile, puisque Jake Busey joue le rôle du fils d'un personnage que son père tenait lui même dans le 2), ses origines et The Predator explore donc un peu plus la mythologie de ces créatures. Mais où Shane Black fait très fort, c'est qu'il ne cherche jamais à être plus important que son film. Il rend hommage à tout ce qui a été fait depuis 30 ans, amplifie certains aspects, en explique d'autres (on en sait un peu plus sur les raisons qui poussent les Predator à venir chasser) et remplit très sérieusement un cahier des charges très précis.

 

Refusant d'adoucir son propos (il parait que certains cadres de la Fox avaient espéré un PG13), le réalisateur/scénariste ne recule devant aucune outrance donc, mais ce n'est jamais gratuit, contrairement à ce que j'ai pu lire. Même les dialogues salés sont justifiés par le fait que ce ne sont pas des enfants de choeur qui affrontent le Predator. Et le fait que Casey se montre à la hauteur de ses nouveaux "collègues" ajoute encore une touche ironique au film. Le script avance tel un bulldozer , sans jamais chercher à ménager le spectateur.

 

Ceci explique sans aucun doute l'échec public du film. Trop frappadingue pour le très grand public, The Predator doit surmonter en plus son statut de 5e séquelle d'une oeuvre culte. En fait, seuls les fans et les nerds y auront trouvé leur compte. Mais cela n'a pas permis d'être au moins un succès et cela va sans aucun doute nous priver des suites annoncées par la dernière scène.

 

Gageons cependant que le film gagnera ses galons cultes en vidéo, car c'est tout à fait le type d'oeuvre faite pour ce support !!

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18 octobre 2018 4 18 /10 /octobre /2018 08:43
Mission impossible (****)

Le pitch : accusé d'avoir décimé son équipe à Prague, Ethan Hunt, agent de la force Mission Impossible, doit voler une liste d'agent à la CIA afin de coincer la taupe qui l'a trahie.

Premier volet d'une franchise ultra-lucrative, Mission Impossible par Brian de Palma est un brillant exercice sur les faux semblants, les vérités tronquées et les mise en abime. Si Tom Cruise est logiquement à l'origine du film, le réalisateur de Pulsion ou des Incorruptibles retrouve ici son thème de prédilection : ce que l'on voit n'est pas forcément ce qui est vrai.

 

A sa sortie en 1996, le film fut décrié par une partie des fans pour son twist à mi-parcours, à savoir que le traitre n'était autre que M.Phelps , héros de la série télévisée. Mais il fallait bien cela pour passer le relais à Tom Cruise , trop jeune pour incarner le chef de la section Mission Impossible. Et quelle meilleure façon que de faire table rase du passé en faisant voler en éclat toutes les certitudes du public. A cet égard, la scène où Ethan retrouve son chef à Londres et comprend comment l'équipe a été décimée est un morceau d'anthologie !!

 

En fait, il faut voir le premier Mission Impossible comme un film d'espionnage comportant des scènes d'action. On sait d'ailleurs que la dernière scène, celle du TGV, fut retournée car la fin n'était pas assez spectaculaire. Ce qui est amusant c'est que Brian de Palma fit le contraire pour son film suivant, Snake Eyes, à savoir enlever une scène très spectaculaire située à la fin du film. Mais pour autant réussi que soit ces scènes, comme la fabuleuse intrusion dans la salle d'ordinateur de la CIA, elle ne sont que la cerise sur le gâteau d'une histoire moins complexe qu'il n'y parait (en tout cas, à sa deuxième vision) mais qui laisse toujours le spectateur dans le doute. 

 

Et l'usage des masques est justement un excellent moyen de perdre le spectateur. Dans certains cas, on sait que le personnage en joue un autre, dans d'autres, on ne le découvre qu'à la fin de la séquence.  Or, c'est une marque du cinéma de Brian de Palma : le faux-semblant. L'auteur qui citait si souvent Hitchcock à ses débuts emballe les scènes d'action avec professionnalisme, mais ce n'est pas ce qui l'intéresse. Son choix se porte sur la quête d'Ethan et sur la façon dont il va découvrir, peu à peu, la vérité, toujours à partir de détails (la bible), et comment sa vision du monde va changer. Et mine de rien, dès ce premier épisode, le postulat est posé : Mission Impossible n'est pas un film d'équipe, mais un film où un héros prend le pas sur les autres et se trouve opposé à son agence. Cela sera le cas dans tous les autres films, sauf le deuxième. 

 

Alors, évidemment, Tom Cruise prend forcément toute la lumière et ne laisse que peu de place au reste du casting. Emmanuelle Béart, par exemple, n'a  que peu de scènes la mettant en valeur, Jean Reno est un peu plus chanceux (même si on comprend très vite qu'il est le traitre - il n'y a qu'à voir son expression quand le quatuor quitte Langley) mais on comprend vite que le héros c'est Hunt ! C'est lui va débusquer le trafiquant, aller voler les informations, découvrir toute la vérité sur son chef et éliminer tous ses ennemis à lui seul. Seule Emmanuelle sera abattue par son mari. Il est intéressant de voir que si ce trait sera accentué dans le 2e épisode, progressivement il laissera un peu de place aux autres personnages.

 

Mission Impossible est donc une synthèse presque parfaite entre le film d'action et le thriller cérébral. Presque car quelques scories polluent le métrage. Des Deus Ex Machina (la découverte de Job 3.14 donc du trafiquant n'est pas crédible) , des raccourcis scénaristiques (comment Ethan peut-il avoir le masque de son chef, sachant qu'il a été désavoué et n'a donc pas accès à la technologie MI ?) et quelques effets visuels pas forcément maîtrisés, notamment dans la dernière partie avec le TGV.

 

Mais ces quelques défauts sont très largement compensés par le charisme de Tom Cruise, par une histoire passionnante et une mise en scène au cordeau. En prenant un véritable artiste (pour tous les épisodes d'ailleurs ) et non pas un yes man, l'acteur affiche d'entrée ses ambitions et réussit largement un pari très risqué. Après tout, il avait tout à perdre en cas d'échec. Brian de Palma aussi. D'ailleurs si MI accentua la carrière de l'acteur , il n'en fut pas de même pour le réalisateur. Cruise continua à enchainer les hits (Jerry Maguire sortit quelques semaines après et fut un triomphe US), De Palma ne connut jamais pareil succès : Snake Eyes et Mission to Mars dépassèrent péniblement les 50 millions et ses films des années 2000 se plantèrent tous.

 

22 ans après, le film a très bien vieilli qui plus est. Et on a peine à croire que l'acteur tient toujours aussi haut cette franchise, tout en se permettant des incursions plus risquées (et parfois moins rentables). Ce qui passa pour un caprice en 1996 se révèle être une des meilleures franchises de l'histoire du cinéma qui n'a jamais baissé en qualité. Combien peuvent en dire autant ?

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 17:34
Split (*****)

Le pitch : alors qu'elles reviennent d'un anniversaire, trois jeunes filles sont enlevées par un homme dont le corps abrite 23 personnalités différentes.

 

Après des années d'errances, M.Night Shyalaman est donc revenu à ce qui fit le succès de son incroyable succession de chefs d'oeuvre des années 2000 (6 sens, Incassable, Signes, Le village, La jeune fille de l'eau !! Excusez du peu !!) . Si je n'ai pas pu voir The Visit dont on me dit le plus grand bien, je me suis donc régalé avec Split !

 

Oublié les oeuvres de commande (Le dernier maitre de l'air, After Earth) et place à la suggestion, à l'économie de moyen qui fit la réputation du réalisateur ! Et place au twist tordu, au hors champ qui met bien mal à l'aise, aux images que tu penses avoir vu, mais qui n'ont été que fugaces, bref, place à un cinéma qui fout la trouille, la vraie !

 

Shyalaman attaque bille en tête avec une scène d'enlèvement où il mêle une agression que personne ne verra (celle du père) et une autre montrée pleine écran (les jeunes filles endormies avec une bombe lacrymogène). A partir de là, l'histoire va se partage entre huis clos (les 3 jeunes filles emprisonnées) et espace ouvert où Kevin tente de refouler cette 24e personnalité qui l'a poussé à ce crime. Mais l'essaye-t-il vraiment ? Entre les dialogues avec sa psychiatre et ses changements incessants de personnalités, ce qui ne peut que déranger ses prisonnières (et le spectateur), Kevin navigue entre désir d'aider et envie d'humilier.  Et c'est en déployant un script imprévisible (qui aurait mis la tentative d'évasion si tôt dans l'histoire) que Shyamalan suscite la peur, car on sent confusément que tout peut arriver, tout peut déraper.

 

Mieux encore, en dotant les 3 jeunes filles de 3 attitudes différentes, il permet à chacun de s'identifier à l'une d'entre elles, même si, clairement, le script donne sa préférence à la "marginale" du groupe, dont les flashbacks d'enfance lui permettront de mieux résister à cette épreuve. Et si elles vont rapidement être séparées (un point crucial pour la "conclusion" de l'histoire, jamais on ne perd de vue chacun des personnages, y compris Kevin qui passe pourtant par toutes ses personnalités. On retrouve l'incroyable qualité d'écriture du réalisateur (qui s'offre un petit caméo, comme d'habitude) et son sens du détail. Rien n'est laissé au hasard et comme souvent, si l'on est attentif, on peut voir dès le départ ce que sera la fin de l'histoire.

 

Comme dans la plupart de ses films, le twist final est précédé par une série de retournement de situation voire de changement de perspective. Sans aller aussi loin que dans Le village, où à mi-parcours, le métrage changeait de héros (Dallas Howard prenait le relais de Joachim Phoenix quand celui ci était poignardé), Split recèle plusieurs virages à 180° permettant à l'intrigue de se renouveler et d'harponner plus profondément le spectateur. On est clairement dans un script exigeant, mais qui prend soin de ne perdre personne en route. Shyamalan n'est ni snob ni condescendant : il cherche surtout à faire le meilleur film possible, enchaînant les situations, mettant ses personnages à la torture (mine de rien, le fait de faire enlever certaines vêtements aux jeunes filles permet de ressortir leur vulnérabilité) et le spectateur avec.

 

Et quand cette 24e personnalité apparaît, la bête, il prend bien soin de laisser planer le suspens sur sa nature fantastique : les victimes, apeurées et désorientées, exagèrent-elles cette métamorphose, trompant le spectateur ? ou bien Split plonge-t-il brutalement dans l'horreur fantastique pure ? Le sauvetage de la dernière victime remet en doute tout ce que l'on a vu dans la dernière partie (même la lumière du film redevient crue, comme dans la réalité) mais subitement l'apparition de Bruce Willis et la mention du méchant de Incassable retournent  à nouveau le spectateur ! Brillant, vraiment !

 

On sait désormais que cette scène n'a rien de gratuite et que Shyamalan va enfin donner cette suite à Incassable qu'il promettant en 2000, avant que le succès moindre du film fit que Disney se sentit obligé de remplacer le "A suivre" vu au cinéma par un carton lourdingue et explicatif en vidéo. 

 

Mais quand on sait que Glass sera également la séquelle de Split, on ne peut que ronger son frein en se disant que le maitre absolu du suspens qu'il est (enfin) redevenu va encore nous étonner !!

 

En attendant, Split est une nouvelle leçon magistrale de cinéma, un film totalement à la hauteur des chefs d'oeuvre passé de son auteur, une promesse et la confirmation que le talent ne meurt jamais , qu'il dort parfois avant de se réveiller encore plus affamé !!

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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 06:42
Au coeur de l'océan (****)

Le pitch : en cherche d'un sujet pour son nouveau roman, Herman Melville va rencontrer un vieux marin , Thomas Nickerson, dont le premier voyage sur un baleinier a été marqué par un drame : le bateau a été coulé par un cachalot blanc et son équipe a dérivé pendant des semaines avant de retrouver la terre ferme.

Ron Howard n'est jamais là où on l'attend. Après avoir décrit la rivalité entre Nikki Lauda et James Hunt et avant de retracer la carrière US des Beatles, le cinéaste s'est donc à nouveau plongé dans la réalité en soulevant un pan méconnu de la littérature américaine : la naissance de ce très grand classique qu'est Moby Dick.

 

Ayant lu le roman il y a des années (quand j'étais adolescent), j'étais persuadé que l'histoire était sorti de l'imagination de Melville. Ce film m'a montré le contraire. Du coup, je me suis intéressé aux origines du roman. Cette excellente page Wikipédia les résume parfaitement  ! Et effectivement, Melville a mélangé plusieurs sources pour son roman, dont le récit écrit d'Owen Chase , héros du film et interprété par Chris Hemsworth. A noter que le mousse Thomas Nickerson écrivit également le récit de son aventure, mais celui-ci ne fut découvert que dans les années 1960. 

 

Melville, qui fut mousse dans la marine marchande rencontra le fils d'Owen Chase qui lui remit le récit de son père.

 

Un tel sujet ne pouvait qu'inspirer Ron Howard. En effet, le cinéaste adore ses moments d'histoire américaine qui ne sont pas forcément les plus connus ou qui ne représentent pas toujours une réussite. Appolo 13, le duel Nixon/Frost, la vie de John Forbes, la conquête de l'Oklahoma (qui inspira également un album de Lucky Luke) ou les tournées US des Beatles, il s'est souvent plongé dans la re-création d'un petit pan de l'Amérique.

 

Au coeur de l'océan ne déroge pas à la règle : la reconstitution est minutieuse et les acteurs ont payé de leur personne pour illustrer le lent déclin de leur apparence suite au naufrage de l'Essex, leur amaigrissement, les brûlures du soleil... Le monde des baleiniers de 1820 est également parfaitement rendu et la chronologie du récit permet également à Howard de filmer une scène de chasse où la capture d'un cachalot est décortiqué quasiment minute par minute, y compris dans ses aspects les moins ragoûtants. 

 

Mais au final, la force n'est pas dans des scènes d'action époustouflantes, même si les attaques du cachalot blanc (dont l'existence autour de l'île de Mocha est attestée) sont sacrément impressionnantes ! Le format utilisé par Howard offre d'ailleurs une image plus carré que le cinémascope, ce qui lui permet de composer de superbes plans de la queue du monstrueux cachalot se dressant à la verticale devant des hommes épouvantés par sa puissance. Autre scène choc, une tempête dantesque qui, symboliquement, annonce la catastrophe à venir.

 

Non, la force est bel et bien dans le récit du naufrage et des actes qui s'ensuivent, notamment le cannibalisme dont se livrèrent les survivants et qui marqua toute leur vie à venir. Reprenant un thème déjà abordé dans Les Survivants de Frank Marshall, Howard en fait, de manière subtile, le point tournant du récit de Nickerson, celui qui explique que pendant des années il refusa d'en parler, y compris à sa femme et qui le fit sombrer dans l'alcoolisme. De ce voyage inaugural, le jeune mousse a connu une virée en enfer et les attaques du cachalot sont finalement moins terribles pour lui que cette obligation de manger ses ex-compagnons.

 

Mais le film ne se résume pas qu'à un "survival". Comme je l'ai écrit plus haut, le côté grand spectacle n'est pas oublié et Howard se fend de superbes visions maritimes, même si toutes vont dans le même sens  : l'homme est minuscule sur l'océan. Plusieurs plans montrent le bateau ou, et c'est encore plus impressionnant, les barques dans une immensité d'eau, le Pacifique sud étant un énorme désert. 

 

Superbes aussi ces scènes sous-marines où évoluent les cétacés. Le "look" du cachalot blanc a été très travaillé et la scène où Chase renonce finalement à le tuer , malgré tous les dégats et morts qu'il a causé, passe uniquement par la force de l'oeil du cétacé. 

 

Enfin, le réalisateur filme un certain nombre de ces scènes à terre à travers le verre des vitres, des bouteilles que Nickerson remplit de maquettes de bateau. Une manière de prendre une distance avec son sujet, mais également de dire que la fiction n'est qu'un reflet déformé de la réalité.

 

Comme toujours, Ron Howard a su réunir un casting exceptionnel : Chris Hemsworth en tête bien sûr, mais aussi Cillian Murphy, Benjamin Walker, Tom Holland... Chaque acteur donne le meilleur de soi même et Hemsworth, que l'on aurait tort de réduire au seul rôle de Thor y est aussi bon que  dans Rush. Il incarne l'âme du film, même si ce n'est pas lui qui en raconte l'histoire. Son opposition avec Benjamin Walker, qui incarne le capitaine du navire est extrêmement bien rendue et c'est finalement sur leur dernière scène commune que le Pollard va comprendre les motivations de Chase, ce qui lui donnera le courage de dire la vérité devant la commission baleinière.

 

Les deux heures du métrage passent sans aucun temps morts et Ron Howard a parfaitement réussi son pari. Il est donc dommage que Au coeur de l'Océan n'ait pas rencontré son public : à peine 93 millions de recettes mondiales pour un budget de 100. Et l'édition vidéo n'a pas été un triomphe non plus. Espérons juste que le temps lui offrira le succès qu'il mérite.

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30 août 2018 4 30 /08 /août /2018 20:51
Ant-Man et la Guêpe (****)

Le pitch : assigné à résidence pour avoir aidé Captain America, Scott Lang n'a donc pas pu prendre à l'affrontement contre Thanos. Mais à quelques jours de la fin de sa peine, il va être contacté par Hank Pim qui pense avoir retrouvé la trace de sa femme, quelque part dans le micro-univers...

 

Le premier Ant-Man avait été une énorme surprise. Un super-héros peu connu du grand public et dont l'adaptation cinéma ne mettait même pas en scène (enfin, pas tout à fait) le personnage original mais son 2e avatar , Marvel allait au casse-pipe. Mais comme pour Les gardiens de la galaxie ou Thor avant, et Docteur Strange et Black Panther après, le public a répondu présent. 

 

Car sans être un blockbusters à la Infinity War, Ant-Man avait facilement passé la barre des 400 millions mondiaux et le capital sympathie du personnage appelait logiquement à une suite.

 

Entre temps, Ant-Man a donc filé un coup de main à Captain dans Civil War (et a étrenné son statut de Giant Man) et l'aura du personnage n'a pu que grandir.

 

Ant-Man et la Guêpe suit donc la logique des séquelles : plus de bons mots, plus de super héros avec l'arrivée de la délicieuse Guêpe, plus de méchants (Fantôme, des maffieux et même Bill Foster alias Goliath noir dans le comics), plus de gags (réussis qui plus est), plus d'action, plus de changement d'échelle... bref plus de plus !!

 

Mais plus de tout ne fait pas forcément un meilleur film. Ainsi L'âge d'Ultron était quelque peu en deçà du premier Avengers , la faute à un script qui parait trop sur la puissance de ses héros, mais se perdait parfois dans les méandres de l'histoire. Et puis, Ultron était clairement sous-exploité.

 

Pas sur cette séquelle. Peyton Reed reprend ce qui a fait la saveur du premier opus, mais n'en abuse pas. Et en offrant une side-kick à Scott Lang (mine de rien, la première vraie super héros du MCU, vu que la Veuve noire ne possède pas de super pouvoirs), il évite la redite. Enfin, la bonne idée est d'avoir doté le film d'une méchante dont les motivations sont sincères et surtout logiques. On peut être un peu plus circonspect en voyant Bill Foster faire partie du mauvais camp (même si ses raisons sont bonnes) car dans le comics, ce n'est pas du tout le cas. D'ailleurs le personnage a été tué par Thor (enfin, un clone de Thor créé par Tony Stark) lors de la première Civil War.

 

Mais laissons là ces querelles de spécialistes. L'important est que le script tienne bien la route, que Scott Lang oscille en permanence entre le pathétique et l'héroïque et que Michael Douglas obtienne un rôle bien plus conséquent.

 

Visuellement, Ant-Man et la Guêpe ne peut pas reproduire le choc du premier film, l'effet de surprise étant passé, mais il se rattrape avec de superbes combats où les deux héros changent de taille en permanence pour affronter leurs adversaires. Et dans l'optique d'un MCU somme toute réaliste, les différentes scènes d'action, très bien montées (on sait toujours ce qui se passe et qui est qui !) donnent successivement la vedette à chaque "insecte". Même le copain rigolo Luis (et ses deux comparses) ont leur moment de gloire. 

 

D'un point de vue technique, pas de surprise non plus. C'est du Disney/Marvel donc c'est du solide. Le film est très coloré (mention spéciale pour la plongée dans le micro-univers) et met le moindre dollar à l'écran. Disney dépense sans doute beaucoup d'argent, mais il l'investit bien. Les effets visuels sont tout aussi réussis et, sans atteindre les sommets d'Infinity War (on est dans une aventure presque terre à terre comparé au drame cosmique d'avec Thanos) , bien malin est celui qui trouvera une incohérence.

 

On pointera un petit bémol avec le faux suspens du retour de la première Guêpe (même si cela permet de voir que Michelle Pfeiffer est toujours aussi belle) vu que, dès que son nom est évoqué, on sait que la mission sera réussie. Reste juste à savoir comment.

 

A l'inverse, la scène post-générique clouera au fauteuil et choquera autant que les dernières scènes d'Infinity War ! en (attention Spoiler) laissant Ant-Man coincé dans le micro-univers et en faisant disparaitre du monde des vivants le reste de sa famille super héroïque, Marvel donne une énigme de plus à résoudre dans Avengers 4 !

 

Plaisant, bien réalisé, avec un Paul Judd en pleine forme (le casting Marvel est un quasi sans faute depuis 2008) et une Evangeline Lily bien plus craquante avec ses cheveux longs (comme dans Lost, en fait), Ant-Man et la Guêpe n'est pas le meilleur film du MCU, ni le plus spectaculaire, mais il reste au dessus du panier de pas mal de métrages. Et prouve que Disney/Marvel garde encore une sacrée avance sur la Distinguée Concurrence !

 

On ne va pas s'en plaindre.

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 11:12
Peter et Elliot le Dragon (*** 1/2*)

le pitch : suite à un accident de voiture où ses parents sont tués, un petit garçon va grandir dans une forêt américaine, élevé par un dragon.

 

Pour ceux qui, comme moi, ont découvert l'original en salle dans les années 70 puis l'ont fait découvrir à leurs enfants dans les années 90 en vidéo (Laserdisc pour ma part), l'annonce d'un remake de Peter et Elliot le dragon était plutôt source d'inquiétude. Pourquoi refaire ce petit classique, véritable feel good movie musical, entraînant, peut être techniquement dépassé, mais toujours pourvu d'un charme indéniable.

 

Surprise ! En refusant de faire un remake, mais plutôt en ré-interprétant l'histoire, Disney livre un film très différent, tendre et sensible, dépourvu de chansons et techniquement superbe, les CGI en 3D ayant remplacé évidemment le dessin animé de l'original. Et si le look d'Elliot a été modernisé, il garde ce côté rassurant , notamment avec son mufle de chien. Ses écailles ont été cependant remplacées par un pelage vert, plus logique quand il s'agit de se camoufler dans la forêt.

 

Pour le reste quasiment tout a changé. Exit la jeune femme vivant au bord de la mer et attendant son mari disparu lors d'une tempête. Adieu la famille de Thénardier revendiquant la "propriété" de Peter, remplacé ici par un forestier avide de gain. Effacée aussi la maîtresse d'école sadique, les danses dans la rue, les enfants faisant de la balançoire... On est devant une histoire différente, même si quelques éléments subsistent. Ainsi Peter est recueilli par une famille aimante (Bryce Dallas Howard est exceptionnelle) mais il va se lier d'amitié avec une grande "soeur" interprétée la jeune Oona Laurence (absente de l'original). Et puis, la chasse au dragon reste quand même au coeur de l'histoire, se déroulant désormais dans les grandes forêts américaines.

 

Cependant, en adoptant une histoire plus linéaire et en évacuant toute la partie musicale, le scénario devient très prévisible et même s'il s'adresse en priorité aux enfants, hésite entre comédie (de rares instants amusants) et drame (l'histoire ne refuse pas de parler de la perte d'êtres chers). C'est le principal point faible de ce remake qui ne parvient que trop rarement à retrouver la magie de l'original et cela explique sans doute son échec au box office (143 millions de recettes mondiales pour un budget de 65). il manque le grain de folie du film de 1977 et si cette version 2016 est spectaculaire (la scène où Elliot fait face aux voitures sur le pont vaut à elle seul de voir le métrage !) et vraiment bien interprété  - en sus de Bryce, le jeune Oakes Fegley est excellent en Peter  et on prend plaisir de retrouver Robert Redford en personnage positif, après son "Heil Hydra" du soldat de l'hiver, sans oublier Karl Urban très bon aussi dans un rôle assez ambigüe - , elle n'atteint jamais le niveau d'excellence de son aîné.

 

Mais ne boudons pas notre plaisir car Peter et Elliot est un vrai film familial , plus profond qu'il en a l'air et que l'on peut regarder à tout âge pour peu que l'on ait gardé une âme un peu enfantine. 

 

Et il suffit de ne pas convoquer l'original pour ne pas tomber dans la nostalgie et le "c'était mieux avant" pour apprécier ce film dont la fin plutôt ouverte aurait pu augurer une franchise, que les résultats décevants au BO n'autoriseront pas.

 

Le Blu-ray est doté d'une superbe image, rendant hommage à la photographie de ces grands espaces forestiers et aux effets visuels. Quand au son, il prend toute son ampleur lors des scènes de traque du dragon. Bref, si vous trouvez ce film à un prix honnête, n'hésitez pas.

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11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 14:11
Jurassic World : Fallen Kingdom (**** 1/2*)

Le pitch : alors qu'Isla Nubar s'apprête à subir une éruption dévastatrice , Claire et Owen sont chargé par l'un des propriétaires du Parc d'évacuer le maximum de dinosaures. Mais, cette louable intention cache en fait un plan diabolique qui pourrait mettre en péril l'équilibre de la planète.

 

Attention : cette chronique contient des spoliers.

Après un 4e épisode mi reboot/mi séquelle qui avait remis la saga sur des rails 14 ans après le 3e film, Jurassic World : fallen Kingdom embarque donc les spectateurs dans une toute nouvelle direction, la saga quittant enfin l'île (si ce n'est ce bref passage à San Diego dans Le monde perdu) pour arriver sur la terre ferme. Et c'est vraiment une bouffée d'air frais dans cette nouvelle trilogie.

 

A Colin Tremorrow succède donc Juan Antonio Bayona, auteur des très remarqués (et remarquables) L'orphelinat et Quelques minutes après minuit. Le cinéaste est un fan de Spielberg et il est évident qu'il a voulu à la fois rendre hommage au maître (sa partie la plus sombre) et continuer à creuser le sillon de terreur qu'instillait par moment les premiers épisodes. 

 

Le film est clairement divisée en 3 parties. Le premier acte rappelle quelque peu Le monde perdu avec une expédition de sauvetage qui cache en fait un vol de dinosaure. Bien rythmée, ne perdant pas de temps avec des préliminaires et alignant quelques scènes chocs, notamment l'apparition du Plésiosaure et surtout la chute délirante des héros dans une gyrosphère le long de la falaise et se terminant dans la mer. Avec l'éruption en marche, les dinosaures qui cherchent également à fuir et l'île tremblant sur ses fondations, on atteint un climax jamais vu dans un Jurassic Park. Et quand cette partie se termine, l'agonie d'un brachiosaure dans la fumée de l'éruption prend aux tripes. Le film n'en n'est pas encore à la moitié que Bayona a déjà réussi son pari.

 

Cependant, on est en terrain connu : la jungle, les dinosaures agressifs, le T-Rex qui sauve les héros... Le réalisateur connait et maîtrise son sujet. Il s'offre même un remake de la scène où les héros découvrent un brachiosaure , copie idéalisée et améliorée de la scène culte de Jurassic Park.

 

Mais dans la 2e partie, assez courte, où l'on comprend enfin les raisons des "méchants" et surtout une 3e partie qui se transforme en un véritable film d'épouvante (ce plan où la griffe de l'indoraptor s'approche de la fillette !!!) que Fallen Kingdom déploie toute sa splendeur.  En intégrant les sauriens dans le monde des hommes, notamment dans une chambre d'enfant, Bayona modifie totalement l'imagerie du film. On pense souvent à Alien d'ailleurs, avec une partie de cache-cache mortelle où les seconds rôles et les figurants passent de vie à trépas, sans aucun égard pour leur statut. 

 

Techniquement, le film est parfait ! La révolution engagée par Jurassic Park il y a 25 ans est totalement mature, même si les effets numériques ont encore gagné en réalisme, avec de nouvelles sous-couches de muscles (voir le reportage dans le dernier SFX ou le numéro de l'Ecran fantastique de juin) qui permettent aux animaux 3D de flirter avec la réalité. 

 

Et même si les effets animatroniques ont été mis en avant par la production, notamment dans la 2e partie , quand les héros "soignent" Blue, le raptor vedette, et transfusent du sang d'un T-Rex, il est évident que ce sont surtout les dinosaures virtuelles qui font le spectacle.

 

Alors, évidemment, on peut s'agacer de quelques facilités scénaristiques (franchement, on voit dès le départ le double jeu du méchant financier, ne serait que par cette phrase "j'étais jeune et idéaliste" à l'adresse de Claire), de la révélation de la "naissance" de la petite fille (même si je pensais qu'elle était la fille de la gamine présente dans Jurassic Park, ce qui était une erreur vu qu'elle était la petite fille de John Hammond) ou de la trop grande facilité à l'indoraptor de se promener dans un manoir à l'anglaise.

 

Mais comme souvent , la forme l'emporte sur le fond, même si Bayona joue à fond la carte d'un scénario diabolique, et on est emporté par le tourbillon de ce 3e acte, sans finalement chercher à regarder les incohérences inhérentes à ce type de film.

 

Cependant, la scène la plus culottée du film est celle où la fillette va faire basculer le destin de la planète en libérant les dinosaures car "ils sont comme moi". La scène post-générique qui voit des ptéranodons se poser sur la fausse tour Eiffel de Las Vegas donne alors le ton du 3e film, accentué par les paroles de Jeff Goldblum en star de luxe estimant que désormais l'homme doit partager la planète avec une espèce qu'il a recréé !

 

Fallen Kingdom continue donc brillamment la saga , empruntant donc des chemins jamais vus encore, anticipant des fantasmes entretenus depuis des années - pendant un temps, il fut question que la saga fasse un bond dans le futur, avec un monde dévasté par les dinosaures - et promettant un final dantesque ! Il fallait de toutes façons cette prise de risque , que le film va payer quelque peu au box office (les 1,6 milliard du premier ne seront pas atteints) , pour relancer totalement une série de films qui n'a jamais, je le répète, céder à la médiocrité, mais qui restait dans un univers connu.

 

Vivement 2021 !

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8 juin 2018 5 08 /06 /juin /2018 06:44
Solo (****)

Le pitch : sur Corellia, un jeune homme et sa compagne tentent d'échapper à la mainmise de la pègre sur leur vie. Seul Han y parviendra en s'engageant dans l'armée impériale. Mais son caractère vont vite l'emmener sur des chemins bien plus tortueux et en dehors de la loi.

 

Voici donc enfin sur nos écrans Solo, le fameux Star Wars "malade" qui a du changer de réalisateur en cours de route et dont la production chaotique a sans doute scellé en partie son existence au box office. 

 

Vous savez quoi ? Solo est un Star Wars mineur, inférieur à Rogue One et bien en dessous de La revanche des Sith, L'empire contre attaque ou L'attaque des Clones. Il est moins surprenant que Les derniers Jedi et moins référentiel que Le réveil de la force. Mais un Star Wars même mineur reste un Star Wars. Et même mineur, cela reste un film au dessus de la moyenne de la SF actuelle, très au dessus, car boosté par sa mythologie et l'idée que l'on se fait depuis 40 ans de la jeunesse de Han Solo, de sa rencontre avec Chewbacca, du fameux raid de Kessel (en 12 parsec), de la façon dont il a acquis le Faucon millenium. Toutes les questions que l'on se posent et d'autres que l'on ne se posait pas sont répondues ici.

 

Si Rogue One était construit comme un film de casse et utilisait à fond l'imagerie de Star Wars (l'Empire, Vador, la rébellion, ce qui tourne autour des Jedi), Solo lorgne sur le western en se servant de la pègre de la galaxie. Les allusions à l'Empire sont là, mais en dehors de l'engagement de Solo dans l'armée impériale au début du film et la connexion avec la rébellion dans le 3e acte, Solo entretient finalement peu de choses avec Star Wars, si ce n'est ses personnages principaux en incluant  Lando (excellent Danny Glover). Cela a sans doute également joué. Ceux qui espéraient voir , comme dans Rogue One, un film s'inclure dans la chronologie de la galaxie lointaine sont sans doute reparti déçus car, mine de rien, l'histoire aurait pu se passer dans n'importe quel autre univers de SF. 

 

En fait, en voulant se débarrasser d'une tutelle trop envahissante  et en ne se pliant pas à la mythologie, les Kasdan père et fils, auteurs du scénario, ont sans doute commis une erreur car il est difficile de trouver un équilibre entre ce que les fans veulent voir et ce que le profane, qui ne connait pas Star Wars (cela existe ! si , si !) peut comprendre. Or, Solo est justement un film qui peut convenir à celui qui connait peu Star Wars mais aussi à celui qui, comme moi, connait les films sur le bout des doigts et jubile à la moindre référence, même dans les dialogues. Ainsi , entendre Solo répondre "Je sais" à Lando qui lui dit "Je te hais", c'est quand même jouissif, non ? (je précise que j'ai eu la chance de voir le film en VOST).

 

Mais des références, aussi bonnes soient-elles ne font pas un bon film.

 

Solo est un bon film. Il offre son quota d'action débridée (le raid de Kessel, démentiel !! l'attaque du train de carburant, superbe) sans tomber dans la surenchère. D'ailleurs le dernier acte du film, avec retournement de situations et masques qui tombent, en est quasi dépourvu. On est vraiment dans un western galactique, tel que l'avait conçu Lucas. Si Rogue One explorait la mise en place de la rébellion et s'interrogeait sur la machine impériale, Solo plonge dans une partie de la galaxie que l'on a surtout vu dans les romans et les comics. De l'inédit donc.

 

Ron Howard, on le sait, a repris le film en main et cela se voit. Sa mise en scène est hyper efficace et son talent de caméléon lui permet de s'adapter à n'importe quel univers. Certes, son style n'est pas aussi personnel que Ryan Johnson, qui avait également écrit le scénario, mais son métier lui permet de sortir de toutes les embuches de ce genre de travail, d'autant plus qu'il est arrivé comme un cheveu sur la soupe d'une production bien compliquée. Au passage, je pense que cela fut salutaire de ne pas garder les auteurs de La grande aventure Légo et 21 Jump Street. On est dans Star Wars, pas dans une comédie !

 

De ce fait, on se retrouve donc avec d'excellentes scènes d'action, bien filmées, bien cadrées, bien éclairées (le raid dans le maelström est visuellement très beau) et des scènes d'exposition bien amenées également. Comme le film s'articule autour de 2 grosses séquences (l'attaque du train, le raid de Kessel), tout en donnant sa dose régulière de scènes bien badass (la bataille de Mimban, le vol du carburant dans les mines, la course poursuite sur Corellia) , il reste peu de place à la mise en place des personnages nouveaux. Quira, incarnée par Emilia Clarke qui si elle est plus "couverte" que dans Games of Throne reste quand même l'héroïne la plus sexy d'un Star Wars, en fait quelque peu les frais, même si la séquelle envisagée devrait approfondir son passé. Beckett et son équipe sont également un peu trop superficiels, d'autant plus que la moitié disparait très vite. C'est sans doute par ce biais que l'on voit que le film a souffert de ces changements en cours de route et que Howard a du travailler dans l'urgence.

 

Mais à la différence de Justice League, autre métrage qui a vu son réalisateur changer en cours de route, on peut voir que Howard a su s'approprier Solo. Seuls les acteurs et la production savent quelles sont les scènes qui ont été retournées, mais il est évident que très peu de ce que les premiers ont fait a subsisté.  Quand à l'humour, il passe surtout par les dialogues, comme toujours dans un Star Wars, ce qui est très bien.

 

Enfin, pour incarner Han jeune, il ne fallait pas se tromper dans le casting : Alden Ehrenreich est parfait dans le rôle et on sent poindre l'arrogance et le cynisme du contrebandier que Luke rencontrera sur Tatooine. Le reste du casting est à l'avenant et la présence de Paul Bettany, l'un des acteurs fétiches de Ron Howard, montre qu'il a bien eu la mainmise sur le métrage.

 

Reste l'aspect le plus polémique du film. Si vous ne l'avez pas vu, ne lisez pas la suite. 

 

En faisant intervenir Dark Maul à la fin du film, Lucasfilm et Disney ont pris le risque de heurter tous ceux qui ne connaissent pas la série Clone Wars , où le fabuleux seigneur Sith revenait à la vie grâce à son frère, Savage Opress et se voyait doter de jambes et d'un bassin mécanique. Ils ont surtout pris le risque de finir le film sur une fin très ouverte, porte pour une séquelle que les résultats mondiaux (Solo n'a pas encore atteint les 300 millions de dollars alors qu'il est sorti depuis 16 jours, ce qui est inédit pour un Star Wars) ont fortement handicapé.

 

En résumé, Solo est un film qui plaira forcément à tout amateur de la saga, pour peu qu'il mette quelques à priori de côté. Il ne révolutionne pas l'image qu'on a de Star Wars (à part le retour de Dark Maul, aucune révélation fracassante) et s'inscrit en pointillé dans la continuité, mais il permet de passer un très bon moment tout en respectant les codes de cet univers. Et franchement, pour ce 10e épisode en 41 ans, que demander de plus ?

 

 

 

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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 10:13
Coco (**** 1/2*)

Le pitch : Miguel, jeune mexicain fou de musique, ne peut assouvir sa passion car sa famille, suite à un traumatisme ancien, refuse qu’il suive cette voie. A la suite d’un incident, il va se retrouver au royaume des morts le jour de leur fête.

 

Le dernier Pixar en date a demandé, comme à chaque fois, une très longue période pour arriver sur nos écrans. Les bonus présents sur l’édition spéciale du Blu-ray montrent d’ailleurs que la gestation est passée par plusieurs étapes,  faux départs et  essais. Mais le résultat en valait la peine ! Car Coco, au delà d’un scénario brillant et d’un retournement de situation qu’on ne voit absolument pas arriver, est une telle maestria technique, un tel enchantement visuel qu’on ne peut qu’abdiquer devant une telle beauté.

 

En rendant un hommage sincère à la culture mexicaine, les réalisateurs investissent un monde peu connu du grand public et ils le doublent avec le royaume des morts, dont le foisonnement incroyablement détaillé laisse pantois. Il y a clairement Pixar et le reste des autres studios. Car si Dreamworks ou Fox peuvent offrir également des métrages de qualité d’un point de vue technique, ils n’arrivent pas à la cheville niveau inventivité et compensent souvent par une écriture quelque peu cynique, à base de références à d’autres pans de la culture populaire. Rien de cela dans Coco, l’originalité du propos n’ est jamais parasité par une quelconque lecture référentielle. Au contraire, l’histoire suit son cours, d’une logique implacable quand on connait la « fin » que je ne dévoilerai pas. On va suivre donc le jeune garçon dans son double parcours : devenir musicien, au grand dam de sa famille, et réussir à quitter le royaume des morts avant le lever du soleil, cette mission étant également l’occasion de sauver l’âme ou plutôt le souvenir d’un jeune homme décédé trop tôt.

 

Il est d’ailleurs extrêmement intéressant de voir l’aspect « positif » de la mort qui peut choquer les occidentaux que nous sommes, mais qui fait partie intégrante de la la culture mexicaine. Ceux qui n’ont pas vu le film, mais qui ont vu SPECTRE  auront une petite idée de cette fête , les explosions en moins bien sûr. Le côté délirant, le foisonnement de ce monde, avec un travail fabuleux sur les lumières, l’imagination sans limite des designers, mais s’appuyant toujours sur la vie mexicaine (là encore, je vous renvoie aux superbes bonus de l’édition spéciale Blu-ray) permettent donc plusieurs visions de Coco, chacune d’entre elles dévoilant de nouveau trésors. Un monde coloré, quasiment opposé à une vision à la Burton, chaud, festif !

 

Aspect positif donc, même si la peur des défunts d’être oublié donne tout de même un aspect dramatique à cette fête. Car le moteur de l’histoire est également là : rester dans la mémoire des vivants.

 

Finalement, l’un des retournements de l’histoire , à savoir le personnage sympathique qui se révèle être le méchant (une idée déjà exploitée dans Là-haut et Monstres et cie , ce dernier ayant été réalisé d’ailleurs par Lee Unkrich, l’un des deux auteurs de Coco) n’est pas si important. Ce retournement arrive d’ailleurs assez rapidement sans que l’on n’en s’étonne vraiment. C’est sans doute le seul point faible de l’histoire.

 

Mais ce qui importe, c’est le voyage de Miguel dans l'au-delà. Comme souvent chez Pixar, ce parcours va changer sa vision du monde, va lui révéler des choses sur sa famille et il va comprendre bien des non-dits, bien des drames qui ont fait que la musique était interdite.

 

Le travail sur le son dans ce film a également fait l’objet d’un très grand soin, que cela soit au niveau de la musique , des chansons, des différents styles abordés et du design sonore. Là aussi, on est dans du Pixar classique, c’est à dire du très très haut de gamme. On sent le travail énorme du studio derrière qui ne laisse rien au hasard, engage les meilleurs et ne laisse passer aucune facilité ou aspect bâclé. Certains peuvent critiquer ce perfectionnisme à tout crin, mais force est de reconnaître que c’est bien ce que l’on attend des gens qui ont révolutionné le cinéma avec Toy Story ! Après, il est vrai que Disney/Pixar met des sommes colossales dans ses dessins animés. Coco a coûté dans les 200 millions, en a rapport 800, dont 209 aux USA, ce qui en fait le 13e dans ce pays (17e si l’on compte en tickets vendus). Un succès donc, mais un peu moindre en Amérique , pays où la communauté mexicaine est importante.

 

Après ce déluge d’éloges, vous vous demandez pourquoi je ne mets pas cinq étoiles. En fait, comme je l’ai déjà dit , le gentil qui se révèle être un méchant est un thème très éculé. Et le 2e problème est que le doublage français n’est pas à la hauteur de l’extraordinaire VO. Le gamin qui fait la voix  de Miguel en VO n’était d’ailleurs pas le premier choix au départ, mais après avoir fait les voix temporaires (toujours enregistrées avant que la première image finale soit créée) , sa candeur et son talent a finalement emporté le morceau.

 

Mais que ces quelques petits points ne vous arrêtent pas ! Coco est un voyage extraordinaire, beau, plein de rebondissements, rempli de musique, de folie et d’un chien qui renoue avec la grande tradition des sidekicks tels que les affectionne Disney.

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 09:36
Avengers : infinity war (*****)

Le pitch : Décidé à tuer la moitié des habitants de l'univers,  Thanos se lance dans la recherche des 6 pierres d'infinité. Sa route va croiser celle de Thor, des gardiens de la Galaxie, des Avengers et de Docteur Strange. La bataille ultime aura lieu au Wakanda et dans l'espace. Mais le prix à payer sera énorme.

 

Le voici enfin, le crossover ultime du MCU, annoncé depuis 2008 et le premier Iron Man (même si à l'époque, on ne le savait pas) avec un vilain qui aura donc mis lui 6 ans avant de prendre véritablement son envergure et défier les plus puissants héros de la Terre. Et le moins que l'on puisse dire c'est que cela valait vraiment le coup d'attendre.

 

Car en 10 ans, Marvel/Disney a pris le temps de mettre en place son univers, ses personnages, ses lieux (le fait que le Wakanda joue un rôle énorme dans cette guerre d'Infinité n'a rien de hasardeux) et surtout sa mythologie basée sur les fameuses pierres censées modifier l'essence même de l'univers. De ce fait, tous les fils narratifs entrelacés depuis le premier Avengers trouvent ici leur conclusion et le final, à couper de souffle, va forcément choquer ceux qui ne connaissent de Marvel que les films.

 

La plus grande idée du scénario est d'avoir dispatché le conflit et les héros sur plusieurs champs de bataille. Ainsi Spiderman, Iron Man et Docteur Strange vont partir dans l'espace où ils vont retrouver les Gardiens de la galaxie. Thor va également faire équipe avec le reste des Gardiens (Rocket et Groot). Sur Terre, c'est le retour de Hulk qui va permettre aux Avengers de se réconcilier et d'affronter Thanos et ses troupes dans un final apocalyptique, frôlant la victoire.

 

La force du MCU est d'avoir su se mettre en place petit à petit. Avengers 3 met donc en scène quasiment tous les personnages , à l'exception de Ant-Man (sans doute à cause de la sortie prochaine de Ant-Man et la guêpe) et se permet même d'en faire revenir quelques uns que l'on n'avait pas aperçu depuis des lustres, voire que l'on pensait totalement disparu. Mais comme ce trop plein de super héros est géré de main de maître par le scénario et les deux réalisateurs, jamais on n'a l'impression de "trop", de remplissage. En fait, en racontant plusieurs histoires parallèles, comme dans n'importe quel crossover papier du reste (le récent Secret Empire en est un parfait exemple), Avengers 3 garde le public en constant éveil. Pour faire une comparaison, le film est construit comme une série télévisée style Game of thrones, passant d'une situation à une autre au gré de l'évolution de l'histoire.

 

Bien entendu, la force du film vient également des scènes d'action ! Et franchement, on a rarement vu aussi intense dans un film de super héros. Car un plus d'un Thanos devenant de plus en plus puissant, ses sbires ne sont pas en reste et chacun d'entre eux représente un défi considérable pour la galaxie Marvel. S'ils sont moins fouillés que leur maître, ils n'en sont pas moins charismatique et leur puissance de destruction n'a d'égal que leur dévouement à Thanos. Démultiplier les adversaires permet donc de reculer l'affrontement des deux personnages les plus puissants du MCU. Et comme les décors sont à l'avenant (grandioses), on se retrouve donc avec un métrage qui en met plein la vue et ne s'en cache pas. L'affrontement de Civil War dans l'aéroport de Berlin va passer pour une bagarre de cour de récré comparé à la baston final contre Thanos.

 

Thanos, parlons en, est véritablement le méchant le plus élaboré du MCU. Le film lève un voile sur son histoire, sa rencontre avec Gamora, ses intentions et surtout ses justifications . Si le générique remercie en tout premier Jim Starlin, c'est bien parce que le génial scénariste spécialiste des sagas cosmiques des années 80 et 90, est l'inspirateur de cette histoire. Et dans les multiples crossovers de Starlin, Thanos n'était en rien un personnage monolithique , mais un être complexe dont les motivations n'étaient pas que le pouvoir. Amoureux de la mort, il entendait lui prouver qu'il était digne d'elle. Mais évidemment tout ne se passait pas comme prévu.

 

Si l'on compare Avengers 3 avec Justice League, le gouffre est énorme. Marvel a suivi sa ligne directrice sans en rien changer, ou alors à la marge, tandis que Warner/DC a subitement modifié le ton de ses films, rejetant en partie le côté sérieux de Snyder et provoquant une rupture de ton préjudiciable.

 

Ici, rien de cela. Les frères Russo , qui en sont à leur 3e film sur le MCU, ont travaillé avec les réalisateurs de Thor 3, des Gardiens de la Galaxie 2, de Spiderman et de Ant-Man 2. Et cela se voit puisque les pistes lancées dans ses films (pour ne parler d'eux) trouvent leur réponse dans cet aboutissement.

 

Il faudra cependant attendre un an pour connaitre la conclusion de cette histoire , qui va lancer la phase 4 du MCU. Ceux qui ont lu les comics savent que tout est possible et les questions vont être nombreuses : qui reviendra parmi les nombreux morts du film ? quels acteur vont abandonner cet univers ? et surtout, comment nos héros vont réussir à triompher de Thanos ?

 

L'attente est d'ores et déjà insupportable ! Marvel a totalement réussi son coup et on peut d'ores et déjà prévoir des séances marathon pour voir les 18 films avant ce final en 2019.

 

A moins bien sûr que Captain Marvel (autre personnage cosmique), censé se dérouler dans les années 90, revienne tout remettre en question.

 

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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